Pourquoi Facebook veut créer une galaxie d'applications

Pourquoi Facebook veut créer une galaxie d'applications Le lancement prochain d'un clone de Secret témoigne de la volonté de Facebook de fragmenter son application principale en une multitude de services verticaux. Décryptage.

Le New-York Times vient de révéler que les équipes de Facebook travaillaient au développement d'une nouvelle application permettant à ses utilisateurs d'échanger sous le sceau de l'anonymat. Si peu d'informations ont filtré sur la nature de cette application que les médias ont tôt fait de qualifier de "Secret-like", la décision est symptomatique de la volonté manifestée par Facebook, ces derniers mois, de multiplier le lancement d'applications autonomes ou "stand alone". Ont ainsi vu récemment le jour Messenger, Slingshot ou encore Hyperlapse par Instagram.

Cette décision de multiplier les applications illustre la lame de fond qui révolutionne aujourd'hui un marché applicatif au sein duquel émergent des applications à usage unique. "Fini le paradigme du Web où l'espace consulté est un portail le plus exhaustif possible !, réagissait Jérôme Stioui, le fondateur d'Ad4Screen, au moment du lancement de Messenger.

Des applis plus légères et donc plus performantes

C'est cette volonté d'aller au plus rapide vers le service nécessaire qui aurait motivé la fuite observée il y a un an des jeunes vers des services plus "niches", mais plus simples d'utilisations, tels que WhatsApp ou Snapchat. Une désertion que Facebook espère aujourd'hui endiguer en fragmentant son navire amiral en une galaxie d'applications spécialisées, plus légères et donc plus performantes, entre lesquelles l'utilisateur va naviguer. Ainsi la nouvelle version de Messenger intégrait-elle toute une série de nouvelles fonctionnalités (caméra qui permet de prendre une photo directement depuis l'application, possibilité d'envoyer des messages individuels ou groupés...) qui la rendent plus attractive. Des fonctionnalités que Facebook aurait été bien en peine de mettre en avant, voir d'intégrer, au sein de son application principale. Ce sont d'ailleurs désormais plus de 1milliards de messages qui sont échangés chaque jour sur Messenger. Un chiffre pas dénué d'intérêt au moment où on prête l'intention à Facebook de faire de Messenger sa plateforme de paiement entre particuliers

Trouver les niches des annonceurs

Derrière la volonté d'optimiser l'expérience utilisateur se cache également celle de rendre Facebook toujours plus omniprésent au sein des smartphones iOS et Android. "Facebook est historiquement un service qui repose sur l'UGC (user generated content), explique Paul Amsellem, PDG du Mobile Network Group. Dès lors que le contenu proposé n'est plus intéressant, on observe une baisse des usages." D'où la nécessité pour Facebook d'aller sur des verticales. Des verticales qu'il n'aura pas de mal à monétiser car elles attirent des audiences qui intéressent directement les annonceurs. "On peut en cela faire le parallèle avec le groupe TF1 qui garde la Une comme navire amiral et va sur la TNT via NT1, HD1, TMC, TF6 ou Tfou pour toucher des niches", illustre Paul Amsellem.
 

Si Messenger cartonne, le reste fait un bide

La manœuvre est d'autant plus facile pour Facebook qu'il n'a pas de mal à générer plusieurs centaines de millions de téléchargements pour une application comme Messenger, en "forçant" son utilisation. Il a en revanche complètement échoué à faire de Slingshot une alternative crédible à Snapchat. De même Hyperlapse by Messenger fait-il un four. "La limite de l'exercice reste le consommateur, rappelle Paul Amsellem. On ne peut plus lui imposer, comme pouvait le faire Microsoft dans les années 80, une vision ou un produit". 

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