Pascal Roche (Sacem) "Nous transformons le SI de la Sacem en une plateforme de services basée sur le cloud"

Alors que la Nuit du Directeur Digital se rapproche, le DSI de la Sacem présente au JDN le chantier majeur qu'il conduit pour transformer l'entreprise.

JDN. Vous êtes DSI de la Société des auteurs, compositeurs et éditeurs de musique (Sacem) mais intervenez sur l'ensemble de sa transformation numérique. Quel est votre principal chantier en cours ?

Pascal Roche gère les transformation numérique de la Sacem. © Marc Chesneau

Pascal Roche. Il y en a plusieurs. D'abord, celui permettant de créer notre nouvelle plateforme Sacem. Nous venons de lancer un programme de développement d'APIs à la fois internes, publiques et privées, de manière à traiter l'ensemble de nos "audiences" selon le même mode. Cette approche va nous permettre d'améliorer et d'automatiser l'identification des œuvres en démultipliant notre capacité à agréger des données à travers différentes techniques d'identification, notamment grâce à l'intelligence artificielle. C'est nécessaire pour maximiser la répartition des droits d'auteur aux ayants-droits. C'est aussi un prérequis pour interagir plus efficacement avec d'autres acteurs de l'industrie musicale comme Universal Music ou Warner Music et pour absorber les volumes exponentiels de données issus des plates-formes de streaming comme Spotify, Youtube, Deezer ou Apple.

Nous travaillons aussi sur le projet Elixir, en partenariat avec l'Ascap (l'équivalent de la Sacem aux Etats-Unis, ndlr) et PRS for Music (son homologue britannique, ndlr). Ce projet s'appuie sur la solution blockchain privée Hyperledger, soutenue par IBM. Lancé il y a un an, ce programme permet, par exemple, d'étendre le volume d'identification des liens ISRC/ISWC, en clair le lien entre un enregistrement comme "My Way" chanté par Frank Sinatra et l'œuvre "Comme d'habitude". Et donc de mieux identifier les ayants-droit devant être rémunérés. C'est un projet qui s'appuie sur des technologies innovantes comme l'utilisation d'une base de données graphe dans le cloud.

Nous menons aussi le projet URights, en partenariat avec Watson, la plate-forme d'intelligence artificielle d'IBM, qui va nous permettre de traiter la collecte des droits online dont la mise en production est prévue cet été. Cette solution a aussi été conçue pour être utilisée par d'autres acteurs du domaine de la collecte des droits d'auteur. Toutes ces initiatives s'articulent autour du big data, de l'intelligence artificielle et de la blockchain qui viendront se greffer sur notre plateforme".

Pouvez-vous préciser vos attributions et votre champ d'intervention ? 

Plutôt qu'un DSI traditionnel, je suis plutôt un chief technology & information officer (CTIO). Une sorte de dirigeant hybride, à cheval entre la technologie et le business. Ce fut le cas chez Hachette, puis chez Fnac.com où nous sommes partis pratiquement de zéro pour atteindre rapidement le milliard d'euros de chiffre d'affaires. Aujourd'hui, je suis à la Sacem pour transformer son SI en une véritable plateforme de services basée sur le cloud. Et ce n'est pas un sujet uniquement technique. C'est un levier de virtualisation des organisations qui permet d'accélérer en éliminant certaines latences et en renforçant l'automatisation. Cela nous permet aussi de mieux tirer parti de certaines initiatives en les intégrant plus rapidement. En clair, nous sommes dans une logique de plateforme d'orchestration de capacités et de savoir-faire "distribués", en interne comme en externe".

La Sacem s'est dotée fin 2012 d'un chief digital officer placé sous votre autorité depuis votre arrivée en septembre 2017. Comment s'articule la relation entre vous ? 

Thomas (Thomas Baudreux, un ancien du cabinet Novedia Consulting, ndlr) et son équipe d'une dizaine de personnes s'occupent notamment des portails de la Sacem, de la prochaine application mobile destinée à nos membres et, bien sûr, de la numérisation des processus.

Résumé du projet :

  • Pourquoi ce projet est-il innovant ?

"Ce qui est innovant, c'est que ce projet de plateforme permette de fédérer et d'articuler efficacement les initiatives en cours dans le domaine du big data, de la blockchain et de l'intelligence artificielle."

  • Pourquoi ce projet est-il stratégique ?

"Il est stratégique car il contribue à la compétitivité de la Sacem sur son cœur de métier et par l'ouverture du système d'informations qu'il permet. Il favorise aussi l'activation de nouveaux relais de croissance."

  • Pourquoi ce projet est-il transformateur ?

"Car nous allons maximiser les conditions de notre coopération avec nos partenaires extérieurs tout en développant la vélocité des opérations. Avec cette plate-forme, notre SI est de plus en plus clairement exposé à l'extérieur."

  • Pourquoi ce projet est-il accélérateur ?

"Nous ne prétendons pas tout faire nous-mêmes. Nous cherchons donc  à coopérer de manière plus forte avec l'écosystème. Nous ne sommes plus dans la gestion d'infrastructures mais dans le cloud qui devient une véritable plate-forme d'orchestration sur l'échiquier des données disponibles."

Le JDN propose pour la quatrième année consécutive le 19 juin prochain un événement destiné à récompenser les meilleurs chief digital officers de France. Pour en savoir plus : la Nuit du Directeur Digital.