Daneel combat les fake news dans la crypto

Daneel combat les fake news dans la crypto La start-up montpelliéraine a développé une plateforme de curation de contenus destinée aux particuliers et professionnels. Elle vient de signer un contrat avec BPCE.

"La Russie prévoit d'acheter l'équivalent de 10 milliards de dollars en bitcoin." Pendant plusieurs jours en janvier dernier, des dizaines de médias spécialisés ont relayé cette "breaking news" qui s'est finalement avérée… être un fake. Cette petite histoire n'est pas un cas isolé dans le marché naissant des crypto-monnaies, et plus généralement de la blockchain. Entre les sites douteux, les réseaux sociaux et les forums, de nombreuses fausses informations circulent tous les jours sur le secteur. Sans compter les contenus sponsorisés cachés. Pour mieux informer sur le sujet, un jeune Français a créé en 2017 Daneel, du nom du robot imaginé par l'écrivain de science-fiction Isaac Asimov.

"On élimine les fake news et on propose un flux simple, entre Flipboard et Bloomberg", résume Joseph Bedminster, CEO de la jeune société montpelliéraine. Concrètement, Daneel propose une application mobile à l'interface léchée qui agrège des contenus sur le secteur des crypto. Grâce à son intelligence artificielle basée sur la technologie d'IBM Watson, Daneel assigne un score basé sur la validité de la source à chaque information. Ses robots analysent plus de deux millions de données par jour.

Les robots de Daneel analysent plus de deux millions de données par jour.

L'application propose aussi le cours en temps réel des 20 premières crypto-monnaies, les tendances du jour sur les réseaux sociaux (Insights) et un chatbot capable de répondre à 400 questions simples comme "quel est le cours du bitcoin ?". Jusque-là gratuite, l'application vient de passer en freemium. Les utilisateurs pourront consulter gratuitement trois articles par jour, poser des questions au bot, consulter les cours mais pas accéder à l'option "Insights". Pour profiter pleinement de toutes les fonctionnalités, il faut désormais payer 5,99 euros par mois. Depuis le lancement de l'application en décembre 2018, Daneel compte 4 000 utilisateurs (non payants) répartis entre les Etats-Unis et la France. A noter que les contenus sont exclusivement en anglais car le fondateur considère qu'il n'y a "pas encore assez de contenus en français".

BPCE, premier client bancaire 

Le modèle BtoC ne sera pas la vache à lait de Daneel. La start-up mise beaucoup sur les professionnels (traders, fonds d'investissement, banques, exchanges…). Elle a conçu une offre spécialement destinée aux traders et les particuliers qui veulent plus de fonctionnalités. Disponible sur mobile et desktop, elle comprend de la curation de contenus, des alertes en cas de fake news, des alertes sur des sujets spécifiques ou des projets frauduleux et une newsletter. S'ajoute également un score de confiance ou de sentiment de marché, un indicateur sur ce que les gens pensent d'une valeur (via les réseaux scoiaux). "Le marché se prête bien à ce score car l'univers de la crypto est très émotionnel", estime le dirigeant. L'abonnement s'élève à 19,99 euros par mois et les 1 000 premiers abonnés premium bénéficieront d'une réduction de 50%.

"Le marché se prête bien au score de confiance car l'univers de la crypto est très émotionnel"

Daneel a également développé une offre pour les entreprises dans laquelle elle met à disposition plusieurs API ou widgets. Les abonnements sont compris entre 149 et 999 euros par mois, en fonction des fonctionnalités demandées. A ce jour, la jeune pousse a signé avec BPCE et est en discussion avec une autre banque française dont le nom n'est pas communiqué. La banque dirigée par Laurent Mignon s'en sert pour sa veille technologique. Deux exchanges ont aussi signé avec Daneel : Jarvis Exchange (basé en Bulgarie) et le Belge Bit4you. Un acteur français est aussi en discussion.

Pour conquérir plus de clients professionnels, Daneel peut s'appuyer sur les deux millions d'euros levés en ICO en janvier 2018 en seulement deux jours. Mais elle prévoit une nouvelle levée de fonds, traditionnelle cette fois, de 800 000 euros au premier semestre. "Ce tour de table nous permettra de perfectionner le modèle d'IA pour les fake news et faire la promotion du produit", précise Joseph Bedminster. La jeune société, qui compte six salariés, souhaite recruter des ingénieurs et data scientists et ouvrir un bureau à Paris.