Gaspillage alimentaire : il faut une solution pour les produits qui n'arrivent pas jusqu'aux rayons !
Le gaspillage alimentaire est un épineux sujet, mais aujourd'hui le radar doit être mis sur les réseaux de distribution, responsables aujourd'hui de plus de 50% du gaspillage alimentaire. Il est crucial de suivre la prise de conscience des consommateurs et d'ajuster nos réglementations et nos circuits de distribution alimentaire, afin de réduire drastiquement pertes et gaspillages.
A l’aune de la journée du 16 octobre, pensée pour sensibiliser toutes les parties prenantes à l’épineux sujet du gaspillage alimentaire, on voit d’ores et déjà fleurir bon nombre de chiffres et de conseils en appelant au consommateur et à son bon sens. A raison, bien entendu… Mais l’affaire est, je crois, suffisamment urgente pour que le radar soit enfin mis sur nos réseaux de distribution, responsables aujourd’hui de plus de 50% du gaspillage alimentaire*.
A l’origine : des critères historiquement légitimes, mais aujourd’hui obsolètes
Les clients achètent traditionnellement avec leurs yeux. Pour cette raison essentiellement, les circuits de distribution traditionnels ont contraint nos producteurs et nos industriels à inscrire leurs denrées et produits dans des cahiers des charges au mieux excessivement stricts, au pire diablement absurdes. Les obligations concernent le gabarit des fruits et légumes par exemple, leur esthétisme global, mais aussi les éventuels accrocs sur le packaging, ou encore les DDM (date de durabilité minimale) trop courtes. Il faut bien comprendre qu’aujourd’hui, à défaut de correspondre en tout point aux critères de ces acheteurs exigeants, les denrées sont bien souvent perdues… Un manque à gagner financier notable pour les agriculteurs, puisqu’il peut représenter jusqu’à 20% de leur chiffre d'affaires annuel.** Or, et nous en sommes convaincus, les clients ont changé, et plus que jamais ces derniers mois. Leurs achats du quotidien répondent de moins en moins souvent à des impulsions de consommation, et de plus en plus à deux critères : le rapport qualité/prix et l’impact sur l’environnement. En d’autres termes, le client est prêt à accepter de remplir son panier d’une part de produits « moches », s’il réalise une économie et/ou s’il sait que son geste est bon pour l’environnement. Encore faut-il être en mesure de les lui proposer…
2021 : des réglementations européennes encore bloquantes
On ne peut que saluer les récentes initiatives gouvernementales en faveur d’une réduction drastique des déchets, y compris alimentaires. On peut en revanche observer, au-delà d’un manque d’ambition quant au timing donné dans le combat, certaines incohérences réglementaires sur le sujet. Peu de consommateurs savent en effet qu’il est interdit de vendre en direct un fruit ou un légume ne répondant pas aux critères de taille réglementaires. A titre d’exemple, je ne peux pas vendre un kiwi pesant moins de 62g, même à un tarif correspondant. Ce gaspillage alimentaire additionnel n’est malheureusement pas comptabilisé par nos études hexagonales, mais il est aisé d’imaginer les pertes considérables, et leur impact dramatique pour notre écosystème. Il est donc plus qu’urgent que de réelles actions d’information et de lobbying se mettent en place du côté des distributeurs, de toute taille, afin de contraindre le régulateur à revoir sa copie d’une part, et à penser d’autre part une vraie démarche européenne de l’anti-gaspi !
Il est crucial de suivre la prise de conscience des consommateurs et d’ajuster nos réglementations et nos circuits de distribution alimentaire, afin de réduire drastiquement pertes et gaspillages. Des solutions simples peuvent être vertueuses pour les producteurs (avec des revenus en plus), pour les consommateurs (avec des bons produits moins chers), et pour la planète (en évitant des milliers tonnes d’émissions de gaz à effet de serre).
*ADEME - septembre 2021
**ADEME - septembre 2021