Thierry Petit (Showroomprivé) "Nous avons enregistré un volume d'affaires de 480 millions d'euros en 2014"

Résultats 2014, internationalisation, premiers bilan de l'application Smart Promo, lancement d'un site multi-devises, expérimentations sur le Bitcoin... Thierry Petit, CEO de Showroomprivé, revient sur l'année 2014 et ses chantiers pour 2015.

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Thierry Petit, CEO de Showroomprivé. © Showroomprivé

JDN. Quels résultats annoncez-vous pour 2014 ?

Thierry Petit. Nous avons enregistré un volume d'affaires de 480 millions d'euros, en croissance de 40%, quasiment comme l'année dernière (38%), bien que la barre soit de plus en plus haute. On est donc ravis. Nous avons engrangé plus de 9 millions de commandes en 2014, et recruté 4 millions de membres, pour atteindre les 20 millions sur l'Europe, dont 50% en France.

Nous avons aussi recruté 180 collaborateurs l'année dernière. En septembre, l'entreprise nordiste Dispeo a également annoncé la création de 400 postes pour les trois années à venir grâce à la signature d'un gros contrat.

Quelle part de votre chiffre d'affaires est réalisée à l'international ?

Le chiffre d'affaire provient pour 20% de l'international, mais il y est en hausse de 50% sur un an.

Quels sont les pays phares de votre activité ?

A l'international, nous réalisons la majorité de nos revenus au Portugal, en Espagne, en Italie et en Belgique. Nous avons aussi un très bon taux de croissance en Pologne. On a dû s'y adapter car les modes de consommation y sont différents et nous y avons mis en place une stratégie marketing spécifique, avec de la communication offline notamment. Enfin, aux Pays-Bas, les coûts d'acquisition sont élevés mais nos acheteurs sont très fidèles et le panier moyen est élevé. Nous y renforçons notre présence.

Et au Royaume-Uni ?

On a arrêté d'y d'investir fortement. Notre ROI est plus élevé dans les pays du sud ou en Belgique et en Pologne, c'est donc bien plus rentable d'y investir.

Mobile : 60% du trafic et 45% du chiffre d'affaires

Quelle est l'audience et la part du chiffre d'affaires réalisée sur mobile ?

Le mobile concentre 60% de notre trafic et représente 45% du chiffre d'affaires global, dont 75% réalisé sur des applications. La croissance y est bien plus importante que sur desktop, tant en termes d'audiences que de conversions.

Quel sont justement les taux de conversion par device ?

On a pris le parti de développer une application pour chaque device, et nous avons sorti une vague de nouvelles applications en août, en ayant beaucoup travaillé sur l'expérience client et le taux de conversion. Les taux de conversion ont beaucoup augmenté sur un an et, ce que je peux dire, c'est que les taux de conversion sur tablette et smartphone sont en train de rattraper celui sur desktop. Ceci dit, les utilisateurs se connectent bien plus sur mobile que sur desktop. Il est donc difficile de comparer les taux de conversion : on essaie de les faire croître, indépendamment les uns des autres.

Vous proposez la livraison rapide depuis fin 2012. Quelle proportion de vos ventes passe par ce biais ? Le part de 30 à 40% que vous revendiquiez début 2013 a-t-elle évolué ?

La livraison rapide représente environ 30% des commandes. C'est un bon équilibre, parce que cela nécessite de prendre des risques sur les achats fermes. Cela nous apporte surtout des clients : proposer la livraison rapide pour une marque très connue enlève une barrière et c'est un aspect très différenciant par rapport à nos concurrents. Les consommateurs sont de plus en plus matures et veulent être livrés très vite.

En novembre, vous avez lancé Smart promo, une application qui simplifie le couponing web-to-store : elle supprime l'obligation d'imprimer un coupon de réduction ainsi que la nécessité pour les magasins d'être équipés d'un dispositif pour les prendre en compte. Quel bilan en faites-vous ?

Il est encore trop tôt pour en faire un bilan, mais nous avons une bonne traction de téléchargements et des achats récurrents. Les consommateurs sont enclins à utiliser le service, mais il faut un certain temps de pédagogie. On l'a lancée en rodage, en apprentissage. La phase de développement va se faire cette année.

