Vincent Bolloré (Groupe Bolloré) "Nous sortirons un véhicule électrique trois places avec Renault avant 2017"
Vincent Bolloré confie au JDN ses projets en matière de véhicules électriques. Au menu des nouveautés : un cabriolet, un grand utilitaire et une nouvelle citadine.
Ce 4 mars 2015, Vincent Bolloré, (Groupe Bolloré, Vivendi, Havas, Blue Solutions...) annonçait un partenariat avec l'ascensoriste Schindler, pour constituer ce qui sera "la plus importante flotte de véhicules 100% électriques Blueutility d’une entreprise privée". L'occasion pour le JDN d'interroger l'homme d'affaires sur ses projets pour les véhicules électriques... et de regarder avec lui quelques-unes des photos de son téléphone portable !
JDN. Après la Bluecar, qui est une citadine 4 places, quels seront vos prochains modèles de voiture électrique ? On parle d'un véhicule 3 places en partenariat avec Renault pour 2015…
Vincent Bolloré. Ce sera plus tard que 2015. Nous y travaillons en 2015 pour une sortie avant 2017. Avant cela, on commercialisera la Bluesummer, un cabriolet électrique 4 places, une voiture de plage formidable ! Quelqu'un de chez nous veut la vendre à Los Angeles, il m'a fait un montage avec la voiture aux couleurs d'Apple, de Facebook. Regardez, c'est très sympa ! (Il nous montre les photos sur son téléphone portable, NDLR). Avant de lancer notre 3 places, nous pensons aussi transformer notre bus électrique de 6 mètres en gros utilitaire.
La Bluecar est aujourd'hui intégrée aux services d’auto-partage de Paris, Lyon, Bordeaux, Minneapolis aux Etats-Unis, Angkor au Cambodge… Quels sont les prochains marchés que vous visez ?
"Pour l'auto-partage, on a beaucoup de demandes. De Rome, de Barcelone..."
Nous avons décidé d'ouvrir chaque année un nouveau service Bluecar dans deux villes. En 2015, nous ouvrirons des services Bluecar à Indianapolis et à Londres. En 2016, ce sera je l'espère Singapour et une autre ville qui n'est pas encore fixée. Pour Singapour, on a un appel d'offre auquel il faut qu'on réponde avant fin mars. La ville rendra sa décision en août. On a beaucoup de demandes : de Rome, de Barcelone… mais actuellement, on ne peut pas toutes les satisfaire.
Aujourd'hui, vous vous êtes donc positionné sur le BtoB. Est-ce que vous envisagez de passer à un marché BtoC ?
"Nous pensons transformer notre bus électrique de 6 mètres en gros utilitaire"
On aimerait bien mais quand vous n'êtes pas connu, que vous n'avez ni marque, ni réseau, c'est compliqué. Aujourd'hui, le grand public ne nous connait pas, ne sait pas qui on est et encore moins si on peut réparer les voitures… Tous ces éléments ne nous permettent pas de nous projeter vers un marché BtoC. Cela dit, je ne dis pas qu'on n'y arrivera pas un jour… peut-être à travers un partenariat.
En Europe, le marché du véhicule électrique a progressé de 60,9% en 2014 par rapport à 2013. Cet essor est lié aux bonnes performances de la France (2e) et de la Norvège (1re). Qu'est-ce qui favorise la croissance de ce marché dans l'Hexagone ?
"Chaque année, nous ouvrirons un nouveau service Bluecar dans deux villes"
En vérité, c'est Autolib' et l'auto-partage mis en place dans les trois grandes métropoles françaises qui fait la différence. Hors Autolib', je pense que vous avez les mêmes chiffres en France et en Europe. La force du principe d'auto-partage est qu'il donne aux gens la possibilité de découvrir le véhicule électrique. Ils peuvent ainsi se rendre compte qu'il a de bonnes accélérations et qu'il existe assez d'endroits pour le recharger. A contrario, la plupart des gens qui n'ont jamais conduit de véhicules électriques pensent que c'est une voiture de golf… De façon globale, la France commence à être portée vers l'industrie verte mais entre ce qu'on veut et ce qu'on est prêt à sacrifier il y a toujours une différence. Si les gens utilisent Autolib', c'est parce que c'est pas cher et pratique plus que par devoir citoyen.
On parle dans les années à venir de nouvelles batteries pour les véhicules électriques, notamment du métal-air, qui aurait un rendement énergétique 10 fois plus élevé que celui de votre batterie LMP (lithium métal polymère). Croyez-vous en ces nouvelles technologies ? Quand pensez-vous qu'elles verront le jour ?
"Le marché BtoC ? Je ne dis pas qu'on n'y arrivera pas un jour… peut-être à travers un partenariat"
Nous qui avons des usines et des connaissances depuis pratiquement 40 ans dans le stockage d'électricité, on n'a pas entrevu ces capacités-là. De toute façon, entre le moment où vous mettez au point une nouvelle technologie et le moment où vous êtes capable d'industrialiser, il se passe 10 ans. Donc je ne pense pas qu'il y aura de progrès importants pour les batteries avant de nombreuses années.