La SNCF lance un nouveau site de covoiturage, IDVROOM

La SNCF lance un nouveau site de covoiturage, IDVROOM Le site sera avant tout axé sur les trajets domicile-travail, mais proposera aussi des longues distances, pour concurrencer Blablacar... Et les TGV.

En rachetant Easycovoiturage.com et 123envoiture.com –deux sites qui n'ont jamais vraiment décollé- l'an dernier, la SNCF faisait preuve de son intérêt croissant pour le covoiturage. Le groupe continue sur sa lancée en créant un nouveau site dédié, qui sera dévoilé dans une dizaine de jours, selon MobiliCités : IDVROOM. Il faut dire que le développement fulgurant du site de covoiturage fondé par Frédéric Mazzella, Blablacar, a de quoi inquiéter le groupe. Présente dans douze pays en Europe, la start-up revendique 9 millions de membres, dont la plupart en France, un million de clients par mois (soit 2 000 rames de TGV pleines !) et une croissance de 200% par an... Et elle ne compte pas s'arrêter là : Blablacar a annoncé en juillet une levée de 100 millions de dollars. Objectif affiché : devenir le leader mondial du covoiturage.

Si IDVROOM sera avant tout axé sur les trajets entre le domicile et le lieu de travail, le nouveau site de covoiturage de la SNCF pourra aussi proposer des trajets longue-distance, concurrençant ainsi Blablacar... Et ses TGV, dont la fréquentation est en baisse depuis quelques années.

Offre low-cost

Pour populariser le site face au leader du secteur, la SNCF mise sur une politique de prix bas. "Sur les courtes distances et en dernière minute, nos frais de gestion sont les moins chers du marché", annonce déjà le site. "Chez iDVROOM, les frais sont de 0,20 euro fixes + 10% du prix du trajet (HT) et juste 7% (sans frais fixes) si vous passez par le porte-monnaie iDVROOM." Chez Blablacar, la commission varie entre 0,60 euros de frais fixes + 7,92% du prix du trajet, pour une réservation effectuée plus de 72 heures avant le départ, et 1,19 euro de frais fixes + 12,48%, pour une réservation effectuée moins de 24h avant le départ.

Et la SNCF présentera surtout un avantage non négligeable. Une possibilité de règlement qui était auparavant disponible sur Blablacar, mais qui a été supprimée du site : payer le jour J, en espèces et sans frais, si le conducteur est d'accord. "L'absence de prépaiement ne garantit pas à 100% votre covoiturage, mais cela vous permet d'être mobile à des coûts très faibles."

Un marché ultra-dominé par Blablacar

D'autres sites de covoiturage proposent des offres encore plus alléchantes. Mais ce qui fait la force de Blablacar, c'est sa popularité et le nombre d'annonces qui y figurent déjà. Fort de sa masse d'utilisateurs, le site laisse peu de place à ses concurrents, qui peinent à recueillir le nombre d'annonces nécessaires pour attirer les clients. D'autant qu'en prélevant la commission aux passagers, et non aux conducteurs, Blablacar les attire sur sa plateforme.

Sur Carpooling.fr, la commission de 11% est imposée au conducteur... mais il peut choisir de se faire payer en espèces, sans frais. Et sur Covoiturage-libre.fr, créé en réponse à l'évolution des prix sur Blablacar, le covoiturage est totalement gratuit. "Utilisateur régulier d'un site de covoiturage célèbre, j'ai été très déçu et très agacé par leur décision unilatérale d'obliger à réserver et payer en ligne une place de covoiturage, explique le fondateur. Ce site répond à un besoin devenu indispensable aujourd'hui : permettre le covoiturage facilement et gratuitement. Contrairement au leader du secteur qui a choisi d'imposer un fonctionnement payant à ses utilisateurs, je compte sur ce site pour créer une communauté libre autour du covoiturage."

Grâce à sa force de frappe, la SNCF espère sans doute faire mieux que les jeunes pousses concurrentes de Blablacar et atteindre la masse critique d'utilisateurs nécessaire pour ne pas décourager les nouveaux arrivants ne trouvant pas suffisamment d'annonces. Quitte, peut-être, à cannibaliser son activité traditionnelle en proposant à ses clients TGV de se tourner vers IDVROOM. D'autant que ce n'est pas la première fois que la SNCF propose deux services concurrents : elle a notamment déjà mis en place les iDBUS, qui effectuent des trajets entre grandes capitales européennes.