Sébastien Badault (Alibaba France) "L'écosystème de Tmall en France n'est pas suffisamment mûr"

En France, l'une des principales activités d'Alibaba est de trouver des vendeurs pour sa marketplace chinoise Tmall. Mais les freins sont encore nombreux pour les PME locales.

JDN. Combien d'entreprises françaises sont présentes sur Tmall, votre marketplace de vente de produits étrangers en Chine ?

Sébastien Badault est le directeur général d'Alibaba France. © Alibaba

Sébastien Badault. Aujourd'hui, il y en a près de 250, mais il pourrait y en avoir 2 000. Notre objectif est de permettre à toutes ces entreprises qui ne l'ont pas encore fait de se lancer en Chine pour vendre directement à nos 450 millions de clients.

Quels est le profil de ces entreprises françaises présentes sur Tmall ?

Le "Made in France" jouit d'une excellente image en Chine. Il est associé à la qualité du produit et de son design. Le secteur de la cosmétique est donc très présent sur notre plateforme. Par exemple, L'Oréal y est et Nuxe s'est lancé il y a un mois. Des entreprises comme Lancôme ou L'Occitane sont aussi sur Tmall.  On y trouve également des marques de mode, comme Maje et Sandro, ou le groupe Beaumanoir, qui possède déjà 1 000 magasins en Chine. Les secteurs de l'alimentation, le vin et la puériculture sont également très représentés.

Combien coûte l'ouverture d'un magasin sur votre plateforme ?

C'est accessible, même aux PME. Avoir sa boutique coûte en moyenne 10 000 euros par an. A cela s'ajoutent des coûts supplémentaires : trouver un partenaire local sur lequel s'appuyer pour développer son business en Chine et développer sa boutique en ligne.

Pourquoi les entreprises françaises devraient passer par Tmall ?

La mission d'Alibaba est "to make it easy to do business everywhere". Et pas seulement en Chine. L'Asie compte 1,8 milliard d'internautes. C'est plus que tous les autres continents réunis. Et le potentiel de croissance est énorme : seuls 50% des Chinois et 30% des Indiens sont connectés à internet. Nous permettons aux entreprises d'accéder à ce marché. Les Italiens, qui ont un vrai ADN d'exportateurs, l'ont bien compris : c'est le pays européen le plus présent sur Tmall.

"Nous sommes en conversation avec plus de 200 marques qui réfléchissent à ouvrir un espace sur Tmall"

Quels sont les freins au développement de Tmall en France ?

L'écosystème qui n'est pas très mûr en France. Aujourd'hui, nous sommes en conversation avec plus de 200 marques qui réfléchissent à ouvrir un espace sur Tmall. Aucune ne dit non sur le principe. Mais pour y aller, elles ont besoin d'un partenaire local, notamment pour développer le service client ou pour traduire la page en mandarin. C'est ce que nous appelons les "taobao partenaires"(TPS). Il y en a près de mille en Chine. L'écosystème est mûr là-bas. Mais seulement 50 sont tournés vers l'international. Aucun TPS Chinois n'a de bureau à Paris. Mais plus ça va, plus l'écosystème va se développer.

Comment accompagnez-vous les entreprises qui se lancent sur votre plateforme ?

Nous avons un rôle de facilitateur. Tout en restant neutre, on donne des listes de TPS selon les catégories de produits couvertes par le marchand. On sert d'intermédiaire, on organise des call à trois quand il y a des difficultés et des incompréhensions… Depuis un an et demi, nous avons acquis une réelle expertise en la matière, nous connaissons mieux les TPS.

Quel volume d'affaires les entreprises françaises présentes sur Tmall réalisent-elles ?

C'est très différent en fonction des marques. Je ne peux pas parler pour elles, mais je peux vous dire que certaines qui faisaient zéro chiffre d'affaires en Chine en font aujourd'hui entre 30 et 40% grâce à Tmall, et sans avoir ouvert de bureaux là-bas. L'opportunité existe.