Gerald Karsenti (Président HP France ) "Nous ne nous retirons pas du marché des PC"
Le président France d'HP confirme la préférence du groupe pour un scenario de spin off de l'activité Personal Systems Group. HP n'abandonne en aucun cas WebOS qu'il considère comme une pépite au même titre qu'Autonomy.
JDN Solutions. Confirmez-vous le scénario de spin off de votre activité PSG comprenant à la fois les PC et les tablettes sous WebOS ?
Gérald Karsenti. Avant de vous répondre, permettez-moi de remettre en perspective cet évènement. L'annonce que nous avons faite n'est pas une nouveauté et s'inscrit depuis plusieurs années dans un mouvement vers un business de valeur, à savoir les logiciels, les services et les infrastructures qui les soutiennent. C'est ce qui nous a amené à doubler la taille de nos effectifs de 150 à 300 000 personnes, de devenir le numéro 2 des services et de faire des acquisitions importantes tant dans le logiciel avec Mercury, Opsware, Peregrine et Vertica que dans le hardware avec 3Par, dans le stockage et 3Com dans les réseaux.
Ce que nous faisons aujourd'hui, ce n'est pas un retrait du marché des PC. Nous lançons une réflexion pour peser toutes les options pouvant aboutir à une scission de type spin off, une cession partielle ou totale ou bien de garder les choses en l'état. Mais oui, le scénario de spin off est de loin le préféré du board d'HP et la décision définitive sera prise au plus tard avant la fin de l'année calendaire. Si ce scénario est choisi la mise en place d'un tel projet se mettrait en place dans les 12 à 18 mois qui suivent.
Vous êtes numéro 1 du segment de marché PC : pourquoi dissocier votre activité PC du reste du groupe ?
Nous ne voulons pas nous séparer de l'activité PC mais lui donner une forme d'autonomie pour la rendre plus véloce et compétitive.
La décision de spin off, si elle est prise, n'a rien à voir avec des résultats décevants, le chiffre d'affaires ayant été de 40 milliards de dollars correspondant à une part de marché dans le monde de 20% et de plus de 30% en France. Si on préfère ce scénario de spin off, c'est parque l'on pense que le marché peut se séparer en deux mondes : celui qui touche les entreprises de toutes tailles, et celui qui permet de répondre aux préoccupations des utilisateurs, professionnels et grand public. Dans ce monde, il faut faire preuve de rapidité et de vélocité pour capter les vagues d'un monde qui se complexifie et qui ne tourne plus autour d'un PC, mais de portables, de smartphones et de tablettes.
"Il est plus difficile de prendre de grandes décisions quand tout va bien que quand tout va mal"
Nous pensons qu'une spin off est un moyen efficace pour répondre à ces enjeux complexes en se montrant plus maniable et autonome en termes de prise de décision. Vous savez, quand on est dans un groupe comme HP qui couvre le réseau, les serveurs, le stockage, l'impression et les PC, le board a une cohorte de leaders pour chaque activité, et si beaucoup d'entre eux veulent faire des acquisitions, le board doit faire des arbitrages. Hors, HP a des limites et ne peut pas tout faire.
Et si le marché des solutions logicielles évolue vite, celui des PC évolue encore plus rapidement et si on rate une vague, on atterrit juste nulle part. Il est toujours facile de prendre des grandes décisions quand tout va mal mais c'est beaucoup plus difficile de le faire quand tout va bien. Il fallait le faire car entre les PC et le reste du groupe, les entités, gouvernances, modes opératoires et management sont différents et ne suivent pas les mêmes logiques.
Pourquoi avoir mis la main sur Autonomy ?
Nous avons évalué que le volume des données traitées dans les entreprises doublait tous les 18 mois. Face à cette problématique, HP propose un ensemble d'outillage informatique permettant d'extraire l'information, de l'analyser, de la stocker, de la diffuser et de la gérer au travers du content management.
"Autonomy a le potentiel pour devenir le Google européen"
C'est ce qui nous a amené à ce projet d'acquisition d'Autonomy qui est une fantastique pépite en tant que moteur de recherche intelligent et évolué, le véritable pendant à Google en matière de recherche interne, mais aussi d'analyse et de gestion des flots d'informations structurés et non structurés.
Autonomy est une entreprise qui réalise 800 millions de dollars de chiffre d'affaires et si l'acquisition se finalise, nous comptons bien le multiplier par 4,5 ou 6 grâce aux effets de leviers liés au business complémentaire des services, stockage et serveurs que l'on pourra associer.
10 milliards de dollars, n'est-ce pas tout de même un peu cher payé ?
Nous parlons là d'un joyau européen, une des deux ou trois entreprises qui a le potentiel pour devenir le Google européen. L'acquisition n'est en aucun cas surpayée et se situe dans les multiples habituels de la profession.
"Les exemplaires de TouchPad qui seront disponibles sont seulement des fins de stock"
Qu'en est-il des arrêts programmés de votre tablette tactile et du support de WebOS ?
Beaucoup de fausses informations ont circulé et il est nécessaire de faire le point aujourd'hui. A l'occasion du lancement du TouchPad, nous avons eu l'occasion de tester grandeur nature la demande et on s'est aperçu que le retour des développeurs concernant WebOS était très positif, ces derniers ont été séduits par le découpage en composantes services de l'OS. L'écosystème applicatif autour de WebOS va devenir sacrément intéressant et nous allons continuer à investir dessus. Avec Autonomy, WebOS est notre seconde pépite.
Concernant la tablette en elle-même, une décision courageuse a été prise. Quand on a lancé la tablette, nous avions précisé que nous allions regarder de près comment elle serait accueillie et prendre les décisions qui s'imposent. Les premiers retours ont montré que l'engouement autour des tablettes n'était pas le même que sur WebOS ce qui nous a poussé à arrêter leur fabrication.
Pourtant vous mettez sur le marché d'autres unités...
Les exemplaires que tout le monde décrit comme étant de nouveaux produits sont en réalité uniquement des fins de stocks et ne seront disponibles qu'en Amérique du Nord et dont je ne connais pas du tout le volume.
En mettant en avant les logiciels et les services, HP ne marche-t-il pas dans les pas d'IBM ?
Je ne crois pas que l'on puisse dire qu'HP marche dans les pas d'IBM. Ces deux acteurs suivent certes les demandes du marché et IBM est un concurrent respectable mais la comparaison s'arrête là. HP et IBM suivent des modèles radicalement différents. Nous sommes centrés davantage sur l'infrastructure logicielle, matérielle et les services d'accompagnement qu'IBM qui est très fort dans les services de type process engineering. HP est également très présent au niveau utilisateur et dans le réseau. Cela étant, il nous arrive de nous marcher de temps en temps dessus par accident mais suivons nos routes chacun de notre côté.