Le manque de recherche dans le monde arabe

La recherche est l'élément le plus important pour la prospérité nationale, mais le monde arabe en général a ignoré cet aspect depuis de nombreux siècles.

J'ai consacré plus de 23 ans à l'étude et la recherche.  A chaque étape, je continue à me sentir ignorant. Et c'est la volonté d'accéder à la connaissance qui m'incite à continuer mes travaux de recherche.
La recherche est une démarche très spécifique d'apprentissage.  Puisqu'il s'agit d'aller en profondeur dans un sujet. Et au gré de ses découvertes, la réflexion se trouve stimulée et d'autres pistes apparaissent. Au point de pouvoir remettre en cause ce que l'on pensait connaître à l'origine.
C'est ainsi que je suis toujours très modeste face à une bibliothèque, qui contient le fruit de nombreuses recherches académiques.

Dans la recherche, nous devons admettre certains faits, nous ne devrions pas suivre nos émotions ou nous laisser enfermer par notre environnement culturel.
Je me souviens que j'ai été amené à faire des études de cas sur la finance islamique, j'ai échoué à étudier cette matière parce que je n'ai pas su aborder les perspectives négatives. Et je n'ai pas été en mesure de formuler les critiques utiles. Lorsque l'on endosse la posture du chercheur il faut se départir de son approche personnelle en tant que croyant.
Pas besoin de viser une récompense ou un prix académique, le seul fait de poursuivre une réflexion sur la durée suffit généralement à satisfaire le chercheur. Sa contribution à la connaissance collective est souvent son principal moteur.
La description de ce que l'on ressent au cours de ce processus de recherche n'est pas aisé à transcrire. C'est un cheminement nourri de grandes satisfactions morales. D'autant plus que son travail pourra être repris, contesté ou poursuivi par les générations suivantes. Menant cette réflexion bien au-delà de la seule existence du chercheur.
Au cours de mes années d'observation en particulier dans mon pays après le "printemps arabe", j'ai réalisé que mes compatriotes auraient davantage besoin de lancer une révolution culturelle plutôt que de procéder à l'exclusion d'un président en le remplaçant par un régime théocratique.
Je suis sûr qu'avec une telle affirmation un lecteur de cette chronique peut penser que je suis un partisan de l'ancien régime. Ce n'est pas le cas.

Je ressens de la pitié pour le monde arabe, ce monde qui a accepté beaucoup de mensonges, et qui a construit nombre de condamnations sur des préjugés.
Je souhaite que la révolution culturelle soit prolongée, et que les gens commencent à rechercher la vérité, dans une démarche scientifique rigoureuse. Car c'est le seul moyen de dépasser les oppositions stériles et de surmonter les difficultés.
C'est aussi la seule façon de maintenir notre culture, et que la nation passe de la pauvreté actuelle à une certaine prospérité, de l'ignorance à la connaissance, de l'obscurité à la lumière. Pour une telle évolution, rien ne vaut la connaissance. Cette connaissance qui ne se satisfait pas de la simple lecture d'ouvrages importés.
Il faut opter plus que jamais pour une démarche de vérité, bien connue des chercheurs scientifiques qui mènent leurs travaux sans tabou ni a priori.

Une politique de recherche conduit à bâtir une tour très haute, à partir de laquelle on peut observer le monde alentour. Et ainsi enfin mieux comprendre son  environnement.  Et c'est fort de cette connaissance nouvelle que l'on pourra se doter d'un avenir éclairé. Au profit du plus grand nombre.