France-Bruxelles : la relance des barrages hydroélectriques débute

France-Bruxelles : la relance des barrages hydroélectriques débute Près de 80% du parc hydroélectrique français échappent à la mise en concurrence grâce à un compromis entre l'Etat et la Commission européenne, qui ouvre la voie à un nouveau régime d'exploitation.

Après plus de vingt ans de discussions, la France et la Commission européenne se sont accordées sur l'avenir des concessions hydroélectriques. EDF et Engie pourront garder la gestion de la majorité de leurs ouvrages. Cet accord met fin à un long blocage qui freinait les investissements.

Un accord pour sortir du blocage

Depuis les années 2000, la Commission européenne demandait à la France de mettre en concurrence les concessions hydroélectriques arrivées à échéance. Paris s'y est toujours opposé, préférant confier ces barrages à des opérateurs publics, sans appel d'offres. Résultat : environ 150 concessions sont restées bloquées, parfois depuis plus de dix ans, selon Le Figaro.

Le compromis trouvé cet été prévoit un régime d'autorisation à la place d'appels d'offres pour les concessions jugées stratégiques. Cela concerne environ 80 % de la production hydroélectrique, notamment les ouvrages d'EDF et de la Compagnie nationale du Rhône (CNR). Le reste du parc sera mis en concurrence.

Ce régime d'autorisation impose des règles plus strictes aux exploitants : exigences environnementales, contrôle renforcé de l'État et transparence sur la gestion des installations. Une loi devrait être présentée à l'automne pour fixer les modalités précises.

Dans une interview relayée par Le Figaro, Agnès Pannier-Runacher, ministre de la Transition énergétique, a déclaré :" Nous avons réussi à trouver un équilibre entre la nécessité de préserver la spécificité du modèle hydroélectrique français et le respect du droit européen. "

Une reprise attendue des travaux

Pendant des années, les incertitudes sur le cadre juridique ont gelé les investissements. Les entreprises n'osaient pas engager de travaux sans garantie de conserver les concessions. Avec cet accord, les rénovations vont pouvoir reprendre, selon les conditions fixées par l'État.

Certaines installations sont vieillissantes, voire sous-exploitées. La remise à niveau des barrages est devenue urgente, notamment pour répondre aux critères environnementaux et adapter les équipements. Le gouvernement prévoit aussi d'impliquer les acteurs locaux dans la mise en œuvre.

Maxime Combes, membre de l'Observatoire des multinationales, cité dans Libération, estime que :" La mise en œuvre concrète sera décisive. On ne pourra juger de l'intérêt de ce compromis qu'à l'aune des investissements réellement engagés. "

Ce nouveau cadre ne bouleverse pas la répartition actuelle des concessions, mais il redonne de la visibilité aux exploitants, qui pourront planifier des travaux de modernisation. Le projet de loi attendu à l'automne précisera les prochaines étapes.