Avec le reconfinement, l'IoT prévient les vols de vélo

Avec le reconfinement, l'IoT prévient les vols de vélo Les délits se sont multipliés depuis le printemps, augmentant la demande aussi bien des professionnels que des particuliers pour les traceurs GPS.

Au déconfinement, deux vols de vélo par semaine contre un vélo tous les dix jours habituellement ont été déclarés à Morio, start-up française qui propose un traceur connecté et une assurance pour optimiser la gestion de flotte de vélos électriques. Avec le reconfinement, la start-up s'attend à ce que les livreurs à domicile soient particulièrement touchés. "Ils opèrent surtout le soir, moment où il y a le plus de vols, et ils ne peuvent pas toujours sécuriser leur bien", constate Jean Venet, CEO et cofondateur de Morio.

Plusieurs raisons expliquent selon lui cette recrudescence de vols, qui touche aussi bien les particuliers que les flottes d'entreprise : "Déjà, le confinement fait qu'il y a moins de passage ou de surveillance dans certains lieux", souligne-t-il. Ensuite, la multiplication des pistes cyclables et la forte augmentation de l'usage a entraîné une hausse des vols. "Les Français ont privilégié le vélo aux transports en commun", confirme Amélie Caudron, CEO de l'entreprise française de traceurs GPS Invoxia, qui fait le même constat sur les vols. Autre raison évoqué par Jean Venet : "Si les gens ont moins de moyens, ils favorisent le vélo à la voiture. Or, le temps d'obtention d'un vélo s'est allongé car il y a eu des ruptures dans les magasins, et les acheteurs passant par les ventes parallèles ont été moins regardants sur l'origine des produits."

L'un de ses clients s'est fait volatiliser 16 vélos. "Nous avons travaillé avec la police pour les retrouver et nous nous sommes aperçus qu'en deux jours, huit vélos avaient déjà été revendus, ce qui est inhabituel", affirme Jean Venet. "En Californie, aux Etats-Unis, ce phénomène de vol est devenu un véritable fléau", ajoute pour sa part Amélie Caudron, qui commercialise ses objets connectés dans 15 pays. Les deux entreprises proposent un traceur autonome à installer sur le vélo afin que leur propriétaire puisse les géolocaliser sur leur application et recevoir une alerte antivol en cas d'anomalie.

"Nous avions annoncé 3 000 vélos connectés d'ici octobre 2021, ce nombre sera atteint dès mars 2021"

En France, près de 500 000 vélos sont volés chaque année, selon les chiffres officiels. "Un chiffre qui reste sous-estimé par rapport à la réalité. Beaucoup d'usagers ne portent pas plainte quand on leur vole des vélos d'occasion bon marché", met en avant Jean Venet, qui estime un nombre réel de vols avoisinant les 800 000 vélos. Dans ce contexte, les traceurs IoT sont fortement demandés. "Les ventes de vélos électriques se sont multipliés. Or, ces vélos représentent un budget de 1 500 euros, les utilisateurs sont soucieux de les protéger", assure Cédric Ravalec, business line manager chez l'intégrateur français Smile, pour qui les vélos font partie d'une demande grandissante dans l'asset tracking. Smile envisage des projets avec des fabricants français pour que les traceurs soient intégrés nativement dans les vélos.

"Le vol dépend pour beaucoup du comportement de l'utilisateur, témoigne Jean Venet, de Morio. La plupart des vols ont lieu de manière opportuniste, car l'utilisateur laisse son vélo non attaché dans un hall d'immeuble en pensant à tort que l'endroit est sécurisé, ou l'antivol est attaché à un mauvais endroit. Ces deux cas de figure représentent 95% des vols. Les entreprises ne peuvent pas connaître les comportements, leur seul moyen de se prémunir est de recueillir de la data pour observer les usages."

La start-up Morio, qui affiche un taux de 80% de vélos retrouvés grâce à sa solution connectée, rencontre un fort intérêt auprès d'entreprises comme Domino's pizza et des collectivités, notamment Lyon et Besançon. "Nous avons connecté plus de 2 500 vélos. Nous avions annoncé les 3 000 vélos d'ici octobre 2021, or ce nombre sera atteint dès mars 2021. Nous allons déployer notre capteur sur plusieurs flottes", se réjouit Jean Venet, en rappelant que le vélo est passé d'un loisir à un moyen de transport et que son usage ne rencontre donc plus de saisonnalité. De son côté, Invoxia entend profiter du Black Friday et des fêtes de fin d'année pour maintenir son activité.