Les 5 recettes de L'Atelier de Solène pour grandir sans investisseur

Les 5 recettes de L'Atelier de Solène pour grandir sans investisseur Rentable, L'Atelier de Solène évolue sur fonds propres depuis ses débuts en 2017. Un pari qui implique des décisions stratégiques.

Au moment de se lancer ou quand il s'agit d'accélérer, la levée de fonds ou le soutien de business angels semblent un passage obligé pour la plupart des DNVB. Pourtant, en ajustant ses ambitions et en prenant les bonnes décisions, il est possible de se passer de l'un comme de l'autre. La preuve avec L'Atelier de Solène, aujourd'hui rentable et dont le chiffre d'affaires double tous les ans depuis 2018, sans jamais avoir bénéficié d'un apport financier externe. Voici ses 5 recettes.

Créer très tôt son réseau avec les professionnels de son secteur

"C'est surprenant mais le développement en fonds propre n'était pas un choix au départ. La marque est née presque sans que je le réalise vraiment et je n'ai pas eu le temps de réfléchir à cette dimension", se remémore Solène de Laborderie, fondatrice de L'Atelier de Solène. Passionnée par l'univers des bijoux dès son plus jeune âge, elle n'a pas tardé à rencontrer les professionnels du secteur en commençant par les merceries et les sites spécialisés où elle s'approvisionnait notamment en nacres pour confectionner ses premières créations. "Je me fournissais en petites quantités au début. En me perfectionnant, j'ai été repérée par des merceries dans lesquelles j'effectuais des essais de montage avant mes achats." A l'âge de 16 ans, la future entrepreneuse s'est vue proposer l'animation d'ateliers lors d'événements privés. Durant six ans, les ateliers ont rythmé ses weekends et lui ont permis de gagner de l'argent. 

Réinvestir en permanence

Solène de Laborderie utilise l'argent récolté via les ateliers pour s'approvisionner en apprêts. Surtout, elle "commence à vendre des créations à l'occasion de ventes privées, et ce pendant un an", en parallèle de sa dernière année à l'Edhec. Forte d'un carnet d'adresses rempli après plus de 7 ans au contact des fournisseurs et professionnels et de 2 500 euros d'économies, le moment vient de donner un nouvel élan à sa passion. "J'ai rencontré un atelier fournisseur afin de travailler le plaqué or et non le doré à l'or fin car je souhaitais que mes bijoux résistent à l'eau, dans le temps, et qu'ils disposent donc de trois épaisseurs d'or", précise la fondatrice de 28 ans, qui avait dans le même temps obtenu le statut d'auto-entrepreneur en 2017. Entre les modèles non exclusifs vendus à d'autres marques de bijoux mais aux prix abordables et les créations sur-mesure onéreuses, Solène de Laborderie a choisi la première option pendant un an. "Mes sourcings étaient très variés et j'effectuais beaucoup de montage de bijoux. Comme je voulais poursuivre la création de bijoux en parallèle, j'ai continué les ventes privées et cela m'a permis de réinvestir l'argent dans mon projet. L'autofinancement est une course à la trésorerie en permanence". Aujourd'hui, la marque crée ses bijoux depuis plus de deux ans et les collections créées sont montées dans un atelier parisien. 

Bien s'entourer pour faire les bons choix

Malgré tout, la question du financement s'est posée pour plusieurs raisons pour L'Atelier de Solène. Entre le coût du montage de bijoux, la création, les shootings, les pop-up stores toutes les trois semaines, et la nécessité de constituer une équipe, voire d'ouvrir des points de vente, Solène de Laborderie a hésité. "J'ai intégré Station F en 2017 et j'ai découvert le milieu des start-up. Sur place, j'étais opérationnelle à tous les niveaux car il fallait que je m'occupe des collections, des shootings, du SAV, des commandes, des envois, etc. Finalement, je n'ai pas eu le temps de réfléchir sérieusement au financement qui restait opaque dans mon esprit et je suis restée concentrée sur mon business." Surtout, la fondatrice commençait à se rémunérer grâce à son activité. "Je sentais que l'activité prenait et j'ai été approchée par des business angels en 2018 alors que je ne pensais plus à ce sujet car l'autofinancement suffisait. J'envisageais même des recrutements", se souvient-elle. Grâce à ses comptables, Solène de Laborderie avançait sereinement : tout était calculé pour prévoir des ajustements si besoin. "C'est important de maîtriser ses dépenses et d'être entourée d'une équipe de confiance", souligne-t-elle. Même si L'Atelier de Solène connaissait une gestion saine, la fondatrice a accepté de rencontrer les business angels. "Je me suis retrouvée dans un monde qui ne me ressemblait pas et j'ai réalisé que ce que j'appréciais par-dessus tout à travers la création de ma marque, c'était l'indépendance et le fait de grandir à taille humaine. Je crois que la recherche de fonds doit financer quelque chose de précis et ce n'était pas arrêté à l'époque". L'Atelier de Solène a donc continué son développement grâce aux ventes privées et aux pop-up stores. 

Privilégier un local vide pour sa première boutique

Avec le projet d'ouvrir une boutique, Solène de Laborderie a été une nouvelle fois confrontée à la question du financement en 2019, un an après que L'Atelier de Solène soit devenue une SARL. Deux options sont envisageables pour ouvrir une boutique. Si l'ancien locataire est encore présent dans la boutique, le futur locataire doit lui verser une somme appelée reprise de fonds de commerce s'il s'agit de la même activité ou reprise de droit au bail si l'activité est différente. Seconde option : acquérir un local vide. "Dans ce cas, il n'y a pas de reprise de droit au bail et c'est plus économique". 
Bien sûr, il reste le loyer à verser au propriétaires des murs. "Mais payer un loyer n'était pas un frein car les pop-up stores représentent un budget conséquent du même ordre que le loyer d'une boutique, et il devenait important d'être ouvert en permanence", explique Solène de Laborderie, qui a jeté son dévolu sur un local rue des Batignolles. "Nous avons pu échelonner le coût des travaux sans mettre à mal la trésorerie et j'avais confiance en cette boutique par rapport aux ventes que l'on réalisait en pop-up stores", affirme la fondatrice. Après l'ouverture en janvier 2019, la marque a recruté deux personnes en CDI pour les pôles marketing, communication et production. Une deuxième boutique a vu le jour en décembre 2019 à Bordeaux. "Nous sommes rentables et nous avons réussi à financer l'activité. J'aurai pu décider de lever des fonds mais je ne voulais pas être dépassée par les événements", réagit Solène de Laborderie. 

Miser sur la notoriété grâce au digital

Dès la création du site internet en 2017, qui représente 70% du chiffre d'affaires, L'Atelier de Solène a misé sur un travail d'influence sur les réseaux sociaux grâce aux renforts de stagiaires ponctuels. "Nous avons mené pas mal de partenariats qui nous ont permis de faire décoller notre activité en un an et demi. Le fait de miser sur Internet ne nous demande pas beaucoup d'investissement car nous fixons notre coût d'acquisition avec notre agence de webmarketing pour gagner de l'argent". 
A terme, la fondatrice de L'Atelier de Solène n'exclut pas de lever des fonds pour faire grandir sa jeune entreprise mais d'après elle, ce projet doit s'intégrer dans une dynamique. "Ce qui révèle la réussite financière d'une entreprise c'est sa rentabilité et pas le nombre de levées de fonds qu'elle a réalisées. En créant ma marque, je voulais que chaque euro investi soit réfléchi et rentable."