Alain Clot (France FinTech) "La période actuelle est caractérisée par la facilitation de la circulation de la data"

Organisée par l'association France FinTech le 10 avril à Station F et en partenariat avec le JDN, l'édition 2018 de Fintech R:Evolution abordera la "Data Liberation" devant près d'un millier de participants.

JDN. Comment se porte le secteur de la fintech ?

Alaint Clot, président-fondateur de France Fintech. © Alain Clot

Alain Clot. Nous constatons un élargissement des clientèles ciblées. Auparavant, les fintech s'adressaient surtout aux particuliers alors qu'aujourd'hui elles se tournent également vers le marché des professionnels, entreprises de toutes tailles et investisseurs. Les fintech se sont aussi internationalisées. La plupart des acteurs qui ont une maturité suffisante sont partis à la conquête de plusieurs pays européens. Et les nouveaux se lancent directement dans plusieurs marchés grâce au passeport européen d'agrément (un dispositif qui permet de vendre des produits dans l'UE en étant agréé seulement par le régulateur de son pays d'origine, ndlr).

Autre tendance à noter : l'émergence de modèles spécialisés dans certains secteurs comme la gestion d'actifs, la gestion privée, la regtech, ces start-up qui facilitent le respect des réglementations. De fait, la réglementation est un gros sujet dans le secteur cette année. Nous travaillons sur plusieurs gros chantiers de cette nature, comme DSP2 (directive européenne sur les services de paiement, ndlr) pour lequel nous sommes dans la période de transposition nationale des standards techniques.

Par ailleurs, le climat est plutôt bon côté financement. Les fonds de capital-risque, plus précisément le late stage et le capital développement, investissent désormais significativement dans les fintech. On peut noter plusieurs belles levées de fonds à plusieurs dizaines de millions d'euros comme Ledger, Linxo, Lydia et Younited Credit. Cependant, les fonds d'amorçage sont encore peu développés. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle il importe que l'Etat réagisse rapidement pour compenser la perte de financement liée à la suppression  de l'ISF qui permettait des déductions pour ceux qui investissaient dans des jeunes pousses.

Pourquoi avoir choisi le thème "Data Liberation" pour le FinTech R:Evolution 2018 ?

La période actuelle est caractérisée par la facilitation de la circulation de la donnée. Entre la DSP2, qui ouvre les données de paiement, et le RGPD (Règlement général de protection des données personnelles, ndlr) avec son volet sur la portabilité, les informations deviennent de plus en plus ouvertes. De plus, les technologies comme l'intelligence artificielle, la blockchain et l'Internet des objets amplifient cette tendance. Les cas d'usage sont de plus en plus développés dans le domaine de la banque et l'assurance. Cependant, il ne faut pas oublier que la donnée est un actif sensible et qu'il faut protéger le consommateur, d'un point de vue de confidentialité et de ses droits. Nous évoquerons donc tous ces aspects lors des différentes tables rondes et conférences.

Qui sont les intervenants marquants de cette édition ?

Nous avons mis comme chaque année l'accent sur les attentes des acteurs de l'écosystème, ses centres d'intérêt, ses actualités, ses défis. Nous sommes heureux de réunir un plateau d'intervenants de classe internationale, y compris des "Français du monde", comme Luc Julia, l'un des pères de Siri qui vient d'être nommé à la tête du centre de recherche IA de Samsung qui sera prochainement implanté en France ou Aurélie Jean, scientifique numéricienne et entrepreneure, Arthur Breitman, fondateur de Tezos, David Gurlé, fondateur de la messagerie cryptée Symphony Communication. Nous avons aussi veillé à une bonne représentation d'entrepreneurs, de chercheurs, de parlementaires, de membres du gouvernement, de philosophes…

Nous sommes aussi très fiers qu'il y ait, comme les années précédentes, une part importante de femmes intervenant cette année, toutes spécialistes reconnues dans leur domaine. Par exemple, des députées comme Amélie de Montchalin ou Laure de La Raudière respectivement saisies des dossiers sur la réorientation de l'épargne des Français et la blockchain, ou encore Delphine Geny-Stephann, secrétaire d'Etat auprès du ministre de l'Economie et des Finances, en charge notamment du dossier DSP2, mais aussi des chercheuses ou entrepreneures.

Alain Clot est le président-fondateur de l'association France Finech depuis 2015.