Les aliments qui reçoivent le plus de pesticides

Les aliments qui reçoivent le plus de pesticides Blé, maïs, colza, pomme de terre... Quelles sont les cultures où sont déversés le plus d'herbicides et autres insecticides ?

Un champ de pomme de terre reçoit en moyenne 15,6 doses de produits phytosanitaires par an. Largement plus que toutes les autres grandes cultures comme le colza (5,5 doses de traitement par an) ou le blé tendre (3,8 doses de traitement par an). Les chiffres du ministère de l'Agriculture, qui prennent en compte à la fois le nombre d'épandages et la quantité reçue (voir la méthodologie) et portent sur l'année 2011, ont de quoi surprendre. Qui aurait pu penser qu'une pomme de terre subissait autant de traitements ?

La nature des produits utilisée est très variable selon les cultures. Pour la pomme de terre, ce sont essentiellement des fongicides (traitement contre les maladies dues aux champignons microscopiques) qui sont répandus, à raison de 11,6 doses par an. Pour le triticale (un croisement entre le blé et le seigle destiné à l'alimentation animale), ce sont les herbicides, permettant de détruire les mauvaises herbes, qui sont en cause. Les insecticides, utilisés assez massivement pour les cultures de colza ou de pois protéagineux, sont eux essentiellement destinés à lutter contre les pucerons. Les autres traitements comprennent notamment les régulateurs de croissance (des traitements qui limitent la pousse de la plante pour éviter aux tiges de casser) et des anti-limaces.

 
Les cultures pour lesquelles on a le plus recours aux pesticides
Rang Culture Fréquence de traitement (doses par an) Herbicides Fongicides Insecticides Autres
Source : Agreste
1 Pomme de terre 15,6 2,3 11,6 1,4 0,3
2 Colza 5,5 1,6 1,2 2,4 0,3
3 Betterave à sucre 4,2 2,7 1,3 0,2  
4 Blé tendre 3,8 1,4 1,5 0,4 0,5
5 Pois protéagineux 3,8 1,3 0,9 1,6  
6 Orge 3,1 1,4 1,1 0,1 0,5
7 Blé dur 2,8 1,3 1,1 0,2 0,2
8 Triticale 1,9 1,1 0,5 0,1 0,2
9 Maïs grain 1,9 1,5   0,3 0,1
10 Tournesol 1,7 1,4   0,1 0,2
11 Maïs pour le fourrage 1,5 1,4   0,1  

La fréquence des traitements varie également énormément selon les régions. Dans les immenses plaines de la Beauce, en Ile-de-France, un champ de blé tendre est par exemple traité avec 5,6 doses de traitement annuellement, contre 2,1 doses pour le même type de culture en Auvergne. Un champ de maïs grain (non destiné au fourrage) sera soumis à deux fois plus de traitements en Alsace qu'en Aquitaine. Quand à la pomme de terre, elle reçoit 18 doses de traitement par an en Champagne-Ardenne contre 8,7 en Basse-Normandie. Cela s'explique par les différences de pratiques mais aussi par les conditions climatiques ou la nature du terrain.

Les épandages sont toutefois en recul pour la plupart des cultures par rapport à la précédente enquête, qui portait sur l'année 2006. Les pommes de terre reçoivent ainsi une dose de traitement en moins, le tournesol ou le colza 0,4 dose de moins. Seuls les herbicides tendent à être davantage utilisés, notamment pour le blé dur, l'orge, les betteraves ou les pommes de terre.

Méthodologie

L'indicateur de fréquence de traitement mesure le ratio entre la dose employée, appliquées par culture pendant une campagne, et la dose de référence (qui est la plus petite dose homologuée autorisée). Le calcul de cet indicateur prend donc en compte à la fois le nombre de traitements effectués et le dosage appliqué lors de chaque traitement. Ne sont comptabilisés que les produits phytosanitaires appliqués au champ, c'est-à-dire hors traitement des semences et des produits après récolte.

Les chiffres sont issus d'une enquête publiée en 2013 par le ministère de l'Agriculture, de l'Agroalimentaire et de la Forêt, portant sur les pratiques de 2011. Pour une culture donnée, sont retenues les principales régions en termes de superficie afin de couvrir une part importante de la superficie nationale (autour de 90%), sans pour autant intégrer des régions marginales.