La newsletter, nouvel eldorado des influenceurs ?

Dur d'être influenceur en 2023 ! Soumis à la pression des algorithmes, exposés à la violence des réseaux, poussés à produire plus pour des revenus aléatoires, ils cherchent un nouveau souffle.

Ce souffle, ils le trouvent de plus en plus souvent dans l’Écrit ! Citons Léna Mahfouf (aka Léna Situations), ou encore Marie Lopez (aka EnjoyPhoenix) qui se sont récemment tournées vers l’édition afin de disposer d’un canal de communication plus statutaire, mais également plus libre d’expression autour de leurs contenus de prédilection. Pour toutes deux, le succès a rapidement été au rendez-vous.

Mais en parallèle du livre, un format apparaît de plus en plus séduisant pour ces créateurs de contenus : la newsletter ! Outre-Atlantique, le phénomène est déjà enclenché, avec des chiffres qui donnent le tournis. L’influenceuse new-yorkaise Léandra Médine Cohen (plus d’1 million d’abonnés sur Instagram) en est l’illustration. Après une première aventure dans le monde de la mode et de l’influence (The Man Repeller), elle a lancé sa propre newsletter en 2021, avec la volonté affichée de ne plus être totalement dépendante des annonceurs, et de faire payer son travail à ses abonnés. Et c’est un carton : elle a aujourd’hui plus de 70 000 abonnés, qui payent 5 dollars par mois pour suivre ses aventures stylistiques ! Elle gagne donc plus de 350 000 dollars par mois ! Des chiffres fous, liés également à son investissement, très important, sur ce nouveau média.

En France, la tendance explose. Citons Valérie Tribes, influenceuse mode sur Instagram avec près de 150 000 followers, qui a lancé la newsletter L’essence du cool, qu’elle vient de passer en version payante ; ou encore Simon Auscher, “cuisinier artistique”, suivi par plus de 100 000 personnes sur Instagram, qui a lancé Ceci est une newsletter food, payante également (5 euros / mois) et cumule plus de 4000 abonnés.

Souvent décisif dans leur choix : le fait d’avoir un espace à soi, dédié, d’échange et de bienveillance avec leur communauté. Et bien sûr la possibilité de pouvoir monétiser leur travail.

Ils peuvent également enfin échapper aux codes, souvent contraignants, des réseaux sociaux. Un post LinkedIn aurait-il autant de chances d’être vu, lu et commenté s’il n’abusait pas de la mièvrerie habituelle ? Une vidéo TikTok a-t-elle la moindre chance d’émerger si elle ne reprend pas les codes ou l’ambiance à la mode des dernières 48h ?

La newsletter se révèle un média porteur d’une forme d’authenticité retrouvée, dans le choix des sujets comme dans le ton employé, d’une plus grande proximité avec son public (engagé, puisque prêt à confier ses coordonnées, voire même à payer pour s’abonner), mais aussi plus statutaire et plus réfléchi (le pouvoir des mots…), dans une époque qui a résolument besoin de redonner de l’intelligence à son influence… Et inversement !