Avec le SMSI+10, l’ONU esquisse le futur d’une Société de l’Information durable

Cette semaine, les représentants des gouvernements du monde entier se réunissent au siège de l’ONU à New York, pour une réunion de haut niveau finalisant l’évaluation des 10 ans du Sommet Mondial sur la Société de l’Information (SMSI+10).

Chronique de Constance Bommelaer, Senior Director, Global Internet Policy, Internet Society et de  Nicolas Chagny, Président, Internet Society France


Le SMSI, dont l’origine remonte aux sommets onusiens de Genève (2003) et Tunis (2005), a marqué un tournant dans ce que l’on nomme la gouvernance de l’Internet ; autrement dit la manière dont différentes parties prenantes – gouvernements, société civile, secteur privé, communauté technique – travaillent de façon décentralisée mais coordonnée pour que l’Internet fonctionne et contribue aux objectifs sociétaux. 10 ans plus tard, l’ensemble de cette communauté a été appelé à évaluer l’efficacité de ce système de gouvernance.

Les négociations de ces derniers mois se sont tenues dans un climat particulièrement sensible. En effet, les attentats de Paris en janvier puis novembre ont fait resurgir des questions difficiles. Comment concilier liberté d’expression et lutte contre les appels à la haine ? Comment protéger la vie privée tous en s’assurant que les technologies qui permettent l’anonymat ne profitent pas à des individus mal intentionnés ? En filigrane, la question du rôle des gouvernements et leur coopération au niveau international.

Aujourd’hui, l’économie digitale contribue entre 5 et 9% au PIB dans les pays développés, et dans les pays en développement cette contribution est de l’ordre de 15 à 20% chaque année. Cette tendance montre que l’accès à l’Internet signifie plus qu’une simple réduction du fossé numérique : il s’agit dune opportunité de réduire les disparités de développement économique et social.

Il s’agit  même d’un changement de paradigme : alors qu’il y a dix ans nous parlions de l’importance d’un plus grand accès à l’Internet d’un point de vue technique, aujourd’hui la question devient celle de l’impact des technologies dans le tissu de nos sociétés. La Société de l’Information n’est plus un « monde séparé », mais bien un élément intrinsèque de nos activités économiques, personnelles et sociales. L’accès à Internet est devenu une opportunité pour exercer des droits essentiels comme l'accès aux soins, l'éducation et l'égalité des sexes. Aujourd’hui, il reste à la communauté internationale de prendre la pleine mesure de ce catalyseur pour le progrès économique et social.

Avec cet objectif de développement local des infrastructures, le SMSI soutient un fond de dotation solidaire, pour favoriser le tissu économique sur Internet dans tous les pays, notamment dans les pays en voie de développement et le continent africain.

L’Internet Society France milite également pour que le SMSI+10 prenne des engagements forts concernant le futur du Forum de la Gouvernance de l’Internet (FGI). Initié lors du SMSI de 2005, le FGI se réunit au niveau international mais aussi dans tous les pays pour échanger sur les questions de politiques publiques liées à Internet. En incluant toutes les parties prenantes, il a émergé comme un modèle de gouvernance adapté à la complexité de l’écosystème de l’Internet.

Nous sommes heureux de voir que les états membres des Nations Unies se sont accordés sur le renouvellement de son mandat. Depuis deux ans, le FGI se réunit aussi en France à l’initiative, notamment, de l’Internet Society France. C’est devenu un rendez-vous important pour discuter de la stratégie numérique nationale incluant tous les acteurs. Nous invitons d’ores et déjà à nous rejoindre pour la prochaine édition française. 

C’est dans cet esprit que l’Internet Society participera à la réunion de haut niveau organisée par l’Assemblée générale des Nations Unies à New York les 15-16 décembre. A cette occasion, nous attendons la validation de l’efficacité du modèle multi-acteur et l’engagement dans une société de l’information durable.