Municipales : aucun candidat ne place le numérique comme un véritable vecteur d’efficacité

Le constat est sans appel : aucune des 12 plus grandes villes de France n’a véritablement avancé en matière d’e-administration entre 2010 et 2013.

L’étude « E-administration, état des lieux, enjeux et outils »  que nous avons publié montre que seules les démarches liées aux familles ont progressé dans leur numérisation. Il est urgent que les collectivités locales opèrent leur mutation numérique pour répondre aux défis posés par la crise des finances publique, la volonté d’implication des agents et l’émergence d’un citoyen de plus en plus exigeant. Pour y arriver elles doivent notamment :
  • Adopter une nouvelle gouvernance : avoir un élu de premier plan en charge du numérique et de la transformation organisationnelle associée, rattacher les DSI aux DGS, placer la Direction de la Communication comme animateur du territoire.
  • Mobiliser l’expertise des praticiens : travailler avec les usagers et les agents, émanciper les exécutants, développer les compétences internes plutôt que de s’appuyer sur des prestataires de bout en bout des projets.
  • Renouveler le management public : remettre des Hommes devant les fonctions, responsabiliser les agents – au sens de “je suis en charge de” -, libérer leur prise de parole, reconnaître et valoriser le leadership.
  • Révéler le potentiel d’engagement des agents : s’appuyer sur leur « sens du service public », mobiliser l’intelligence collective pour trouver des solutions aux problèmes du quotidien, fluidifier les processus administratifs.
  • Rendre agile la collectivité : être plus réticulaire et collaborative, dynamiser les initiatives, s’ouvrir à son écosystème au moment de la conception des projets.
  • Se donner les moyens de profiter des évolutions technologiques : moderniser l’équipement, investir dans les Hommes autant que dans la technologie, adapter et diversifier ses règles d’achats, recourir au SaaS pour plus de souplesse technologique.
A la lecture des programmes des principaux candidats aux élections locales, la crainte de ne pas voir le numérique associé à de véritables changements peut être réelle. Certes 60 % [1] des programmes mentionnent le numérique (87 % pour les villes de plus de 200 000 habitants) mais ils se concentrent quasi exclusivement sur des sujets non disruptifs tels que le guichet unique, l’optimisation du site web de la ville, l’équipement des écoles ou encore le développement du haut débit.
Aujourd’hui aucun candidat ne place le numérique comme un véritable vecteur d’efficacité pivot, à l’heure pourtant où les collectivités ont tout intérêt à s’appuyer sur lui pour se transformer, en maîtrisant des dépenses déjà fortement contraintes.
Il en va de la responsabilité des acteurs politiques locaux, qui auront la tâche ardue de continuer à améliorer le service rendu à l’usager dans un contexte difficile. L’enjeu majeur n’est pas seulement d’apparaître comme moderne à l’extérieur. Il est  temps de s’appuyer sur le numérique pour changer de l’intérieur. Les entreprises ont déjà entamé cette mutation. Le service public et les collectivités locales doivent  prendre le pas pour devenir plus agiles et plus proches des citoyens.

 [1] : Observatoire numérique des campagnes municipales