La musique sur mobile : à quand la "killer app" ?

Au milieu des nombreuses initiatives Web autour de la musique, reste-t-il des opportunités à saisir sur le mobile pour les opérateurs ?

Les mauvaises nouvelles de début d'année (encore)
Le Syndicat national de l'édition phonographique (SNEP) annonce une nouvelle baisse du marché de la musique de l'ordre de 15% sur 2008, atteignant maintenant 600 millions d'euros. Une baisse plus faible qu'en 2007 (17,4%), avec une progression des ventes de musique numérique (maintenant 70 millions d'euros sur les 600) qui ne compense toujours pas la chute globale.

Face à cette descente aux enfers, les fabricants de mobiles et opérateurs ont tour à tour tenté récemment des électrochocs en lançant des offres de musique illimitée. Des offres basées sur un tarif plutôt onéreux (un catalogue se voulant exhaustif est cher), et pariant sur un changement de nos habitudes de dépenses musicales. Car 600 millions d'euros, c'est approximativement un budget de 30 euros par an par foyer : on est loin des 10 (ou plus) euros par mois qu'il faut débourser pour bénéficier de ces nouvelles options.

Le risque de ces offres étant de rester confidentielles si elles n'arrivent à convaincre que les seuls musicophiles plus dépensiers, dont l'appétit saurait dépasser des freins comme la DRM (bientôt d'un autre âge) et les soucis de compatibilité (Player imposé, compatibilité Mac, formats de fichiers).  Le temps nous dira rapidement si ces électrochocs arriveront à stimuler suffisamment le marché.
 
De fausses bonnes idées ?
Sauf inversion de tendance radicale, on constate donc que le consommateur perçoit de moins en moins le contenu comme fortement porteur de valeur, le piratage et autres offres légales de streaming illimitées soutenant cette tendance. Un vrai casse-tête pour l'opérateur, le défi étant de trouver un modèle économique viable qui ne s'appuie pas totalement sur un « premium » contenu, ni sur la valeur du terminal qu'il subventionne le plus souvent. La tentation est forte de s'inspirer des gros succès du moment: Deezer sur le web, ShazamID et autres Liveradio sur iPhone. Mais transposer ces services dans une version mobile grand public est moins simple qu'il n'y paraît.
 
En effet concernant tous ces succès l'expérience client  "de base" (i.e. écouter sa musique) est sans faille : dès lors il est possible d'en "offrir plus" à des clients réceptifs, voire demandeurs. Or écouter sa musique, et avant ça la transférer, sur un mobile classique est loin d'être une expérience idyllique : installation du CD fourni, transferts USB très lents (souvent bien en deçà de la norme USB 2.0), ergonomie générale,  sont autant de freins qui en conduisent beaucoup à se contenter de la radio. Difficile d'en donner "plus" à un client quand on ne lui donne pas l'essentiel.
 
Finalement , quelle "killer app" pour l'opérateur?
Dans un contexte où le mobile propose une expérience "out of the box" plutôt douloureuse et frustrante mais où l'opérateur dispose du savoir-faire et des infra-structures permettant d'intégrer un parcours client cohérent multi-écran, il est possible de formuler une proposition attractive et grand public.

Construire ce parcours autour du contenu que le consommateur possède déjà ("copie privée" ) est de plus une opportunité de contourner certaines contraintes (coût, DRM imposées, négociations longues avec les ayant droit) tout en répondant directement à ses vraies attentes : écouter sa propre musique avant tout. L'aspect "Music Store" serait alors un mécanisme d'Up-Selling en marge du service principal permettant l'achat d'impulsion depuis le mobile.

De manière plus concrète le client pourrait en un clic, de n'importe où, faire "le plein" de musique sur son mobile. Mieux encore, ses appareils et outils habituels deviendraient un ensemble cohérent:  toute sa musique, ses playlists et autres ratings seraient utilisables depuis son ordinateur perso, un navigateur web, mais aussi son player mp3, son GPS multi-media, son bouquet TV, sa Wii connectée au Home Cinéma du salon, etc. Sans avoir à se soucier de câbles, transferts, format des fichiers.
 
Quels clients seraient prêts à payer quelques euros pour ces possibilités ? Quels nouveaux enablers s'appuyant sur les réseaux fixes et mobiles et permettant de délivrer ces expériences seraient monétisables auprès de tiers ? Des questions qui valent le coup d'être étudiées pour tenter de construire autant de nouveaux modèles économiques plus prometteurs.