Le lancement des enchères pour la 5G laisse les industriels dans le flou

Le lancement des enchères pour la 5G laisse les industriels dans le flou Après plusieurs mois de retard en raison de la crise du coronavirus, les enchères pour l'attribution aux opérateurs français des fréquences comprises entre 3,4 et 3,8 GHz sont lancées ce mardi 29 septembre.

La France lance ce mardi 29 septembre la vente aux enchères des fréquences 5G. Pourtant, les industriels n'ont toujours aucune visibilité sur le calendrier à venir pour leurs projets basés sur cette nouvelle technologie. Les enchères pourraient prendre plusieurs semaines (tant que les opérateurs continuent de surenchérir). En Allemagne par exemple, elles ont duré presque trois mois. "Il va falloir encore quelques mois avant la disponibilité du réseau, s'il n'y a pas d'accélération, ce ne sera pas avant 2021 ou 2022", précise Lionel Morand, architecte réseau chez Orange et président de chaire à l'organisme de standardisation 3GPP.

Trois bandes de fréquence ont été identifiées pour la 5G. Celle de 700 MHz est déjà disponibles. Dans l'IoT, ce sont sur ces bandes de fréquence que sont basés les réseaux LTE-M et NB-IoT. Les enchères actuelles concernent l'attribution de onze blocs de fréquence comprises entre 3,4 et 3,8 gigahertz (GHz). "Les applications sur lesquelles les opérateurs communiquent avec la 5G concernent surtout le grand public, qui disposera d'une rapidité accrue, utile notamment pour la vidéo", explique Ronan le Bras, en charge de la technologie et de l'innovation chez Orange Business Services.

Les opérateurs se concentrent pour l'instant sur l'accueil de la 5G par les Français. Ericsson s'est penché dans sa dernière étude, dévoilée ce mardi 29 septembre (et disponible en pied d'article), sur les attentes des consommateurs depuis la crise sanitaire. 70% des répondants ont indiqué vouloir attendre de mieux comprendre les avantages de la technologie avant de l'adopter. "L'avantage de cette course pour séduire les consommateurs est que cela va amener une baisse des coûts de la connectivité pour l'ensemble des utilisateurs, et donc pour les industriels aussi", souligne Hatem Oueslati, CEO et cofondateur d'IoTerop, spécialisée dans le device management. Des antennes ont déjà été installées dans plusieurs villes françaises, à Paris, Marseille ou Lyon. "Cette 5G est bâtie en non stand-alone, c'est-à-dire qu'elle ne fonctionne pas seule. Les antennes 5G s'appuient sur le cœur de réseau 4G", explique Lionel Morand. Il faudra attendre que le cœur de réseau soit disponible en 5G pour bénéficier des pleines capacités.

Les industriels attendent également de pouvoir utiliser la bande de fréquence millimétrique de 26 GHz offrant une fiabilité et une latence de moins de 5 millisecondes, pour des applications robotiques en temps réel notamment. Ces bandes de fréquence ne sont pas encore disponibles. Une consultation est programmée pour 2021 et "les enchères pour leur attribution ne sont pas prévues avant trois ans", souligne Julien Sarrade, chez Keysight Technologie.

Le groupe Lacroix a commencé à travailler sur la 5G dans la bande de fréquence des 700 MgH avec OBS. "Les tests ont commencé il y a quelques semaines, nous sommes sûrs d'en retirer des gains mais nous ne savons pas dans quelle proportion", précise le directeur de l'innovation Stéphane Gervais. Un réseau privé sera installé l'an prochain pour la nouvelle usine pilote de Lacroix à Beaupréau, près de Nantes. D'autres entreprises comme Engie préfèrent attendre que la technologie soit plus concrète. "Nos objets en LPWAN sont prêts pour implémenter la 5G mais il n'y a pas de mise en œuvre possible pour le moment donc nous ne menons pas d'expérimentation", indique Louis Gorintin, chef du lab Nanotech, Sensors and Wireless au Crigen, centre de recherche corporate d'Engie.

La 5G est étudiée depuis longtemps, l'organisme de standardisation 3GPP avait établi une première version des spécifications en 2015 sur la partie radio. Une deuxième version a été finalisée cet été 2020 pour le développement des cœurs de réseau servant à interconnecter les antennes. Une troisième version est prévue courant 2021 concernant l'intégration des réseaux satellitaires et l'amélioration des services connectés. "Aujourd'hui, tout le monde se focalise sur la technologie radio mais la 5G ce n'est pas que ça, c'est aussi la possibilité de créer des interfaces spécialisées pour les industriels et de combiner les services, par exemple entre le cellulaire et le réseau LoRaWAN", souligne Lionel Morand. Mais les résultats concrets ne sont pas effectifs avant 2023 au moins.