Politiques françaises mises en œuvre pour promouvoir les bénéfices sanitaires de l’activité physique ou sportive

L’activité physique ou sportive (APS) est un enjeu de société majeur de ces dernières années. Par le biais de son action sur la dépense énergétique, les bénéfices de cette activité ne sont plus à prouver.

La sédentarité concerne la moitié des citoyens européens, voire les deux tiers dans certaines études, et s’étend de plus en plus aux jeunes générations.
L’activité physique ou sportive (APS) est un enjeu de société majeur de ces dernières années. Par le biais de son action sur la dépense énergétique, les bénéfices de cette activité ne sont plus à prouver. Cependant la sédentarité concerne la moitié des citoyens européens, voire les deux tiers dans certaines études, et s’étend de plus en plus aux jeunes générations.Conscient de ces risques, la France a mis en place de nombreux plans depuis près de 20 ans et renforcé récemment ses politiques de prévention sanitaire en ce domaine. Ces programmes ont enclenché une prise de conscience de la part des décideurs, des acteurs de la santé et du sport, et de la population elle-même. 

Un des premiers plans de santé publique s’intéressant aux bienfaits de l’APS fut le Plan National Nutrition Santé (PNNS) créé en 2001. Ce plan adopté jusqu’en 2005 fut en grande partie fondé sur la nutrition et les comportements alimentaires. Les objectifs principaux étaient d’établir un socle de repères nutritionnels et de les promouvoir grâce à d’importantes campagnes de communication. Sur neuf objectifs, un seul concernait l’APS : son but était alors d’augmenter de 25% le nombre de personnes réalisant une activité équivalente à 30 minutes de marche rapide par jour.

Ces principaux objectifs furent intégrés dans le rapport annexé à la loi n° 2004-806 relative à la politique de santé publique du 9 août 2004. Deux ans plus tard, les états généraux de la prévention renforcèrent cette démarche. Le rapport « Stratégies Nouvelles de Prévention » proposait ainsi de promouvoir l’activité physique, en intégrant plus fortement les professionnels du monde éducatif et sportif dans les démarches préventives.

Cette même année, la campagne « manger-bouger » fut diffusée pour la première fois. Portée par le ministère de la santé, l’assurance maladie et l’Inpes, elle était basée sur les recommandations de 30 minutes quotidiennes de marche rapide. Elle avait pour objectif de mettre en évidence le caractère naturel de l’activité physique au quotidien et la facilité avec laquelle pouvaient s’intégrer cette pratique.

Un second PNNS a suivi pour une période de 5 ans (2006/2010), visant à renforcer les axes du premier. Durant cette phase, le message sanitaire « Pour votre santé, pratiquez une activité physique régulière » est devenu obligatoire dans les publicités et les principaux outils de communication.

En 2007, la définition du nouveau périmètre ministériel de la santé et des sports lance de nouvelles synergies. Elles se concrétisent sous la forme du rapport de la Commission « Prévention, sport, santé » dont les recommandations insistaient sur la nécessité de renforcer les liens entre les acteurs de terrain : le monde de l’éducation pour les actions concernant l’éducation à la santé et la diffusion des préconisations ; l’entreprise comme acteur nouveau d’une prévention au quotidien ; les acteurs du sport (clubs et associations) pour augmenter l’offre non compétitive à destination des populations ; les collectivités territoriales pour développer l’environnement urbain ou rural favorisant la dépense énergétique…

À la demande de la ministre de la Santé et des Sports, le Plan National de Prévention par les APS (PNAPS) a été rédigé dans le but de favoriser la pratique pour tous. Il recommandait notamment de : développer les transports actifs, faciliter les liens et l’accompagnement auprès des structures de proximité proposant des APS « sport-santé », mettre en place des campagnes de communication, élaborer des guides de bonnes pratiques pour l’évaluation et la prescription des APS à tous les âges, développer des protocoles de recherche et mettre en place des tests d’évaluation de la condition physique en population. En parallèle et pour permettre un appui scientifique fort sur les effets positifs de l’activité physique sur la santé, l’INSERM à la demande du ministère de la Jeunesse, des Sports et de la Vie Associative a réalisé en 2008 une importante expertise collective, revue de littérature complète sur l’activité physique, ses contextes et effets sur la santé.

Par ailleurs, du côté des vulnérabilités, la population française vieillit. Elle compte un nombre croissant de personnes de plus de 60 ans (20,7 % en 2006 et 24,5 % en 2012) et de centenaires (200 en 1950 et 20 452 en 2014). Conscient de ces effets, le plan « Bien Vieillir » a été mis en place entre 2007 et 2009, comportant 9 axes dont un sur la promotion de l’APS. Ses objectifs très ciblés avaient pour but la création d’un annuaire des associations proposant des activités spécifiques pour les sujets âgés, l’accompagnement des fédérations sportives pour renforcer leur offre à destination de ce public, la formation des professionnels et éducateurs sportifs et l’évaluation des aptitudes physiques des seniors. Le Haut Conseil de la santé publique a évalué ce plan en 2010 montrant qu’un an après la mise en place de sa dernière mesure, ses objectifs étaient réalisés à moitié. Verre à moitié plein ou à moitié vide, il continue néanmoins de se remplir petit à petit…

