La digitalisation du transport routier est en route

Secteur incontournable de l’économie - 99% des biens sont transportés par la route - le transport routier de marchandises est pourtant sous-efficient et peu optimisé.

Les chargeurs au quotidien ont du mal à trouver, sécuriser et piloter leurs flux de transport. A ce titre, le secteur recèle de nombreuses opportunités inexploitées et différents modèles ont vu le jour sur le marché. Avec plus ou moins de succès - et d’intérêt pour les chargeurs. Les chargeurs sont, en effet, aujourd’hui dans l’attente d’une solution globale qui pilote l’ensemble de la relation chargeurs-transporteurs en leur apportant fiabilité et transparence sur l’ensemble de la chaîne de transport. Mais ce n’est que le début. La preuve en est que 25% des camions roulent aujourd’hui à vide en Europe (sources : UE). Les chargeurs au quotidien ont ainsi du mal à trouver, sécuriser et piloter leurs flux de transport.

Un marché fragmenté
Cela s’explique par la fragmentation du marché en une multitude d’intermédiaires (organisateurs, commissionnaires et bourses de fret) qui sous-traitent aux PME de transport des lots faiblement rémunérés. Cette sous-traitance en cascade génère une forte opacité, pour les chargeurs, sur les prix pratiqués, sur l’identité des transporteurs mobilisés, et sur le suivi des opérations.A cela s'ajoute aujourd’hui une offre de transport structurellement plus faible que la demande en Europe. Elle s’explique par la pénurie de chauffeurs - il en manque notamment 20 000 en France - et les nombreuses faillites de transporteurs ces dernières années. Enfin, les PME de transport ont du mal à se positionner sur le marché des grands chargeurs car elles ne disposent ni des bons outils, ni des services commerciaux et marketing pour les aborder. De nombreuses start-up se sont en effet positionnées en tant que plateformes de mise en relation sur un modèle semblable à celui des plateformes VTC dans le transport de personnes. Une vision de transport à la demande alléchante pour des responsables logistiques fatigués de rechercher des capacités disponibles à travers l’épaisse “jungle” que constitue le marché du fret routier.

Ces plateformes souhaitent mettre à la disposition des chargeurs les capacités que les transporteurs auraient renseignées sur leur site internet. Elles trouvent bien des solutions de transport à leurs clients, mais en s’appuyant sur les grands acteurs du marché et donc, en entretenant les méthodes de sous-traitance en cascade traditionnelles. Ce faisant, elles apparaissent comme des intermédiaires supplémentaires. De plus, elles proposent des tarifs spot qui ne fidélisent pas leurs clients et ne peuvent que leur trouver des solutions occasionnelles; Certaines start-up positionnées sur ce créneau ont déjà dû fermer leurs portes (comme Palleter en Europe de l’Est), et d’autres, pour survivre, se sont vues obligées de pivoter vers d’autres modèles. 

La solution réside aujourd’hui dans un modèle optimisé, permettant de numériser chaque maillon opérationnel de la chaîne de transport. Grâce à un back office ouvert et collaboratif, chaque fonction de l’entreprise (commerce, service client, opérations, etc…) génère des données, tout en consommant celles des autres. Cela tend à supprimer les frictions entre les différents silos, et permet de bâtir des outils d’aide à la décision alimentés par des experts métiers dans chaque verticale. Ces outils collaboratifs se renforcent et s'affinent à chaque fois qu’on les utilise, via des boucles de rétrocontrôle. L’idée est d’obtenir une véritable “operating marketplace” dont la matière première est la donnée et capable d’auto-apprendre grâce au “machine learning”.

En faisant cela, il devient possible, à court et moyen terme, d’améliorer la performance globale des organisations transport des chargeurs en les fluidifiant et en les rendant plus transparentes. Plus le volume d’opérations de transport traité sera conséquent, plus ce modèle ouvrira de nouvelles possibilités de mutualisation des lignes. Ces optimisations de grande ampleur permettront d’améliorer significativement le taux de remplissage des véhicules avec, à la clef, des camions mieux remplis et moins nombreux sur les routes.