Les enjeux de la 5G ne sont pas forcément là où vous le pensez !

Le Japon a annoncé vouloir lancer commercialement la 5G sur son territoire pour les Jeux Olympiques de Tokyo en 2020. Au-delà de ce coup marketing bien pensé, quels seront les nouveaux usages de demain ? Pas forcément ceux que l'on nous vend...

Les Jeux Olympiques sont souvent un prétexte pour un pays organisateur de démontrer la qualité de ses infrastructures. Au-delà du sport, ils permettent de démontrer au monde entier ses capacités à organiser des projets de grande envergure et à mettre en place des infrastructures dans des délais courts. Le Japon a choisi, pour accueillir les jeux à Tokyo, de démontrer au monde sa capacité à mettre en place, pour la première fois à grande échelle, un réseau 5G.

Rappelons ce qu'est la 5G : des débits multipliés par 100 par rapport à la 4G, un délai de latence divisé par 100 (Ping), une bande passante (capacité de débit absorbable par le réseau) multipliée par 100.  Tout ceci est purement théorique, les débits testés pour le moment par les opérateurs les plus en avance sur le sujet plafonnent tout de même à 3Go/s. Les premières offres commerciales ne dépasseront probablement pas les 1Gà/s dans un premier temps.1 Go par seconde... Quel est l'intérêt, pour l'utilisateur moyen, d'avoir un tel débit ?

Les opérateurs ont lancé leurs offensives de communication et promettent une révolution de notre vie quotidienne : regarder des films en VR ou en 4K, télécharger ses séries Amazon et Netlfix en quelques secondes, tout ceci est sur le papier très sexy mais reléguera probablement cette révolution à un gadget. Qui a déjà regardé un film dans un Oculus Samsung VR admettra que c'est plutôt drôle mais très (trop) fatiguant pour être utilisé sur des périodes prolongées, la 4K sur un téléphone (même de grande taille) n'a aucun intérêt ; et d'aucun ne télécharge de série de 12 épisode tous les jours pour tout avaler dans la journée.

Les infrastructures appelées à être plus efficientes

Car la vraie révolution sera industrielle : c'est conjuguée à d'autres évolutions techniques et technologiques que la 5G va révolutionner le monde, essentiellement dans la mobilité dans les pays industrialisés. Un exemple ? La connexion permanente du trafic urbain et autoroutier. Concrètement, une entité (autorité ?) centrale pourra réguler le trafic en donnant ses instructions en même temps à plusieurs milliers de véhicules. Votre voiture (qui ne vous appartiendra peut-être plus) communiquera avec le véhicule de derrière pour lui signaler un freinage, un dépassement, etc. Augmentation de la sécurité, fin des embouteillages, voilà qui, conjugué à des applications permettant l'anticipation des déplacements des utilisateurs va probablement bouleverser la vie du citadin ou du vacancier de demain. Finies les journées rouges de Bison futé !

Autres applications : la démocratisation de la home automation (connexion et pilotage des objets à la maison), la remontée en temps réel des données médicales des patients pour un diagnostic et des interventions chirurgicales en mobilité, la multiplication des drones de livraisons... Le monde de demain sera bourré de capteurs connectés en direct à des réseaux divers et variés pour faire du contrôle, du diagnostic et de la prédiction.

Le peuplement de notre environnement par des robots connectés sans point d'accès (sans besoin de se connecter à un point d'accès wifi, ndlr) va être permis par le désengorgement des fréquences 4G qui ne pourraient soutenir une telle demande. Mais l'enjeu de l'émergence de la 5G ne réside pas seulement dans l'infrastructure réseau seule : si l'interconnexion des objets va être beaucoup plus rapide du fait d'un temps de réponse réseau (ping) réduit, il va falloir que les infrastructures serveur et les frameworks de développements soient beaucoup plus efficients qu'ils ne le sont aujourd'hui. Car si les données vont transiter très rapidement sur le réseau, encore faudra-t-il que le destinataire des données soit capable de les traiter dans un délai record. Les télécoms s'occupent de la première brique. Quant à la seconde, il semble qu'elle soit – pour le moment du moins – complètement délaissée.