Apple Keynote : la révolution n’est pas celle que l’on croit

Le 9 septembre 2014, Apple a présenté une nouvelle gamme de produits. Mais c'est dans sa gestion que le changement est le plus grand.

Comme tous les ans, Apple a braqué tous les projecteurs sur lui le temps de sa keynote. Celle-ci a permis de lever le voile sur les derniers produits de la firme à la pomme.
L’iPhone 6, bien sûr, et sa version 6 plus que tout le monde connaissait et avait déjà vu, le nombre de fuites sur le net ayant tué tout mystère sur sa sortie.
Mais aussi le tout nouveau service Apple Pay ainsi que la très attendue iWatch … ou plus exactement l’Apple Watch. Car oui, le plus gros changement se trouve là.
Plus qu’un simple rebranding, ce nouveau nom est le symbole de la révolution culturelle à laquelle nous avons assisté lors de cette Keynote : la prise de pouvoir de Tim Cook, le PDG sobre et efficace, successeur du légendaire et égocentrique Steve Jobs.

Tout dans cette keynote porte sa griffe

Sur la présentation de l’iPhone 6 et 6plus, l’exposé s’est concentré sur de pures innovations technologiques incrémentales. Pas de ruptures marquantes mais des faits simples et lapidaires : plus de puissance, plus de connectivité, plus de pixels…
D’un point de vue design, aucune révolution stylistique, mais là encore c’est assumé. Pour preuve, Johnny Ive, le gourou créatif d’Apple, n’est pas intervenu du tout sur cette partie. Pire encore, sur l’ensemble de cette keynote, sa présence s’est réduite à peau de chagrin. Là où Steve Jobs aimait lui donner un rôle central dans la conception produit et leur présentation, Ive n’est apparu que quelques minutes pour parler brièvement de l’Apple Watch. Celui-ci n’assumerait-il pas totalement le design de cette montre que certains trouvent loin des standards Apple ?
Puis, lors de la présentation du nouveau système de paiement, la conférence a démarré sur des données chiffrées détaillés du marché du paiement. Comme si Cook cherchait à rassurer les marchés financiers. On est bien loin de la mise en avant de l’expérience utilisateur de l’iPad avec Jobs assis dans son canapé !
Et enfin, bien sûr l’arrivé de la montre connectée. L’Apple Watch, donc.
Cook a ainsi choisi de se débarrasser du trop lourd héritage laissé par Steve Jobs devant le monde entier. Ce « i » qui « équipait » tous les nouveaux produits de la firme. Ce double « je » symbolisant à la fois la prise de contrôle des utilisateurs sur leur équipement technologique; mais très certainement aussi l’ego surdimensionné du fondateur d’Apple.
Tim Cook choisit de remettre Apple au centre des produits : Apple Pay, Apple Watch. Ce qui traduit bien le nouvel esprit d’équipe qu’il souhaite insuffler dans la boite. Les produits ne sont plus issus de l’imaginaire d’un seul homme, aussi génial soit-il, mais sont le travail de tout un groupe.
Et pour mieux « tuer le père » et marquer définitivement Apple de son empreinte, Cook s’accapare cette phrase mythique qui fait chavirer le cœur des Apple Maniacs : One Last Thing
Il n’y avait qu’à voir le visage de Cook à ce moment-là. Un peu celui d’un enfant qui a regarder trop longtemps les cadeaux sous le sapin et qui peut maintenant courir déchirer les paquets. Mais surtout, le message est clair. Oui Jobs était Apple. Mais Apple est bien plus grand que Jobs et parviendra à lui survivre. Il pouvait alors brandir le poing en l’air, « sa » montre au poignet : il a réussi son putsch.