Dans quelle mesure les factures impayées ont-elles contribué à la crise économique mondiale ?
L'état actuel de l'économie mondiale résulte assurément d'une série d'événements complexes. Mais il convient de ne pas sous-estimer l'interdépendance de nos économies à l'échelle planétaire.
Aujourd'hui plus que jamais, la bonne santé économique d'une entreprise dépend de ses cash-flows et de la liberté avec laquelle l’argent entre et sort de la société. Or, les factures impayées menacent de rompre ce fragile équilibre et de déclencher un phénomène de réactions en chaîne lourd de conséquences pour les entreprises qui lui sont liées, et qui malheureusement ne mesurent pas toujours bien ce risque.Les entreprises se sont toujours servies des factures pour contrôler leurs rentrées et leurs sorties d'argent. Ainsi, toute modification des termes de facturation en période d'incertitude économique, telle que le remaniement d'un échéancier de paiement visant à améliorer un bilan en différant la sortie de liquidités, se répercute immédiatement sur les flux de trésorerie. De là, on peut imaginer le cas d'une entreprise qui doit de l'argent, rencontre des difficultés et peine à solder sa dette, provoquant ainsi une interruption du cycle d'exploitation. Le bon fonctionnement de l'économie dépend de la confiance de ses acteurs. Or, si le non-paiement de factures continue de saper cette confiance, le maintien à flot d'entreprises de toutes tailles risque de s'avérer plus difficile.
Aussi, dans le contexte d'instabilité financière actuel, la survie des entreprises dépend de leur capacité à gérer leurs flux de trésorerie de manière à limiter leur dépendance vis-à-vis du financement extérieur, à leur garantir un accès aux liquidités au gré de leurs besoins éventuels et à leur fournir un filet de sécurité en cas de non-paiement de factures. Dans la plupart des entreprises, une partie du fonds de roulement est « immobilisé » par les créances clients et la chaîne d’approvisionnement. Or, la disponibilité de liquidités circulant librement est indispensable, surtout dans un climat où la flexibilité et l'adaptabilité à l'évolution rapide des conditions de marché conditionnent la réussite ou l'échec d'une entreprise.
Les répercussions des factures non payées sont également symptomatiques de l'interdépendance accrue des systèmes financiers, au sein des entreprises et à l'échelle mondiale. Par l'effet de réseau qui en résulte, tout changement apporté à l'un de ces systèmes, directement ou indirectement, s'accompagne nécessairement de conséquences à plus grande échelle.
Selon l'édition 2011 du rapport annuel « Cost of Control - Fuzzy Finance », 71 % des directeurs et responsables financiers sondés à travers le monde s'inquiètent du fait qu'une dépendance accrue entre les différents systèmes financiers brouille la visibilité des flux de trésorerie. En outre, 48 % des dirigeants financiers estiment que les économies de coût constituent le principal défi auquel ils se trouvent confrontés, et ce chiffre devrait continuer à augmenter en 2012.
Le processus de gestion des flux de trésorerie nécessite que les services financiers observent de près chaque composante de l'entreprise et ses interactions avec les systèmes externes. En effet, 59 % des personnes interrogées pensent que certaines décisions visant à améliorer les opérations financières ont été prises dans leur société sans une bonne compréhension des conséquences engendrées sur la visibilité des flux de trésorerie.
Ainsi, comment les entreprises peuvent-elles améliorer la visibilité de leurs flux de trésorerie et se prémunir contre les conséquences des factures impayées ?
L'automatisation de certaines fonctions, telles que les comptes fournisseurs, les créances clients ou encore la facturation électronique, devient de plus en plus utile aux dirigeants financiers pour accéder en temps réel à des informations détaillées sur les flux de trésorerie de l'entreprise. Elle permet en outre de réguler les flux de trésorerie entrants et sortants de l'entreprise et de renforcer la confiance des acteurs financiers dans les prévisions relatives aux cash-flows.
Par ailleurs, l’adoption d'un système de facturation électronique et l’utilisation de réseaux d'entreprise à entreprise permettent aux sociétés de renforcer les liens qu’elles nouent avec leurs partenaires (clients et fournisseurs). Elles sont ainsi mieux placées pour faire face à l'opacité, voire une certaine myopie, des flux de trésorerie et peuvent émettre des prévisions à court terme plus précises concernant leurs cash-flows.
À terme, les factures non payées finissent par se répercuter sur l'économie mondiale. Il convient donc d'assurer une bonne visibilité sur les flux de trésorerie en période de croissance économique, et a fortiori en cas de dégradation de la conjoncture. Les entreprises doivent savoir ce qu’il se passe à l'intérieur et à l'extérieur de leurs murs, dans la mesure où les interdépendances qui caractérisent l'économie font qu'un catalyseur spécifique, notamment une facture impayée, peut avoir à lui seul de profondes répercussions. Toutefois, il n'est pas raisonnable pour une entreprise de limiter ses échanges aux sociétés qu'elle juge stables. Bien que les événements récents prouvent qu'aucune société n'est à l'abri de l'instabilité économique, il est possible de mettre en place un filet de sécurité en faisant de la visibilité des flux de trésorerie une priorité.
Il restera bien sûr des factures impayées, mais s'il y a bien une leçon à tirer de cette récession, c'est qu'en période de turbulences économiques, seuls les plus réactifs et les plus innovants tirent leur épingle du jeu.