Antonin Chartier (Jimmy Fairly) "Les multinationales de l'optique maintiennent des prix trop élevés"

Les fondateurs de la marque de lunettes haut de gamme Jimmy Fairly ouvriront trois nouveaux points de vente au premier semestre 2013.

Des lunettes de designers, vendues 95 euros la paire, monture et verres compris. C'est ce que proposent Antonin Chartier et Sacha Bostoni, les fondateurs de la marque Jimmy Fairly. Détenteur d'un master 1 en psychologie, le premier a 25 ans. Sacha Bostoni, 27 ans, est quant à lui diplômé d'HEC. Leur secret ? Supprimer les intermédiaires pour vendre leurs modèles directement à leurs clients. Un concept qui leur a valu le 1er prix au concours des Jeunes créateurs du commerce, organisé par Unibail-Rodamco.

antonin
Antonin Chartier, co-fondateur de Jimmy Fairly. © Jimmy Fairly

JDN. Y'a-t-il encore de la place pour de nouveaux acteurs dans l'industrie de l'optique ?

Antonin Chartier. Lorsque j'ai commencé à travailler sur ce projet, fin 2010, les lunettes faisaient partie des rares biens de consommation qui étaient peu répandus en ligne. Je suis parti d'un constat : le marché de l'optique est dominé par deux grandes multinationales qui maintiennent des prix anormalement élevés. Ces firmes achètent des licences aux marques de luxe, sous-traitent le design et la fabrication des lunettes, et envoient les montures à des grossistes pour finalement les vendre en magasin. Et tous ces acteurs prennent des marges considérables. En supprimant cette chaine d'intermédiaires, nous sommes en mesure de proposer des prix compétitifs. Alors qu'en France, le prix moyen d'un équipement, monture et verres progressifs compris, s'élève à 433 euros, il est de 193 euros chez Jimmy Fairly et de 95 euros pour des verres simples.

Donc vous vendez des lunettes de créateurs à un prix discount ...

Non, pas tout à fait. Nous avons créé une marque, avec des valeurs uniques et un univers fort. Nos modèles sont dessinés en France, par nos propres designers, et fabriqués dans une usine partenaire en Italie. Nous remettons au goût du jour des montures vintage, en revoyant les formes, en les affinant et en changeant les couleurs. Nous présentons à nos clients une sélection de 50 modèles, pas plus. Avec Jimmy Fairly, notre but était aussi de dédramatiser l'achat d'une paire de lunettes. Fini le temps où vous passiez 45 minutes chez un opticien qui vous mettait sous le nez un énorme catalogue. Vous pouvez commander vos lunettes en ligne, sur le site Internet lancé en 2011, et être livré chez vous. Attention, ça ne vaut pas pour les verres progressifs, puisqu'il faut prendre des mesures, ce que nous faisons en boutique. Nous avons ouvert un premier point de vente en mai dernier, dans le quartier parisien du Marais. L'accueil est très positif : nous avons vendu plus de 3 000 paires les six premiers mois.

Quelle est la prochaine étape pour Jimmy Fairly ?

L'ouverture de trois nouveaux points de vente au premier semestre 2013. Rien n'est encore sur quant à leur emplacement, mais l'un d'entre eux sera très probablement implanté en France. Comme nous avons remporté le Grand prix des jeunes créateurs du commerce, Unibail-Rodamco prend en charge notre droit d'entrée dans l'un de ses centres commerciaux, dans la limite de 750 000 euros, et nous offre le loyer pendant les six premiers mois d'exploitation. Nous comptons aussi nous internationaliser, en commençant par un développement de nos activités en Europe. Il y a deux semaines, nous avons lancé Jimmyfairly.com.de, la version allemande. Comme les gens sont très mal remboursés là-bas, le concept cartonne.