Quels sont vos principaux chantiers pour 2015 ?

"Nous lançons un site multi-devises"

Nous lançons un site multi-devises, Showroomprive.co.uk, accessible dans 167 pays. Les transactions peuvent s'effectuer dans les différentes devises grâce à un partenariat noué avec Adyen (Lire : "Adyen lève 250 millions de dollars pour étendre sa solution de paiement à l'international", du 17/12/14). Notre objectif est d'élargir notre zone de chalandise sans investir dans des équipes locales. Par exemple, les consommateurs des pays scandinaves peuvent être attirés par nos marques et produits, et nous pourrons gérer cette demande de manière centralisée, en France. Cela va nous permettre de récupérer des metrics, de voir dans quel pays il pourrait y avoir une traction avant d'y ouvrir des bureaux.

Allez-vous justement ouvrir de nouveaux pays en 2015 ?

Ouverture de l'Allemagne en avril ou mai

Oui. Nous pensons notamment à l'Europe de l'est, maintenant que l'on a compris comment s'y adapter grâce à l'exemple de la Pologne. On regarde actuellement des dossiers en vue de potentielles acquisitions. Nous allons aussi nous lancer en Allemagne, en avril ou mai, de manière organique cette fois-ci.

Vous avez levé 37 millions d'euros en 2010 auprès d'Accel Partners. Envisagez-vous un nouveau tour de table pour accélérer votre développement européen ?

Il y a de la place pour plusieurs gros acteurs, et on a l'ADN pour exister sur le marché en Europe. Nous sommes très ouverts pour faire de la croissance externe, et on regarde des dossiers. Nous avons beaucoup d'opportunités d'acquisitions, car de nombreux sites européens ne parviennent pas à la taille critique et manquent de fonds. Si on effectue des acquisitions structurantes, alors on étudiera la voie d'un nouveau financement.

Et pourquoi pas une IPO ?

Rien n'est figé. On a bien sûr étudié le sujet, mais il n'y a pas d'urgence.

Quel est votre objectif de croissance pour 2015 ?

40% de croissance du chiffre d'affaires, pour rester sur la même dynamique. Nous voulons atteindre le milliard de volume d'affaires dans les trois ans.

Vous avez été le premier marchand du top 10 des sites e-commerce français à mettre en place le paiement par bitcoin, en septembre dernier. Quel bilan en faites-vous ?

Le bitcoin nous a apporté de nouveaux clients, qui ne nous connaissaient pas avant. L'implémentation a aussi créé beaucoup d'émulation en interne, car c'est un challenge technologique. En termes de chiffre d'affaires, le volume est minime : nous avons enregistré quelques centaines de transactions en bitcoins, alors que nous en engrangeons plusieurs millions par mois. Mais ce qui est intéressant, c'est l'expérimentation. Cela nous permet d'avoir un mode de paiement alternatif qui nous amène de nouveaux membres. Si, à terme, on atteint 2 à 5% du chiffre d'affaires réalisés en bitcoins, ce sera bien. D'autant que les commissions sont plus intéressantes pour nous qu'avec les modes de paiement traditionnels ! En tout cas, le jour où de gros acteurs universels s'y mettront, nous ne voulons pas être en retard.

Comment procédez-vous pour changer la monnaie virtuelle ?

On passe par Paymium, plateforme française d'échange de bitcoins, et on les échange directement après encaissement. Nous n'avons pas de problème avec l'anonymat de la monnaie virtuelle, car chaque commande est associée à un compte.

Thierry Petit, diplômé de l'INT, débute sa carrière au sein des agences interactives Planète interactive et Brainsoft. En 1999, il crée le comparateur de prix Tooboo.com, qu'il cède à Libertysurf l'année suivante. Il en devient le directeur e-commerce, puis s'investit dans divers projets personnels, dirigeant notamment le magazine Mouvement, et entreprend un tour du monde de deux ans. En 2006 il cofonde Showroomprivé.