Supply chain en tension : les solutions pour gagner en agilité

Alors que les problèmes à échelle mondiale s'enlisent, la collaboration, l'agilité et garder les talents deviennent indispensables pour créer un modèle plus résilient de la chaîne d'approvisionnement.

Durant les deux dernières années, la pandémie a mis une grande pression sur les entreprises, et notamment sur leurs dirigeants. La situation sanitaire en Chine et le conflit en Ukraine créent un surplus de tension sur les chaînes logistiques, partout dans le monde. Alors que ces problèmes à échelle mondiale s’enlisent, les dirigeants peuvent commencer à s’attaquer aux micro-problèmes afin de prévenir les crises sur la chaîne d’approvisionnement et d’être mieux préparés lorsque ces dernières se présentent.

Les difficultés de production liées aux microprocesseurs furent le premier caillou dans l’engrenage de la logistique mondiale, avant le début de la pandémie. Le lancement et l’extension de la technologie 5G, ainsi que la décision du gouvernement des États-Unis d’arrêter la vente de technologies sensibles à Huawei, ont conduit à une augmentation des commandes de fabrication de microprocesseurs aux quatre coins du monde.

La pénurie de chauffeurs de poids lourds est également un casse-tête pour le secteur : la plupart des pays ont beaucoup de mal à en recruter. Les jeunes hésitent à s’engager dans la voie de l’industrie et ce pour plusieurs raisons, tels que le coût élevé de la formation et du permis poids lourds, ou encore les mauvaises conditions de travail. De plus, historiquement, le secteur n’attire pas beaucoup de femmes — ce qui réduit encore la chance de recruter les nouveaux arrivants, là où les opportunités se sont multipliées suite à la demande accrue de chauffeurs-livreurs pour des services comme Amazon et Uber Eats.

En outre, la réticence à partager les données entre les entreprises de logistique et de transport souligne la complexité d’obtenir une vue totale sur les chaînes d’approvisionnement dans le secteur.

La révolution de la chaîne d’approvisionnement n’étant pas encore à son apogée, comment les entreprises pourront-elles prévenir les futures crises de la chaîne d’approvisionnement et créer un modèle plus résilient ?

1. Partager, c’est collaborer !

Les différentes parties de la chaîne d’approvisionnement ont traditionnellement une vue en temps réel sur leur propre section. Une vision claire et précise sur la situation globale n’est pas toujours aisée. Le partage des données permettra à l’ensemble de la chaîne d’être au courant de ce qui se passe ailleurs — un élément essentiel pour travailler plus efficacement.

Par exemple, si les entreprises de transport savaient que le départ des marchandises serait retardé de 30 minutes, ils auraient la possibilité de prendre des décisions susceptibles d’améliorer l’efficacité et les marges. Les avantages du partage des données sont déjà connus par certains, mais plusieurs entre eux hésitent encore à le réaliser.

Par ailleurs, grâce à des données plus granulaire sur la demande des clients, les entreprises pourront mettre en place des changements significatifs. Les fabricants pourraient vendre directement leurs produits et services aux consommateurs, sans devoir passer par les distributeurs — une situation amplifiée lors des confinements. Les grossistes pourraient donc créer leurs propres branches de vente au détail et cibler ces consommateurs, ainsi que leur clientèle habituelle de retail indépendants.

Investir dans la connexion des éléments de la chaîne d’approvisionnement est plus que jamais essentiel au succès de la logistique et du transport en France.

2. Améliorer l’agilité de la chaîne d’approvisionnement

Les entreprises peuvent se concentrer sur quatre éléments clés ci-dessous pour améliorer leur agilité et leur efficacité :

  • trouver la rentabilité grâce aux investissements dans l’automatisation, ainsi qu’à l’utilisation des outils spécialisés et à la modélisation des données. Cela permettra aux entreprises d’améliorer les performances sur tous les canaux ;
  • améliorer la gestion des risques en minimisant les retards liés à la conformité et les processus (particulièrement important pour les marchandises périssables). C’est là où se trouvent des facteurs socio-économiques plus macro, comme les conflits du travail. Pourtant, les meilleures organisations disposent de plans d’urgence pour réacheminer, réapprovisionner ou limiter l’impact de ces problèmes ;
  • optimiser la qualité et la rapidité en améliorant le contrôle de la qualité, en réduisant le nombre de checkpoints internes et en capitalisant sur un suivi automatisé. Le partage des données peut apporter un impact significatif dans ce domaine, de même que la culture d’entreprise qui encourage de constants progrès ;
  • suivre l’évolution des meilleures technologies disponibles sur le marché. Les organisations se mobilisent pour utiliser des outils et des logiciels qui leur offriront un avantage concurrentiel sur le marché. Ces nouvelles technologies leur fourniront la meilleure vue d’ensemble et le meilleur suivi des marchandises qu’elles puissent obtenir.

La combinaison de ces quatre facteurs et l’amélioration de l’intégration inter-organisationnelle aideront les organisations à gagner l’efficacité et l’agilité partout dans la chaîne d’approvisionnement.

3.  Attirer et garder les talents dans l’approvisionnement

Recruter et retenir des personnes qualifiées est probablement le défi le plus difficile à relever ces derniers mois. Le nombre d’entreprises cherchant à transformer leurs chaînes d’approvisionnement augmente, les offres d’emploi saturent le marché.

Les outils et les plateformes innovants ne sont pas suffisants pour aider les organisations à s’améliorer. Les entreprises ont besoin des employés les plus appropriés pour mettre en place et configurer ces systèmes.

En raison de l’augmentation de la demande de talents, les prestataires de services — en particulier les entreprises en technologie — perdent du personnel qualifié. L’argent n’est jamais tout : un salaire plus élevé ne suffira pas. Les employés voudraient faire partie d’une culture d’entreprise alléchante, avoir accès aux avantages sociaux, pouvoir gagner une flexibilité du travail lorsque cela est possible et avoir un sentiment d’appartenance. Les conditions de travail sont désormais le facteur de différenciation.

Parmi des priorités stratégiques des entreprises, la gestion de la transformation organisationnelle est devenue une des top of the list. Les employeurs adoptent désormais une approche plus collaborative de la gestion RH, en se concentrant non seulement sur l’expérience client, mais aussi sur l’expérience employée. Le temps dira dans quelle mesure les organisations parviendront à atteindre ces objectifs, tout en récupérant des pertes et des dommages subis en 2020 et 2021.

Pour conclure, la crise de la chaîne d’approvisionnement est un signal d’alarme pour toutes les parties impliquées. Les entreprises profitent de l’occasion pour réévaluer leurs besoins, et d’ici fin de 2022, ils auront plusieurs opportunités pour impliquer des stratégies afin de chasser le risque, améliorer l’expérience client — et le voyage des marchandises — et éviter d’autres crises.