Les ondes des objets connectés sont-elles dangereuses pour la santé ?

Les ondes des objets connectés sont-elles dangereuses pour la santé ? Les appareils fonctionnant avec les réseaux cellulaires, comme les montres ou les lunettes connectées, sont ceux pour lesquels il faut être le plus vigilant.

La 5G fait débat en raison des ondes électromagnétiques que les antennes pourraient émettre. En fonction de leur fréquence, de leur intensité et de la durée d'exposition, les ondes ionisantes peuvent affecter les tissus humains et provoquer des cancers. Qu'en est-il des objets connectés, qui ne cessent de se multiplier et devraient représenter 13,8 milliards de devices en 2024, selon la société de recherche américaine 451 Research. "Le niveau d'ondes émis dépend du protocole de communication de l'objet, et sa dangerosité de sa proximité avec le corps, rappelle Gilles Brégant, directeur général de l'agence nationale des fréquences (ANFR). Si les devices sont éloignés des utilisateurs, ils ne présentent aucun danger car, étant contraints en énergie, ils émettent peu et l'exposition décroît avec la distance. Ainsi, le nombre d'objets dédiés à la smart city augmente mais leurs contraintes énergétiques font en sorte qu'ils ne présentent aucun risque." Les wearables sont les premiers concernés par la vérification de la quantité de rayonnement.

Les montres connectées doivent être surveillées au même titre qu'un smartphone. © Art-Fi

Les objets connectés fonctionnant avec des réseaux cellulaires sont, pour Art-Fi, fabricant français d'appareils de mesure des ondes électromagnétiques, les plus susceptibles de présenter des risques. "10% des smartphones que nous avons testés dépassent le seuil autorisé. Les devices associés risquent d'en faire de même", souligne Stéphane Pannetrat, fondateur et président du directoire d'ART-Fi. Pour lui, les montres et les lunettes connectées constituent les appareils pour lesquels il faut être le plus vigilant.

Une attention similaire doit être portée aux appareils en wifi, qui ne doivent pas dépasser les 100 milliwatts pour les équipements fonctionnant à 2,45 GHz. "Les autres protocoles, comme Zigbee ou Z-Wave, émettent peu d'ondes", assure Stéphane Pannetrat, en mettant en garde contre les écouteurs connectés en Bluetooth. Les protocoles LPWAN ne sont pas de nature préoccupante, dans la mesure où les objets ne se réveillent que quelques minutes pour envoyer leurs données. C'est dans le cas de liaison continue qu'il faut rester attentif.

Quant aux objets connectés en 5G à venir, le risque n'est pas encore établi. "La 5G a la particularité d'avoir une couverture moins étendue. Les antennes qui seront ajoutées seront dirigées pour orienter le signal vers des points précis", rappelle Gilles Brégant, de l'ANFR, qui se méfie davantage des objets sur secteur. Julien Sarrade, responsable du développement commercial IoT chez Keysight Technologies, met pour sa part en garde contre les ondes millimétriques, dont les bandes de fréquence pour la 5G seront attribuées dans trois ans : "Il n'y a pas encore d'étude sur l'impact de ces ondes sur le corps."

Pour l'heure, les objets majoritairement utilisés dans l'IoT restent inoffensifs. A titre d'exemple, d'après les mesures effectuées à l'ANRF et présentées sur sa page web "la maison ANFR", un pèse-personne connecté en wifi émet, avec moins de 0,05 volts par mètre (V/m), une quantité négligeable d'ondes radioélectriques. Une enceinte Bluetooth sur une bande de fréquence de 2400 MHz émet 0,2 à 0,3 V/m, soit 0,5% de la valeur limite réglementaire fixée à 61 V/m. Un collier tracker pour chat en 2G a une valeur mesurée à 50 cm de 0,41 V/m, soit 1% de la valeur limite réglementaire.

Depuis le début de l'installation des compteurs Linky, l'ANFR recense tout de même une demande croissante des particuliers pour des mesures d'ondes de leurs appareils. Plus de 3 500 dossiers ont été déposés entre le début de l'année 2020 et septembre, un nombre que l'ANFR comptabilisait sur une année entière auparavant. L'ANF a enregistré sur les compteurs Linky, Gazpar et Ondeo des mesures de 0,1 V/m, moins de 1% de la valeur limite réglementaire, fixée à 87 V/m pour Linky et à 28 V/m pour les deux autres. "Les gens ont peur des ondes car elles sont invisibles", souligne Stéphane Pannetrat. Si ce sujet inquiète, pourquoi les fabricants font émettre trop fort leurs objets ? "C'est pour un meilleur ressenti du service client, explique Gilles Brégant, de l'ANFR. En donnant plus de puissance à leurs objets, ils sont sûrs que la réception du signal soit optimale." Quand l'ANFR détecte sur le marché un appareil qui dépasse les seuils autorisés, elle demande au constructeur d'en réduire les émissions, ce qui se fait via des mises à jour logicielles.

Avec la promulgation de la loi Abeille, les fabricants ont l'obligation depuis le 1er juillet 2020 d'indiquer sur leurs objets s'utilisant près de la tête, du corps et des bras le taux de rayonnement absorbées par le corps humain, soit le débit d'absorption spécifique (DAS) exprimé en watt par kilogramme. "Ce n'est pas encore une habitude pour eux d'intégrer cette mesure car la réalisation des tests peut être longue. Par exemple il faut vingt minutes pour effectuer chaque point de test. Pour un smartphone, cela peut prendre plus de six semaines", indique Stéphane Pannetrat. Les équipes d'Art-Fi ont accompagné le laboratoire français Nexio dans l'adoption d'un appareil de mesure et travaillent étroitement avec l'opérateur Orange sur ce sujet.