Mobile World Congress 2013 : NFC, beaucoup de bruit pour rien ?
Difficile de faire l’impasse sur la technologie Near-Field-Communication pour les participants du congrès de Barcelone 2013.
La GSMA – qui représente les opérateurs et organise le congrès – avait mis le paquet pour promouvoir la technologie à travers tout un dispositif d’expériences NFC :
* Badge virtuel NFC pour
réduire les files d’attente,
* Centre NFC, une zone
dédiée au cœur du congrès,
* Zones interactives NFC,
plus d'une dizaine placées le long des allées, les entrées et salles
d'exposition de Fira Gran Via,
* Sites NFC de la ville
de Barcelone, points de service NFC disponibles à l'aéroport, dans certains
hôtels, restaurants et boutiques.
De très nombreux acteurs ont fait la promotion de leurs offres NFC, de Gemalto à Inside Secure en passant par NXP, Visa ou les opérateurs (Orange en tête). Ce type d’expériences permet de démontrer au plus grand nombre que le NFC ne se limite pas – bien au contraire – aux services de paiement sans contact. C’est même ce type d’expérience, associé aux services de transport et de partage d’informations, qui pourra faire décoller les usages.
Sony a annoncé avoir
intégré ou être en train d’intégrer le NFC dans 35 de ses produits et pas
seulement dans ses smartphones. Le NFC devient un standard et seul Apple n’a
pas encore fait ce choix technologique. Au niveau mondial, Forrester estime
qu’on devrait franchir la barre des 250 millions de possesseurs de terminaux
NFC d’ici la fin de l’année 2013. En France la barre des 3 millions a déjà été
franchie fin 2012 d’après François-Xavier Godron, en charge du sans-contact
chez Orange.
Alors comment se fait-il
que le PDG de PayPal, David Marcus, puisse dire lors d’une conférence que le
« NFC est encore une technologie à la recherche d’un problème à
régler » ? Si on se place du point de vue du paiement mobile, je suis
plutôt d’accord avec cette vision. La valeur ajoutée ne vient pas ou peu de la
technologie elle –même mais de la capacité à combiner différentes technologies
et services pour apporter une nouvelle expérience client AVANT et APRES l’acte
d’achat. Le NFC n’est qu’une des technologies qui permet ce type d’expériences
mais attention à ne pas en faire l’alpha et l’oméga du paiement mobile.
Passer d’une simple
adoption à un marché de masse, à savoir une utilisation généralisée nécessitera
non seulement une importante éducation de marché, mais également et surtout, la
construction de valeur, pour les clients
et les commerçants, qui doit aller
beaucoup plus loin que la commodité et la rapidité, et qui doit créer une
véritable valeur ajoutée à l’ensemble du
processus commercial. Il y aussi d’autres enjeux à régler et notamment le
modèle économique. Visa s’est exprimé avec force sur le sujet à Barcelone en
demandant aux opérateurs d’être moins gourmand lorsqu’ils facturent les
institutions financières dans leur modèle SIM-centric. L’accord entre Visa et
Samsung est d’ailleurs assez emblématique de la volonté d’ouvrir à nouveau le
débat sur le Secure Element.
Je prends le pari que d’ici fin 2013 et même fin 2014, la très grande majorité des consommateurs qui achèteront un téléphone NFC ne se servira pas régulièrement de cette fonctionnalité pour payer en magasin.
Alors, le NFC beaucoup de
bruit pour rien ? Je ne le pense pas. Ce genre de salon est indispensable
pour faire la promotion de nouvelles technologies et l’inscrire dans le
quotidien des individus. Je pense que le NFC a de beaux jours devant lui et que
l’écosystème est enfin en train de mûrir.
Il y a aussi de multiples
applications possibles en entreprise (badge, accès cantine, zones sécurisées,
paiement machine à café, paramétrage automatique de tâches via des tags NFC,
etc…). Il est urgent de s’y préparer et d’anticiper les impacts, de lancer des
pilotes et pour une minorité de développer dès aujourd’hui des offres
commerciales. Pour autant, les usages associés à la technologie NFC – en
particulier le paiement – vont décoller moins vite que certains ne l’espèrent.