Le confinement, une aubaine pour l'assurance à la demande ?

Le confinement, une aubaine pour l'assurance à la demande ? A l'issue de la crise du coronavirus, le secteur de l'assurance pourrait évoluer vers des offres davantage personnalisées grâce à des dispositifs connectés.

Avec le confinement, rare sont ceux qui utilisent encore leur véhicule. Et la baisse de la sinistralité interroge les assurés. "Dois-je continuer à payer mon assurance automobile alors qu'elle reste en stationnement" ou "est-il possible de changer de contrat pour s'adapter à la situation", entend de la part de ses assurés Pierre Stanislas, CEO de la start-up française Wilov, une assurance auto à l'usage. Si les souscriptions pour la possession d'un véhicule restent obligatoires, la crise du Covid-19 pourrait faire évoluer l'assurance à la demande.

"Les clients cherchent à optimiser les coûts et ils ont désormais le temps d'aller sur Internet pour se renseigner sur ce qu'impliquent ces offres", confirme Léa Joussaume, directrice marketing et communication chez Luko (assurance habitation). Sur le site du comparateur en ligne Le Lynx, qui recense 1,2 million de visiteurs uniques par mois, le trafic est moindre  depuis le début de la crise en mars mais présente davantage d'engagement de la part des visiteurs. "Les offres d'assurance à la demande sont encore peu répandues en France mais elles prennent tout leur sens avec la situation car elles permettent de faire jusqu'à 50% d'économies si l'on conduit moins de 15 jours par mois et elles sont personnalisables, donc plus avantageuses pour certains profils de conducteurs", souligne Amina Walter, directrice générale déléguée chez Le Lynx.

"La part de nos nouvelles souscriptions provenant du bouche à oreille est passé de 40 à 50%"

Wilov enregistre une augmentation de ses souscriptions depuis le début de l'épidémie. "Dans cette période d'isolement, les gens échangent davantage les bons plans. La part de nos nouvelles souscriptions provenant du bouche à oreille est passé de 40 à 50%", témoigne Pierre Stanislas, qui espère atteindre 100 000 clients fin 2022. Avec le confinement, ses clients ne paient plus que l'abonnement mensuel fixé à 20 euros (auquel s'ajoute un tarif journalier en cas de conduite) quand la prime d'une assurance traditionnelle en tout risque est en moyenne de 50 euros par mois.

Une personnalisation que l'ensemble des compagnies d'assurance pourrait exploiter. "L'assurance est un produit que l'on est obligé d'acheter. Les assureurs ne ressentaient pas le besoin de se transformer mais la crise va mener à une prise de conscience de l'importance des outils digitaux et de la nécessité d'être flexible", estime Pierre Stanislas, chez Wilov. La néo-assurance Lovys, qui propose des contrats sans engagement, n'exclut pas à l'avenir d'introduire des objets connectés dans ses assurances automobiles pour renforcer la personnalisation de l'offre. Le contexte de crise sanitaire demande "plus d'attention" envers les assurés et une "plus grande souplesse" de la part des assureurs, corrobore Élise Moutarlier, directrice des opérations de Lovys. 

Ratiba Lafer, product marketing manager EMEA chez l'éditeur de logiciels spécialisé dans l'assurance IARD Guidewire estime que, pour l'heure, l'urgence est à la gestion de la crise, mais que la situation pourrait faire évoluer les expertises à distance dans le monde de l'assurance. Un avis que partage Anthony Corbeaux, directeur de la communication et du marketing chez DriveQuant, société qui développe des services d'analyse des données de conduite pour les assureurs : "Chez DriveQuant, nous avons renoué des échanges avec de nombreux assureurs auto/moto ces derniers jours qui souhaitent ainsi anticiper l'avenir et construire des offres d'assurance auto connectée, ce qui n'était jusque-là pas forcément leur priorité."