En décembre 2013, un rapport sur le dispositif d’activités physiques et sportives en direction des personnes âgées a été rédigé et remis à la Ministre des Sports et à la Ministre déléguée aux personnes âgées et à l’autonomie. Il a établi des recommandations pratiques pour l’ensemble des seniors (qu’ils n’aient pas de risque de santé, qu’ils soient fragiles ou qu’ils résident en établissement). Elles portaient sur :

  • la prise en charge d’une consultation préventive a visée d’évaluation de la condition physique dans le cadre des actes de prévention des complémentaires santé;
  • l’intégration par l’assurance maladie et les mutuelles des prescriptions et des pratiques d’APS pour les seniors en affection de longue durée avec pathologie pouvant conduire à la dépendance et ;
  • la mise en place de campagnes d’information à visée des seniors pour lutter contre leur haut degré de sédentarité.

Ces propositions devaient s’inscrire en 2014 dans la Stratégie Nationale de Santé afin de développer la place des APS dans l’éducation à la santé, de renforcer la formation des professionnels pour la mise en place de programme spécifiques de prévention et d’accroître la formation des professionnels de santé pour la prescription des activités.

 

L’obésité est un autre enjeu de société de grande importance actuellement. Elle est liée à l’évolution des modes de vie (abondance alimentaire, mauvaise qualité nutritionnelle et comportements sédentaires), à des facteurs environnementaux et économiques sur un fond de prédisposition biologiques, aggravés par de nombreux facteurs (médicamenteux, hormonaux…). Un « Plan obésité » a réuni entre 2010 et 2013 un ensemble coordonné de mesures et d’actions dont certaines étaient déjà inscrites dans d’autres initiatives préalables. Sur ses quatre axes, l’axe 2 concernait la mobilisation des partenaires de la prévention, les actions sur l’environnement et la promotion de l’activité physique.

Tenant compte de l’importance de ce sujet, le troisième PNNS 2011-2015 a lui aussi alloué un quart de ses objectifs au développement de l’APS et à la lutte contre la sédentarité. La mise en place de stratégies et d’actions dans ce domaine intègre les recommandations du PNAPS visant à : favoriser la mobilité active par l’aménagement des espaces publics (plan local d’urbanisme, voieries, plans d’aménagement du territoire...) et les plans de déplacement actif (écoles, universités, entreprises, institutions) ; développer l’offre partagée d’activités physiques ou sportives entre éducation nationale, associations, clubs sportifs et collectivités territoriales ; élargir l’offre des associations et des clubs vers une pratique d’APS non compétitive et adaptée ; améliorer l’attractivité des lieux publics facilitant la dépense énergétique (escaliers, réseaux urbains de zones partagées, parcs nationaux ou régionaux...) et intégrer l’APS en entreprise au titre de la prévention et des démarches de santé au travail.

S’inspirant également du PNAPS, l’académie nationale de médecine a appelé en 2012 à adopter de nouvelles dispositions réglementaires pour organiser la prise en charge du sport/santé par l’assurance-maladie, en association avec les mutuelles et les assurances privées. Très bien exposée dans les médias, l’initiative de la ville de Strasbourg a inscrit la prescription du sport sur ordonnance. Cette expérience pilote a mis en place un contrat local de santé avec l’ARS (agence régionale de santé), la préfecture du Bas-Rhin, le rectorat et le régime local d’assurance maladie d’Alsace-Moselle. Son objectif était de favoriser la pratique d’une APS régulière, modérée et adaptée à l’état de santé des malades chroniques dans une optique de réduction des inégalités sociales et territoriales de santé. Dans ce cadre, le projet REVE (REseau Vélo Express) mené par la capitale alsacienne a pour but de créer d’ici 2020 un réseau routier spécifique pour le vélo afin de rejoindre facilement le centre-ville depuis les quartiers et les communes périphériques à 20 kilomètres/heure environ.

Dernière disposition, un plan « Sport Santé Bien-être » a été mis en place sur la période 2013-2016, permettant de mobiliser l’ensemble des acteurs en s’appuyant d’avantage sur les dispositifs de proximité tels que les contrats locaux de santé. L’articulation avec les commissions de coordination des politiques de santé des ARS et les différentes instances existantes sera recherchée. Les fonds d’intervention régionaux pourront être mobilisés au profit des actions de ce plan.

Ainsi depuis 15 ans, la France prend conscience de l’importance de l’activité physique ou sportive comme facteur essentiel de la santé de ses concitoyens. Elle développe des conditions de plus en plus favorables à la pratique quotidienne au travers d’un ensemble complet de plans nationaux et de mesures locales laissant espérer que ces actions puissent réduire les conséquences néfastes de la sédentarité, toujours croissante.

Le think tank Sport et Citoyenneté relance le débat sur le "sport/santé" à l'occasion d'une conférence vendredi 5 décembre à 14 heures au Palais du Luxembourg (Paris).