La technologie prédictive sonnera t-elle le glas de la maintenance déloyale ?

Avec l'arrivée de la 5G, la problématique de l'obsolescence programmée des équipements refait surface. La mise en lumière de ce biais utilisé par les industriels, consistant à limiter volontairement la durée de vie des appareils pour augmenter leurs ventes, a été largement dénoncée. De nombreuses initiatives, notamment d'ordre légal, ont déjà été menées pour mettre fin à cette pratique, dans le but de protéger le consommateur. Toutefois, il ne s'agit pas là du seul mal de l'industrie.

A l’instar de ce vice qui demeure encore trop répandu, l’industrie souffre également du syndrome de maintenance déloyale. Afin d’endiguer ce phénomène, il est important d’alerter les utilisateurs sur ces abus qui les pénalisent.

A la manière des marques de biens de consommation électroniques, les équipementiers et industriels, au lieu de limiter volontairement la durée de vie de leur équipement, favorisent à l’excès la survenue des pannes, et facturent ensuite des réparations salées. Les tarifs de ces réparations, préventives ou curatives, eux,  continuent d’évoluer ; comme en témoigne le prix moyen d’une révision automobile qui a augmenté de 6% entre 2019 et 2020.

Les avancées technologiques et le développement de la maintenance prédictive, qui consiste à éviter les pannes grâce à l’intelligence artificielle, ne semblent pas stopper ce fléau, et pour cause. Dans le secteur de l’aéronautique, les équipementiers vendent les matériaux à prix coûtant et font croître leur chiffre d’affaires en appliquant une marge très importante lors des opérations de maintenance. De ce fait, la mise en place d’une technologie de maintenance prédictive réduirait considérablement leur opportunité de rentabilité sur cette activité.

De plus en plus reconnues, ces pratiques, bien que déloyales, sont ancrées depuis si longtemps qu’il apparaît difficile de les défier. Pourtant, la progression fulgurante de la technologie offre de nouvelles perspectives commerciales centrées sur la satisfaction client, qui ne demeurent que trop peu déployées. En effet, l’avancée exceptionnelle de la technologie a rendu plus facile l’accès aux innovations sous-jacentes de la maintenance prédictive, comme l’intelligence artificielle, le développement du cloud et les capteurs.

La maintenance prédictive se place comme un atout premier dans la recherche de l’atteinte de la confiance du client envers son prestataire : réduction des pannes, transparence de l’information et réduction des coûts. Tout client qui souhaite maintenir son équipement doit prendre en compte deux éléments essentiels: la performance, soit l’obtention du nombre de pannes minimum, mais également la transparence. C’est ce que fait la maintenance prédictive, en prévenant les défaillances, elle évite les pannes, et en centralisant toutes les données, elle apporte cette transparence aux clients.

L’aspect économique n’est pas en reste, car les données liées aux seuils critiques d’usures des composants permettent d’effectuer des interventions à moindre coût, en privilégiant la réparation des pièces endommagées au seul remplacement, beaucoup plus onéreux. Si ces bénéfices sont avérés et mesurables, trop d’entreprises se complaisent dans un modèle obsolète de maintenance déloyale, sans voir ni saisir l’opportunité de la mutation du modèle commercial de l’industrie.

Toutefois, certains pionniers prouvent que le développement d’un tel modèle n’est pas une utopie mais une réalité vers laquelle il est nécessaire de tendre. Parmi ceux-ci, nous retrouvons Skoda, à l’initiative de l’application sound analyser, qui permet à chacun de comparer les bruits émis par son véhicule afin d’obtenir un diagnostic adapté pour la maintenance. L’entreprise Tesla, portée par Elon Musk et ses ambitions futuristes, analyse les défaillances de ses véhicules afin de minimiser le temps d’arrêt en concession pour ses clients. Enfin, la SNCF s’engage depuis 6 ans dans le télédiagnostic et la maintenance prédictive, permettant de viser une division du nombre de pannes par 2 voire 3.

Bien que ces entreprises permettent de mettre en lumière des bienfaits tangibles de ces nouvelles technologies, des modèles pourtant moins connus mais tout aussi innovants font déjà preuve d’un devoir d’exemplarité, en alignant les intérêts financiers des fournisseurs de maintenance mais également des usagers.

La méthode est simple, il ne s’agit non plus de vendre la maintenance comme une obligation de moyens mais comme un contrat de performance bâti sur un engagement de résultat. Certes commercialisé plus cher aux clients, il permet de réduire les coûts directs qui leurs sont imputés et revient finalement moins cher à long terme, tout en améliorant nettement la qualité perçue, en réduisant les réparations superflues et le nombre de pannes.

En somme, ce nouveau modèle apparaît comme une réconciliation entre l’ensemble des parties prenantes du secteur, définitivement conclue par le biais d’une relation de transparence et d’un engagement financier de résultat. Cette transformation est la meilleure réponse aux attentes des entreprises et des consommateurs : des produits durables, fiables à tout instant et qui se réparent à moindre coûts.