Marc Gardette (Microsoft) "Associer blockchain et IoT reporte la notion de sécurité sur les objets"

Microsoft multiplie les travaux sur l'apport de la blockchain à l'IoT. Marc Gardette, directeur technique de la division secteur public chez Microsoft en France, explique les enjeux pour le groupe.

Marc Gardette, directeur technique de la division secteur public Microsoft France. © Microsoft

JDN. Vous avez noué en décembre 2019 un partenariat avec l'entreprise taïwanaise International Trust Machines Corporation (ITM). Que vous apporte cette alliance ?

Marc Gardette. Cette collaboration va nous permettre de designer des produits apportant une sécurité forte sur des microcontrôleurs avec Azure Sphere. ITM conçoit un logiciel en edge computing qui fiabilise les objets connectés pour leur permettre d'inscrire de manière optimisée dans une blockchain des millions de transactions scellées en une seule empreinte. Le principe d'empreinte globale est déjà connu mais la technologie d'ITM est spécifique à l'IoT, c'est ce qui la rend novatrice. Elle permet d'absorber la volumétrie des données sans engendrer de problème de latence.

Quel est l'enjeu de la blockchain dans l'IoT ?

L'intérêt de la blockchain est d'apporter de la confiance dans des processus avec plusieurs parties prenantes. C'est un tiers de confiance technologique. Si des capteurs interviennent et conditionnent des éléments du contrat, il faut que leurs informations soient fiables. En cas de donnée erronée remontée par un capteur, il ne peut pas y avoir de confiance entre les partenaires. Associer blockchain et IoT reporte ainsi la notion de sécurité sur les objets. La blockchain est une bonne technologie pour permettre, à terme, à des objets autonomes d'effectuer par eux-mêmes des transactions. Par exemple, une voiture autonome ira se recharger seule en fonction de son niveau mesuré par IoT. Bénéficier de cette sécurité sur des microcontrôleurs avec la solution de ITM ouvre des perspectives.  

Il y a encore peu de projets à grande échelle de blockchain dans l'IoT. Comment expliquez-vous que les projets ne soient pas plus avancés ?

La blockchain est compliquée à mettre en place : il faut définir une gouvernance, des règles communes, etc. C'est une technologie récente dont les entreprises n'ont pas encore l'habitude. Pour la lier à l'IoT, il est nécessaire d'avoir une vision de bout en bout de la sécurité, ce qui n'est pas toujours le cas dans les projets déployés. Par ailleurs, les deux n'apportent de la valeur que dans les usages notariés, où plusieurs acteurs ont besoin de se faire confiance. L'usage le plus répandu concerne la logistique. Pour le transport de palettes de vins par exemple, les acteurs ont besoin de connaître les conditions de transport et de stockage des vins pendant leur trajet en bateau, en camion, dans les entrepôts, et ce jusqu'au point de vente. Les capteurs IoT permettent d'en connaître la géolocalisation, la température et les chocs. Ces données remontées dans une blockchain assurent aux partenaires une gestion de règles communes et la véracité des conditions de transport et de stockage.

Marc Gardette est depuis juillet 2017 le directeur technique de la division secteur public Microsoft France.  Après 13 ans passé chez IBM, Marc Gardette a rejoint Microsoft en 1999 en tant que responsable du marketing middleware. Il a ensuite été, au sein de différentes divisions de Microsoft, responsable des relations développeurs et architectes, puis directeur de la stratégie open source et interopérabilité, puis responsable des relations techniques et du business avec Orange et directeur de la stratégie cloud. Microsoft a présenté Azure Sphere, sa plateforme cloud d'applications sécurisée dédiée à l'IoT, en 2018. Le groupe a annoncé cette même année son intention d'investir 5 milliards de dollars dans l'IoT.