Comment l'estampille environnement s'est imposée chez LVMH

Comment l'estampille environnement s'est imposée chez LVMH Le groupe de luxe français s'est réorganisé en profondeur pour devenir plus green.

Sur le papier, transition énergétique et luxe ne font pas forcément bon ménage, la première n'apparaissant pas vraiment parmi les préoccupations des amateurs du second. LVMH semble pourtant avoir trouvé les ingrédients pour réunir ce couple improbable. La rencontre remonte à 1992, date à laquelle la direction de l'environnement a vu le jour. "J'ai assisté au Sommet de Rio et le sujet m'a passionnée, raconte Sylvie Bénard, qui l'a créée. Je travaillais déjà chez LVMH, mais dans la recherche. Lorsque j'en ai parlé à mon retour, on m'a dit : D'accord, montrez-nous que l'environnement est un sujet important."

"En comparaison de nos magasins, nos 300 sites de fabrication sont assez peu énergétivores"

Il faut croire que la démonstration a été efficace. Aujourd'hui, elle emmène une équipe de 12 personnes, directement rattachée à la direction générale et non plus à la direction financière. "Le changement est surtout visible au sein des maisons du groupe, où il y a désormais des responsables environnement qui, parfois, disposent de leur propre équipe", relève Sylvie Bénard. Certains, comme Sandrine Sommer, directrice développement durable et RSE chez Guerlain, font même partie du comité de direction de leur employeur. Désormais, l'estampille environnement s'est imprimée à tous les échelons : "Des directeurs de production ou des directeurs de supply chain prennent la question environnementale dans leur périmètre parce que leur métier a un impact environnemental fort."

"Sur la période 2013/2018, nous sommes à -16% d'émission de CO2 en valeur absolue, alors que le chiffre d'affaires a augmenté de plus de 50%"

Mais la meilleure des armées n'est rien sans plan d'attaque. LVMH s'est emparé de différents sujets au fur et à mesure de l'expansion du groupe. La consommation d'énergie a fait partie des premiers. Les 4 000 magasins, gourmands en éclairage, ont rapidement été identifiés comme les principaux responsables. "En comparaison, nos 300 sites de fabrication sont assez peu énergétivores", remarque Sylvie Bénard. LVMH a donc opté pour de nouveaux systèmes d'éclairage et engagé une réflexion globale sur l'écoconception de ses boutiques. "A condition d'intégrer l'environnement dès le début, le surcoût généré par le choix de matériaux plus chers à la construction est rentabilisé rapidement à l'exploitation", assure la directrice.

La preuve avec le centre logistique monde de Louis Vuitton, construit à Cergy en 2006, où les 7% de coûts supplémentaires ont été absorbés en deux ans. Autre levier, le digital. Si son impact environnemental n'est pas nul, rappelle Sylvie Bénard, il peut aussi permettre de consommer moins d'énergie, notamment en rendant dispensables certains déplacements. "Par ailleurs, rien qu'en codant différemment, il est possible de réduire drastiquement la consommation énergétique d'un site ou d'une application. Nos sites de e-commerce ont été audités par Greenspector et ont recueilli des notes de 25/100 à 88/100."

Avec les magasins, les produits, les matières premières et les émissions de CO2 constituent les quatre piliers du programme Life (LVMH Initiatives For the Environment). "L'objectif est de réduire les émissions de CO2 de 25% entre 2013 et 2020, rappelle Sylvie Bénard. Sur la période 2013/2018, nous sommes à -16% en valeur absolue, alors que le chiffre d'affaires a augmenté de plus de 50%." Le prix de la tonne de CO2 a par ailleurs doublé depuis la Cop 21, dont LVMH était partenaire : "Désormais, à chaque fois qu'une marque du groupe émet une tonne de CO2 dans les scopes 1 et 2, elle doit dépenser 30 euros dans des actions destinées à réduire la consommation d'énergie". Soit 12 millions d'euros par an.