Véhicules autonomes : Google et GM dominent, Apple bonnet d'âne

Véhicules autonomes : Google et GM dominent, Apple bonnet d'âne La Californie a publié les résultats des tests des acteurs de la voiture autonome réalisés dans l'Etat en 2018. Le JDN les a épluchés pour faire ressortir les vainqueurs et les perdants.

Des progrès, mais encore tant d'obstacles à surmonter. Le DMV de Californie, le régulateur local autorisant les tests de véhicules autonomes dans l'Etat le plus peuplé des Etats-Unis, vient de publier les rapports annuels sur les "désengagements" fournis par les entreprises du secteur. Dans le jargon de la voiture autonome, ce terme décrit la reprise en main d'un véhicule par son opérateur de sécurité en cas de dysfonctionnement du système. C'est donc une donnée intéressante pour jauger la qualité et la progression dans le temps de ces technologies.  En somme, plus le nombre de désengagements est bas, meilleure est la techno. Quant à la Californie, il s'agit de La Mecque du véhicule autonome : 62 sociétés, des start-up spécialisées aux industriels de l'auto en passant par les grands groupes tech, disposent d'une licence pour y mener leurs expérimentations.

En 2018, ces testeurs ont parcouru 3,3 millions de kilomètres sur les routes californiennes. Une forte progression par rapport à l'année dernière (800 000 kilomètres). Dans le détail, Waymo, la filiale de conduite autonome d'Alphabet (Google) confirme sa position de leader, incontestée depuis l'existence de ces rapports, avec 0,09 désengagement par 1 000 miles (1 600 kilomètres), soit deux fois moins que l'année dernière. Son plus proche concurrent, Cruise (filiale de GM), a donc un an de retard : il fait plus de deux fois moins bien, avec 0,19 désengagement.

Les autres prétendants les plus proches sont des start-up spécialisées dans la conduite autonome : Zoox (0,5), Nuro (0,97) Pony.AI (0,98). Seuls Français autorisés à expérimenter en Californie, l'équipementier Valeo et le constructeur de navettes Navya n'ont réalisé aucun test dans l'Etat américain cette année. A noter que Google a commencé ses tests bien avant les autres, à la fin des années 2000. Par ailleurs, certaines entreprises peuvent avoir d'autres lieux de tests principaux que la Californie où leurs systèmes pourraient être plus aboutis.

Les constructeurs à la peine

Parmi les enseignements, on peut conclure que le pari de GM est en train de payer : le constructeur américain a racheté la start-up Cruise pour plus d'un milliard de dollars en 2016, ce qui lui permet aujourd'hui d'être le seul constructeur auto à se hisser dans le haut du classement californien. Cependant, même les meilleurs ont de sérieux progrès à faire : avec un désengagement tous les 18 000 kilomètres, Waymo est encore loin d'être prêt à laisser la machine seule à bord, car le nombre d'accident potentiels resterait élevé à l'échelle d'un service de transport dont la flotte parcourrait des milliers de kilomètres chaque jour.

Les concurrents de GM dans l'automobile sont à la peine. Mercedes est le pire d'entre eux, avec 683 désengagements pour 1 000 miles. Pas beaucoup mieux chez les Japonais Honda (458) et Toyota (394) ou du côté de l'Allemand BMW (219). A noter les performances très correctes de Nissan, avec 4,75 désengagements pour 1 000 miles, qui vient se placer devant des start-up spécialisées comme Drive.ai ou Aurora. Il est intéressant de relever l'absence d'autres acteurs, dont certains ont annoncé en fanfare leur arrivée en Californie pour tester des véhicules autonomes, mais sont devenus moins diserts lorsqu'ils ont arrêté leurs tests. Parmi ces acteurs qui possèdent une licence mais n'ont réalisé aucun test en 2018 : Bosch, Continental, Ford, Volkswagen, ou encore le VTC Lyft. Quant à son concurrent Uber, sa licence a expiré en mars 2018.

Google enregistre… 9600 fois moins de reprises de contrôle par un humain qu'Apple

Du côté des groupes technologiques, Nvidia se trouve en milieu de classement, avec 77 désengagements. Mais le fabricant de semi-conducteurs n'est pas un véritable acteur du secteur : peu intéressé par le lancement de voitures ou de services de transports autonomes, il cherche surtout à tester ses composants. Le Chinois Baidu se place dans la première moitié du classement, avec 4,9 désengagements pour 1 000 miles, en forte progression par rapport à l'année dernière (24). Le bon dernier est un géant de la tech peu habitué aux bas de classement : Apple. L'entreprise enregistre 871 désengagements pour 1 000 miles. Autrement dit, son grand rival Google connaît… 9600 fois moins de reprises de contrôle par un humain.

D'énormes disparités qui s'expliquent principalement par l'expérience et le temps passé sur les routes. Car les deux nets leaders de la course au véhicule autonome, Waymo et Cruise, sont aussi ceux qui ont conduit le plus en 2018, et de loin : à eux deux, ils s'arrogent presque 90% des trajets parcourus en Californie en 2018. Ne devient pas Google qui veut.