La supply chain va-t-elle enfin abandonner les documents papier ?

Travaillant traditionnellement avec des documents papiers, les entreprises de logistique ont vu leurs usages évoluer depuis la crise sanitaire.

Par la force des choses, les professionnels du secteur se sont tournés vers le digital ; cette tendance qui a fait gagner dix ans au marché en très peu de temps, fait émerger de nouveaux enjeux et provoque une réflexion de fond de l’ensemble des organisations internationales. 

L'effet levier de la pandémie au service de la digitalisation

Lors du 1er confinement, les spécialistes du commerce international ont dû faire face, entre autres, au blocage des services de poste. Contraints de s’orienter vers d’autres solutions pour que les conteneurs circulent avec leurs documents administratifs et malgré l’absence de réglementation en la matière, les professionnels ont préféré les documents en PDF plutôt qu’au format physique. En un an, les entreprises du secteur ont fait un bond en avant de dix ans. Dès la fin de la pandémie, beaucoup sont revenus au papier mais avec une appétence pour le digital, désormais habitués à cet usage. 

L’organisation mondiale des douanes et la quasi-totalité des organes mondiaux du commerce international ont pris conscience de l’intérêt de se tourner vers le digital. Ils en ont fait leur cheval de bataille pour 2022. Une nouvelle façon de fonctionner qui permet de fluidifier les échanges, de rendre les entreprises plus compétitives et de rendre ces opérations plus respectueuses de l’environnement. Certains pays sont plus avancés que d’autres sur de nombreux aspects, notamment en termes d'état d'esprit, à l’image de Singapour ou du Royaume-Uni. Pour autant, les pays tournés vers le commerce international n’ont pour l’instant utilisé cette expérience épidémique que pour amorcer des débats politiques sans pour autant être dans l’action, à l’exception de l’Angleterre, qui vient de voter une loi pour reconnaître ces documents électroniques.

Un secteur en effervescence

Qu’il s’agisse du commerce maritime, routier ou aérien, tous les acteurs de la supply chain mènent une réflexion approfondie pour digitaliser un maximum d’étapes de la chaîne. Outre l’adoption de solutions, il faut que ces nouvelles pratiques soient reconnues et acceptées publiquement afin de fluidifier le traitement des documents liés au transport de marchandises. A titre d’exemple, pour certains trajets courts, les conteneurs arrivent avant les documents administratifs. Le stock de la marchandise qui ne peut pas être récupérée sans les documents nécessaires vient gonfler les coûts et s’ajouter aux frais douaniers. Un traitement plus automatisé permet d’éviter cette situation bien trop fréquente.

Le digital au service de la standardisation ?

Malgré une prise de conscience sur l’intérêt du digital, le secteur se complexifie et fait face à une explosion des coûts de transport, une augmentation de nouvelles réglementations et une main d'œuvre de plus en plus restreinte. L’essor de l'e-commerce a entraîné une gestion éclatée, avec d’innombrables commandes éparses et où l'interopérabilité entre les différents pays n’existe pas. Le digital à aujourd’hui du mal à suivre, un transporteur américain ne voudra pas s’appuyer sur un standard russe, quand un chinois refusera un modèle européen ou américain. Jusqu’ici la seule solution qui s’offre aux entreprises du commerce international réside dans l’envoi de documents, faute de standard global ou de technologie généralement acceptée. En parallèle, les grandes organisations internationales à l’image de l’Organisation Mondiale du Commerce ou de la Chambre de Commerce Internationale planchent sur de nombreux sujets liés à la transformation digitale ou un module de loi pour pousser une adoption généralisée de solutions numériques.

Dans ce contexte de réflexion inédit, il est important d’avoir conscience que les documents ne disparaîtront pas demain, et qu’il est quasiment impossible de demander aux millions d’entreprises impliquées dans le commerce mondial d’adopter une solution unique. En ayant cette hauteur de vue, peut-être qu’il serait judicieux d’imaginer un super connecteur entre toutes les solutions qui verront le jour et, enfin passer aux actes ?