Supply chain éthique : les entreprises n'ont plus le droit à l'erreur

Certaines directions stratégiques, à l'image de la supply chain, s'évertuent à construire une chaîne de valeur éthique.

En effet, à l’heure où l’accélération des initiatives des entreprises en matière d’engagement RSE se fait toujours attendre d'après le baromètre de la RSE 2022, cette construction est une démarche essentielle pour certaines directions stratégiques. Elle exige des sociétés qu’elles s’assurent que les pratiques de leurs fournisseurs soient alignées avec un cadre légal toujours plus exigeant, mais aussi avec les attentes des consommateurs, de plus en plus informés et conscients de leur rôle dans le changement des pratiques sociales et éthiques.

S’associer à un partenaire aux méthodes non-éthiques ? Impossible à notre époque

La mise en place d’une chaîne de valeur éthique, des fournisseurs aux distributeurs, est aujourd’hui cruciale pour être en conformité avec les attentes de la société et les valeurs affichées par les entreprises. On le constate, les entreprises doivent véritablement faire preuve de la plus grande transparence quant à la façon dont elles exercent leurs activités d’un bout à l’autre de la chaine de production, et avec qui. Le grand public a déjà pu lire un certain nombre d’histoires d’entreprises, dont des grands groupes internationaux, concernées par des activités à risque chez leurs partenaires : travail illégal, corruption, malversations, mauvaises conditions de travail et autres agissements néfastes pour l’environnement…

Les entreprises peuvent de nos jours être suffisamment outillées pour déceler ces pratiques et il est donc impossible de fermer les yeux face à un tiers à risque. Nous avons les moyens d’enquêter sur la fiabilité d’un tiers et d’évaluer ainsi le risque encouru dans le cadre d’un partenariat. Si l’entreprise n’évalue pas en profondeur les pratiques d’un partenaire potentiel, elle s’expose aussi bien à des pénalités financières importantes qu’à une révélation publique de ses agissements, ternissant ainsi sa réputation. Par ailleurs, avec la loi française sur le devoir de vigilance, en passe de devenir une règlementation européenne, les donneurs d’ordre sont responsables sur l’ensemble de la chaîne de valeur des atteintes aux droits humains et aux libertés fondamentales, à la santé et à la sécurité des personnes ainsi qu’à l’environnement. Aujourd’hui, on ne peut plus dire que l’on ne savait pas.

Déployer la bonne stratégie

Sujet tout aussi essentiel, la fonction de conformité est au cœur d’une stratégie RSE autour de la supply chain. Il apparaît essentiel de centraliser cette fonction et de lui octroyer les ressources financières, humaines et technologiques nécessaires pour qu’elle puisse remplir efficacement son rôle. Au-delà de la conformité légale aux sujets d’éthique, il y a également un nombre conséquent de processus à mettre en place autour de la sécurité de l’information, des programmes de certification ou d’un système de management intégré, afin de protéger les données de l’entreprise comme celles qui lui sont confiées par leurs clients et partenaires.

Cela demande une organisation minutieuse qui doit s’appuyer sur l’apport d’une large base de données capable d’analyser en détails le profil de risque des tiers. En effet, le travail d’enquête, même si chronophage, est simplement incontournable pour s’assurer de la fiabilité d’un tiers. La pratique du screening, ou analyse des risques ici, permet ainsi de déceler les pratiques considérées comme red flags (des signaux d’alerte) qui empêchent tout partenariat. Néanmoins, si certains agissements tels que la corruption ou l’atteinte aux droits humains sont rédhibitoires, il conviendra d’analyser précisément l’ancienneté de certains agissements et surtout de la mise en place effective de mesures correctives afin que ces agissements ne puissent plus se reproduire.

Au regard des données collectées, de l’ancienneté et de la gravité des faits, il revient aux équipes juridiques et de conformité de juger si l’association avec ce tiers est raisonnable, en pesant les risques éventuels face à la valeur apportée par ce tiers. La décision doit quoi qu’il en soit s’accompagner de la mise en place de méthodes de monitoring constant sur les facteurs de risque.

Encourager les entreprises

Soyons clairs, mettre en place une stratégie de conformité aussi complète nécessite beaucoup de moyens financiers et humains. Ces aspects peuvent clairement être des freins pour les sociétés souhaitant intégrer une telle démarche. Bien entendu, il convient de ne pas s’imposer des objectifs inatteignables dès le début mais d’y aller pas à pas. La première étape est d’encourager les entreprises à établir une cartographie des risques de leurs partenaires pour identifier ceux qui doivent être écartés. Dans tous les cas, cette stratégie doit être adaptée à la taille de l’entreprise et au niveau de risque rencontré.

Un autre levier, et non des moindres, se situe au niveau du recrutement des futurs talents à tous les niveaux de l’entreprise. Choisir des profils qui exercent leur métier de façon éthique permet de consolider naturellement son engagement de manière pérenne. Une façon d’être en phase avec un modèle sociétal où l’éthique et la conformité doivent faire partie des valeurs et de la culture de l’entreprise, pour orienter l’activité de la meilleure des manières et améliorer sa compétitivité.