Le web participatif : danger ou véritable levier pour la stratégie numérique des distributeurs ?
Les distributeurs et les commerçants sont de plus en plus nombreux à comprendre qu’une présence en ligne est indispensable dans une société au tout numérique. Le web 2.0 leur permet de partager et d’échanger avec leurs clients ou tout simplement de relayer une opération commerciale.
A l’instar des hôteliers et des
restaurateurs qui découvraient il y a quelques années les avis postés sur Tripadvisor ou Lafourchette, les commerces de proximité comme les grands
distributeurs généralistes ou spécialisés, doivent aujourd’hui appréhender les
sites d’avis et les réseaux sociaux. Les guides locaux se sont enrichis de
nouvelles fonctionnalités et les visiteurs sont incités à déposer des avis sur
les guides de sortie comme Cityvox ou
Qype, sur les guides de commerce
comme Les-Horaires.fr ou bien Google Places mais aussi sur les sites
des annuairistes comme les Pages Jaunes
ou autre 118000.fr. D’ailleurs l’actualité récente conduit aujourd’hui les
autorités compétentes à mettre en place un code de bonne conduite sur cette
épineuse question des avis (article ecommercemag.com du 11 janvier 2012).
21 millions de Français utilisent
chaque mois le principal réseau social occidental Facebook. Si des grands
distributeurs sont bien présents et actifs sur Facebook, certaines grandes
enseignes y font totalement l’impasse ! Faute de budget ? Non, faute
d’organisation et de savoir-faire probablement.
A la différence d’une marque de
vêtements sur Facebook, les distributeurs doivent gérer la complexité d’une
présence locale et la particularité de leur réseau. Tous les distributeurs ne
disposent pas de leur réseau en propre, certains réseaux sont constitués de
franchisés et d’autres sont des réseaux hybrides (réseau en propre +
franchisés).
Les distributeurs et commerçants
les moins aguerris aux réseaux sociaux utilisent Facebook comme une simple
newsletter, sans les contraintes techniques, pour relayer une opération
commerciale en cours, la promotion du jour ou bien simplement annoncer le
lancement d’un nouveau jeu concours. A contrario, les plus avertis ont embauché
des community managers pour réaliser quotidiennement une veille et interagir
avec les consommateurs.
Les avis postés sur les sites
d’opinions ou bien les messages diffusés sur les réseaux sociaux concernent
davantage la qualité de service que les caractéristiques produits. L’amabilité
des vendeurs, la courtoisie, la qualité de l’accueil, les temps d’attente aux
caisses, l’amplitude des horaires d’ouverture, la fraicheur des produits, la
propreté des magasins, les compétences du personnel, le choix proposé et les prix
sont autant de sujets où la perception et le ressenti laissent une part de
subjectivité importante.
Le système d’étoiles utilisé sur
certains sites pour qualifier le commerce est mal adapté. Un client fidélisé
d’une enseigne, ayant été déçu par un quelconque fait, va chercher rapidement à
témoigner sur les sites d’avis. Une seule étoile et un court message et s’il
utilise son Smartphone ou bien un avis négatif très détaillé s’il dispose de
son ordinateur.
En situation de mobilité, l’usage
des Smartphones et le développement de services géolocalisés contribuent à
l’utilisation des applications et/ou sites mobiles pour se faire une opinion
sur un point de vente.
Certains gérants de commerces
tombent dans les travers et diffusent directement sous un pseudonyme ou bien
par le biais de personnes interposées de faux avis pour valoriser leurs points
de vente ou pire pour dénigrer le commerce d’un concurrent. Ces avis souvent
grossiers doivent être proscrits de toute stratégie digitale.
Au-delà d’une présence nécessaire
sur les guides de commerces de proximité, je préconise de suivre une formation
aux médias sociaux pour définir une véritable stratégie 2.0 et connaître les
bonnes pratiques. Je recommande vivement aux services marketing et
communication de rédiger une charte de bonne conduite et de mettre à
disposition une boîte à outils 2.0 pour les employés susceptibles de répondre à
un client/consommateur sur les sites d’avis et les réseaux sociaux.
A
l’instar des fonctions de correspondants informatiques créées dans les groupes
ayant des établissements géographiquement éloignés de la direction
informatique, il faudrait former des employés, qui deviendraient des
« correspondants community managers », et qui localement pourraient valoriser
l’activité d’un point de vente, relayer des opérations locales et interagir
mieux avec les clients de proximité. Les grands distributeurs se
rapprocheraient de leur clientèle de proximité et leur image en serait
davantage valorisée.