Vectaury annonce lever 20 millions d'euros pour contrer Teemo et Singlespot

Vectaury annonce lever 20 millions d'euros pour contrer Teemo et Singlespot L'adtech française qui opère dans le marché ultra-concurrentiel de la data de géolocalisation s'associe à Jolt Capital pour se développer à l'étranger.

En recherche de nouveaux fonds depuis près d'un an,  Vectaury, spécialiste français de la data de géolocalisation, vient de trouver chaussure à son pied. La société fondée par Matthieu Daguenet et Mokrane Mimouni annonce boucler un tour de table de 20 millions d'euros mené par Jolt Capital. Selon nos informations, Vectaury a sécurisé une tranche de 6 millions d'euros, le reste étant conditionné à des objectifs auxquels s'ajoute de l'émission de dette, ce que dément Matthieu Daguenet. Teemo et Singlespot, avec lesquels Vectaury bataille pour installer son SDK dans les app de partenaires éditeurs, ont respectivement levé 15 et 6 millions d'euros en échange d'une partie de leur capital.

Au printemps dernier, Vectaury avait déjà failli boucler une levée de fonds nécessaire à son développement. L'anglais Draper Esprit devait alors mettre près de 5 millions d'euros au pot. L'opération tombée à l'eau, les business angels de la start-up, qui avaient injecté 2 millions d'euros, ont décidé d'effectuer un bridge, c'est à dire en l'occurrence remettre un million d'euros pour renflouer la trésorerie de l'entreprise le temps de trouver un accord avec Jolt.

En 2017, la société a réalisé 3,7 millions d'euros de chiffre d'affaires et comptait près de 50 collaborateurs sur l'exercice. "Cette masse salariale extrêmement importante au regard des revenus de Vectaury pèse sur ses comptes", analyse un connaisseur du marché. En comparaison, Singlespot a réalisé 5 millions d'euros de chiffre d'affaires l'année dernière avec deux fois moins de collaborateurs.

"Nous lançons mi-octobre un Google Analytics du point de vente"

Aujourd'hui, Vectaury réalise 90% de son chiffre d'affaires via des campagnes "drive to store" où elle active la donnée de géolocalisation collectée depuis son SDK et un DSP qui analyse les bid requests pubs mobile. "Mais nous ne voulons pas nous cantonner aux investissements médias display to store, explique Matthieu Daguenet. Nous voulons aider les retailers à mesurer l'efficacité de leurs investissements marketing online et offline." Le fondateur de Vectaury mise donc gros sur la plateforme retail qu'il lance officiellement mi-octobre et qui sera proposée aux retailers moyennant une licence annuelle. "Il s'agit d'un Google Analytics du point de vente qui va leur permettre de mieux comprendre le comportement physique de leurs clients et prospects pour optimiser la visibilité géographique de leur marque."

Vectaury n'est toutefois pas le seul à brandir ce repositionnement vers le retail tech. Adotmob a déjà officialisé le lancement d'une plateforme de ce genre cet été et Singlespot s'apprête à le faire. "Nous sommes les seuls à coupler analyses quantitatives et panels", pointe toutefois Matthieu Daguenet. Alors que Teemo est depuis quelques mois dans le viseur de la Cnil, le fondateur de Vectaury veut également tirer son épingle du jeu avec la plateforme de gestion du consentement (CMP) qu'il met à disposition des éditeurs d'application. "Les utilisateurs peuvent contrôler les données qui sont partagées à Vectaury ainsi que tous les autres acteurs analytics, marketing et publicitaires au sein d'un même espace."

Vectaury, qui a déjà convaincu plus de 100 clients dont Système U, Nissan ou Marionnaud, regarde désormais hors de ses frontières. Aux Etats-Unis mais aussi en Asie où Jolt Capital bénéficie d'un réseau bien implanté. La start-up se réserve la possibilité d'y réaliser une ou deux acquisitions pour booster sa croissance. De quoi lui permettre de multiplier son chiffre d'affaires par trois en 2018, comme l'ambitionne Matthieu Daguenet ? Le dirigeant espère également renforcer son équipe pour passer de 70 salariés aujourd'hui en France à 150 salariés.