Web : lancement prochain d'un label incitant à surfer écolo ?

Il y a quelques années, une étude avait fait grand bruit. Elle montrait que les spams, ces courriels indésirables, étaient à l'origine de 17 millions de tonnes de CO2 par an, soit autant que 3 millions de voitures dans le même temps. Pourtant, ces scories électroniques ne sont pas les seuls à polluer. L'association Green Code Lab révèle que "les 100 sites les plus consultés en France consomment en un an autant d'électricité que 25 400 foyers".

Pour favoriser une prise de conscience de ce phénomène, l'association a mis sur pied un outil permettant de mesurer l'empreinte environnementale d'un grand nombre de sites. Et aimerait qu'un label suive.

Naviguer sur le net, une occupation énergivore

Jusqu'à présent, le projet Web Energy Archive (WEA) mesurait uniquement la consommation indirecte des sites Web, c'est à dire celle des utilisateurs qui les fréquentent. La prochaine version tâchera de prendre en compte également la pollution générée directement par ces sites, via leurs réseaux et les centres de stockage de données qui y sont associés (data centers).
Comme le rappelle le site Actu-Environnement, si la demande en énergie dans le secteur des TIC provient à 65 % des internautes, les réseaux et data centers ont aussi leur responsabilité, représentant respectivement 25 % et 13 % de cette demande. Sachant que ce dernier chiffre devrait grimper à 23 % d'ici 2020.
600 sites ont déjà été passés au crible de l'outil conçu par l'association Green Code Lab, classés selon une échelle allant de A à G, A étant la meilleure note. La mesure de la dépense d'énergie lors du chargement de la page est bien évidemment déterminante, mais elle n'est pourtant pas la seule à entrer en compte. L'affichage en temps réel du nombre de partages sur les réseaux sociaux entraine également une dépense supplémentaire. A titre indicatif, notons qu'un site contacte en moyenne 40 serveurs par seconde.
De même, les sites dont le modèle économique repose sur la publicité auront tendance à polluer davantage, images et vidéos étant des données très lourdes.

Sensibiliser pour obtenir des résultats rapides

Ces vérités sont peu connues. Dommage, quand on sait qu'il est relativement facile de diminuer les dépenses en énergie générées, directement ou non, par un site. Thierry Leboucq, l'un des deux fondateurs du projet WEA, rapporte ainsi une anecdote éclairante : " En 48H, un groupe d'étudiants a réussi à diviser par deux la consommation du serveur" et à "diviser par deux la consommation côté consommateur".
Cette prouesse s'explique facilement. Un certain nombre de langages informatiques utilisés par les développeurs sont inutilement lourds, le plus sobre d'entre eux étant encore le code html. Idem pour les logiciels, dont les performances énergétiques sont à géométrie variable.
Mais les internautes doivent aussi être mis à contribution, et adopter un certain nombre de bons réflexes, comme limiter le nombre d'onglets ouverts, ne pas surfer depuis un téléviseur, limiter le recours aux animations flash, etc.
Un simple défaut de communication est à l'origine du manque de considération des développeurs et internautes pour ces questions. Afin d'y remédier, le projet WEA souhaite lancer un label, ayant vocation à estampiller les sites désireux de voir leurs performances énergétiques figurer sur leurs pages Web.
A terme, on peut même imaginer que cet étiquetage incitera les internautes à se diriger par priorité vers les sites les plus sobres énergétiquement, c'est à dire par exemple ceux ayant recours à des data centers alimentés par des énergies renouvelables, un peu à la façon dont le compteur communicant Linky incitera les consommateurs à se tourner vers les EnR.
La matérialisation, via une vignette, du degré de responsabilité écologique de tel ou tel site représente une belle avancée. Elle a pour mérite de rappeler à notre bon souvenir que le monde dans lequel nous vivons, pour digital et virtuel qu'il soit de plus en plus, n'en produit pas moins des déchets bien réels, palpables.