Le boom des objets connectés commence son déferlement sur les baby-boomers

Les objets connectés, appelés également l’Internet des objets (IoT), sont en train de conquérir de plus en plus les générations X, Y, 2.0, millénial, notamment sur les secteurs du loisir, de la santé, de la domotique et de la sécurité. Tribune co-rédigée avec Florence Lauthier, consultante chez Square.

Depuis 2005, nous assistons à l’émergence d’objets physiques auxquels l’ajout d’une connexion Internet permet d’apporter une valeur supplémentaire (plus de fonctionnalités, d’informations, d’interactions, etc.) mais aussi des créer des nouveaux usages. Basés sur des technologies Wi-Fi, bluetooth ou tout autre protocole de communication, ils peuvent collecter, stocker et échanger des informations en fonction de leurs environnements et déclencher des actions idoines au bon moment.

Du côté des seniors (on entend, les personnes nées avant la guerre de 1939 et les baby-boomers), l’appétence pour le digital ne cesse d’augmenter. La fameuse silver économie, en rapport à leur couleur de cheveux, a bien intégré les usages digitaux dans leurs modes de vie : 8 personnes sur 10 estiment qu’Internet améliore leur quotidien. Pour exemple, 88% envoient des e-mails tous les jours et plus d’un sur deux font des achats en ligne. Les réseaux sociaux n’échappent pas à cette appétence. Skype, Messenger et Whatsapp arrivent en tête des logiciels les plus utilisés par cette génération. Mais qu’en est-il des objets connectés ?

Une offre bouillonnante

Récemment, un Japonais de 76 ans a été sauvé grâce à son Apple Watch. Remarquant son rythme cardiaque particulièrement élevé sur sa montre connectée, et sachant que cela pouvait être un signe d’un arrêt cardiaque, il décida aussitôt de se rendre à l’hôpital le plus proche. Après examens, il s'est révélé que deux principales artères étaient bouchées et la troisième l’était à 90% : sans une intervention rapide, son diagnostic vital était engagé. Grâce aux indicateurs présents sur sa montre, il a pu être proactif et se faire examiner à temps.

Le récit de ce sauvetage laisse entrevoir une véritable opportunité de marché et plusieurs entreprises se sont attelées à développer des objets adaptés à cette cible. Linkoo reprend l’objet montre pour permettre aux seniors de prévenir d’un choc ou d’une chute, en un clic, famille ou un service de téléassistance. Elle permet également de géolocaliser son propriétaire, de rappeler sa prise de médicaments, etc. La solution Nov’in réinvente la cane avec sa smartcane qui permet d’envoyer des messages aux proches de l’usager lors de situations anormales (absence d’activités, chutes…). La PME Hip’Safe propose des airbags de hanche qui détecte la chute en 200 millisecondes et déclenche le gonflement des airbags en 280 millisecondes. LiveStep propose une paire de semelles connectées qui alerte les proches en cas de chute. La société Auxivia, quant à elle, a élaboré un système pour prévenir des déshydratations grâce des à des verres connectés. Enfin pour prévenir des risques d’oubli de prises de médicament, Do Pill propose le pilulier connecté.

Des opportunités à saisir ?

Certes, des initiatives se développent mais elles sont encore loin de balayer l’ensemble des besoins de cette génération et restent très focalisées sur la santé. Si 19,6% de la population a plus de 65 ans en 2018, cette proportion atteindra 24% en 2036. Quasiment un quart des Français ! Si on ajoute les  50-65 ans alors cette proportion pourrait être de 36%. On ne peut donc plus parler de niche marketing en tant que telle sur les objets connectés mais d’un segment à part entière qui ouvre de véritables opportunités.

Au sein des 50 et plus, il est important de différencier quelques segments qui ont des besoins différents : les personnes très actives, les personnes peu actives, les personnes vivant seules, les personnes vivant en couple, les personnes vivant en maisons de retraite...

Aux personnes très actives, il serait intéressant d’imaginer des objets connectés ludiques leur permettant de "gagner du temps" en leur optimisant leurs emplois du temps chargés. Aux personnes peu actives, il pourrait être pertinent de créer des objets leur facilitant les tâches du quotidien, par exemple un frigo connecté au supermarché voisin alertant d’un manque et permettant de se faire livrer les courses. Aux personnes solitaires, des objets socialisants comme un objet géolocalisé proposant des sorties culturelles, sportives et/ou associatives à faire en fonction des appétences et des dispositions des personnes.

Aux maisons de retraite, il faudrait mettre en place des objets aidant le travail du personnel, qui veilleraient quotidiennement à la santé des résidents quand ils sont dans leurs chambres par exemple. Des partenariats entre start-up et maisons de retraite pourraient être entrepris. Les facultés de médecine ne devraient pas être en reste, en participant à la réalisation des objets orientés sur la santé.

A l’instar de l’Apple Watch qui a permis à un homme de s’apercevoir qu’il risquait un arrêt cardiaque, le marché est ouvert pour les objets connectés. Sur cet exemple, l’Apple Watch pourrait développer une notification qui alerte directement le médecin traitant ou encore le service d’urgence de l’hôpital le plus proche lors d’une augmentation du rythme cardiaque.

Au regard du nombre de seniors et surtout de l’appétence qu’ils semblent manifester vis-à-vis des nouvelles technologies, ils apparaissent aujourd’hui comme les millenials de demain. Pour garantir leur adhésion aux objets connectés, il est important de travailler sur la facilité d’usage, de proposer un prix juste adapté à la retraite moyenne et surtout de couvrir des besoins variés (loisirs, santé, etc.). La demande est là, emparons-nous en !