Etats-Unis : les fréquences TV vont être utilisées pour le haut débit mobile

La FCC a donné son feu vert à l'utilisation des fréquences libres des chaînes de télévision par les services de communications électroniques. L'Internet haut débit mobile pourra couvrir tout le territoire américain.

La Federal Communications Commission (FCC), le régulateur américain des télécoms, veut ouvrir aux services de communications électroniques les fréquences non utilisées par les chaînes de télévision, au grand dam des diffuseurs de télévision qui estiment que l'utilisation de ces fréquences pourrait interférer avec les signaux de leurs chaînes et léser la qualité de diffusion de leurs programmes.

Faux, rétorquent les ingénieurs de la FCC qui ont testé l'été dernier l'utilisation de prototypes de terminaux mobiles compatibles avec ces bandes de fréquences libres, dénommées white spaces aux Etats-Unis. Ces tests concluent à l'inoffensivité de ces terminaux vis-à-vis des signaux d'émission et de diffusion des chaînes de télévision, indique la FCC dans un rapport publié le 15 octobre. Ce qui ouvre la voie à l'utilisation de ces ondes, et donc à la commercialisation de terminaux mobiles compatibles.

Un projet envers lequel le président du régulateur des télécoms américain est particulièrement enthousiaste : "les constructeurs vont pouvoir tirer profit de ces fréquences pour développer de nouveaux terminaux sans fil et apporter le haut débit mobile à bas prix au plus grand nombre possible de consommateurs", a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse.

La FCC ne s'est pas encore prononcée officiellement sur la façon dont ces fréquences seront accessibles, mais son objectif est clairement de les proposer en libre accès, sans licence. Les membres de la commission seront appelés à voter sur cette question le 4 novembre prochain. Ces fréquences pourraient être disponibles et libres d'usage en février 2009, date du passage de la télévision de l'analogique au numérique aux Etats-Unis.

Du "Wi-Fi sous stéroïdes"

Cette décision est une victoire pour les grands groupes de l'Internet et industriels des télécoms, tels que Intel, Microsoft, Dell et Google, qui espèrent tous profiter de ces nouvelles ressources hertziennes pour lancer de nouveaux services en mobilité. Ces fréquences sont en effet particulièrement attractives puisque ce sont des fréquences basses - elles sont situées dans la bande des 150-700 MHz -, c'est-à-dire dotées d'une large couverture et d'une très bonne pénétration dans les bâtiments, à travers les murs voire les montagnes. Larry Page, cofondateur de Google, décrit leur usage pour les communications électroniques comme du "Wi-Fi sous stéroïdes".

Cette position sur les white spaces intervient quelques jours après que la FCC a donné le feu vert à la commercialisation d'une autre bande de fréquences hertziennes à un opérateur qui s'engagerait à créer un réseau national haut débit sans fil gratuit. La FCC devrait définir les conditions d'attribution de ces ondes d'ici la fin de l'année, avant leur mise aux enchères, prévue pour la mi-2009.

En France, la question de l'attribution des fréquences libérées par le passage au numérique de la télévision, le fameux "dividende numérique", est tout autant d'actualité. La majorité de ce dividende est d'ores et déjà préempté par les services audiovisuels. Le débat porte aujourd'hui sur l'attribution de l'autre moitié. L'été dernier, la commission parlementaire du dividende numérique s'est prononcée en faveur de l'attribution de 72 Mhz pour les services de communications électroniques. Cette question sera tranchée lundi 20 octobre par le Président de la République Nicolas Sarkozy, à l'occasion de la présentation du plan "France numérique 2012".