Pour OKP4, IOTA est la meilleure option pour valoriser le big data agricole

Pour OKP4, IOTA est la meilleure option pour valoriser le big data agricole Spécialisé dans l'agtech, la start-up française compte utiliser ce protocole open-source pour que les stations météo deviennent des hubs d'information et échangent des données avec des capteurs dans les champs.

La start-up française de l'agtech OKP4, fondée en octobre 2018, s'est fixée pour objectif de rassembler, valoriser et partager les données du monde agricole pour permettre au secteur de gagner en efficience. Sa plateforme Smart Farmers vise ainsi à récolter des informations sur des relevés de température, le suivi de l'utilisation de matériel ou encore des rendements grâce aux capteurs déjà déployés par les agriculteurs. Pour faire face aux problèmes d'interopérabilité entre les différents objets connectés sur le marché et assurer son business-modèle, OKP4 mise sur une technologie clé : IOTA.

Avec ce protocole de communication open-source, qui permet d'effectuer des échanges de données, via des unités de calcul décentralisées, et des transactions d'argent virtuel, la start-up entend en effet valoriser le big data agricole sans avoir besoin de partenariat avec les constructeurs d'objets connectés. "IOTA va nous permettre de décupler les connexions à d'autres systèmes et de passer d'une économie de la data à une économie de la connaissance. Grâce aux utility tokens de la cryptomonnaie associée à IOTA, nous pourrons rétribuer les agriculteurs en fonction des informations qu'ils apportent à l'ensemble de la communauté", se réjouit Fabrice Francioli, cofondateur d'OKP4. Lorsque les données des agriculteurs sont utilisées par d'autres membres, les contributeurs sont rétribués sous forme de tokens au prorata de l'utilisation de leurs données pour leur permettre à leur tour d'utiliser Smart Farmers. L'accès aux datas sera cependant soumis à un abonnement de base.

La start-up a travaillé pendant deux ans sur la manière d'implémenter IOTA aux stations météo existantes chez les agriculteurs. "Ces appareils sont les plus pertinents puisqu'ils sont reliés au réseau et disposent de processeurs assurant une puissance de calcul suffisante pour analyser les données et réaliser les transactions", souligne Matthias Sanchez, responsable des activités de développement liées aux objets connectés chez le cabinet de conseil Exakis Nelite. Le deuxième atout de IOTA, selon OKP4, réside dans sa faible consommation d'énergie. "Notre philosophie consiste à ne travailler qu'avec des énergies renouvelables. Avec IOTA, qui consomme peu de ressources par rapport aux autres blockchain, les stations alimentées en énergie solaires pourront toujours fonctionner de manière autonomes", affirme Fabrice Francioli.

IOTA comme facteur de différenciation

La sécurité est un autre argument qui a fait pencher OKP4 vers ce protocole conçu avec un système informatique trinaire, et non pas binaire,comme les blockchain classiques. "IOTA ne repose pas sur la blockchain mais sur une technologie dénommée Tangle, plus résistante aux attaques. Adopter IOTA est une position stratégique", certifie Fabrice Francioli, qui a travaillé de nombreuses années sur le concept de graphe acyclique orienté qui fonde le fonctionnement d'IOTA.

"Plus il y aura d'objets compatibles, plus IOTA sera performante."

Les travaux pour le développement ont toutefois coûté à OKP4 de lourds investissements en temps et en argent. "Les possibilités sont prometteuses mais la roadmap définie par l'association en charge d'IOTA met du temps à aboutir", confie le cofondateur de la start-up avant d'ajouter : "Adopter IOTA dès maintenant nous permet toutefois de prendre une longueur d'avance et le fait que de grands groupes travaillent aussi dessus garantit que cette technologie a toutes les chances d'être pérenne." Des entreprises comme Volkswagen, Bosch ou Engie ont annoncé des initiatives avec IOTA. "Cette technologie répond au problème actuel d'interopérabilité des objets connectés, elle est utile quand plusieurs acteurs interviennent sur un même cas d'usage, par exemple dans la supply chain d'une entreprise", confie Hugo Briand, digital architect pour le groupe de conseil Ekino.

Le cabinet de conseil Exakis Nelite nuance pour sa part l'intérêt de IOTA à l'heure actuelle : "Il y a encore trop peu d'objets connectés qui intègrent IOTA pour fournir un résultat efficace cette année, car plus il y aura d'objets compatibles, plus IOTA sera performante. Or, il faudra attendre encore au moins cinq ans avant d'atteindre un nombre d'objets connectés importants et que des cas d'usage soit pertinents", analyse Matthias Sanchez. OKP4 reste néanmoins confiant et mise sur les déploiements à grande échelle dans l'agriculture (confirmés par une étude de février 2019 du cabinet IDDEM) pour combler cet écueil. Après s'être assuré que le fonctionnement répondait à ses besoins et permettait bien de rétribuer l'échange d'informations sans frais de transaction, OKP4 s'apprête à effectuer un POC de trois mois avant de déployer IOTA sur plusieurs dizaines de milliers de stations météo fin 2019 - début 2020.