Crowdfunding : Tudigo lève 2 millions d'euros pour financer les TPE-PME

Crowdfunding : Tudigo lève 2 millions d'euros pour financer les TPE-PME La plateforme de "dons contre dons" et d'investissement en capital prévoit de doubler sa communauté d'investisseurs et de recruter une dizaine de personnes en 2019.

Le crowdequity n'est pas mort. Même si les montants collectés par les plateformes spécialisées dans la prise de participation d'entreprise sous forme de capital ou de souscription d'obligations ont baissé ces deux dernières années dans l'Hexagone, certains acteurs résistent. C'est le cas du français Tudigo (ex-Bulb in Town), plateforme de crowdfunding qui permet aux TPE et PME de se financer via de l'equity ou du don avec contrepartie (service ou bien). La jeune société annonce une première levée de fonds de 2 millions d'euros auprès d'une dizaine d'investisseurs de sa propre plateforme, présélectionnés par ses soins. "C'était assez logique de se tourner vers nos membres, cela démontre que notre modèle fonctionne", se félicite Stéphane Vromman, cofondateur de Tudigo.

"L'avantage est que la levée de fonds s'est réalisée dans des conditions plus douces. On a des échanges plus équilibrés avec nos membres qu'avec un gros VC qui va être plus agressif et avoir besoin de rentabilité élevée", ajoute-t-il. La plateforme de crowdfunding Wiseed avait également sollicité ses membres en 2013 et avait récolté 1 million d'euros. Cette première levée de fonds arrive six ans après la création de la plateforme, fait rare dans le monde des start-up. "Nous avons préféré commencer par nous focaliser sur le modèle économique et nous assurer d'avoir une activité qui génère du chiffre d'affaires. Nous pensons qu'avoir trop d'argent trop vite a un côté anesthésiant", observe le cofondateur. La plateforme est rentable depuis 2015 mais ne communique pas son CA.

Tudigo vise une collecte de 20 millions d'euros en 2019

Ce premier tour de table va lui permettre d'accélérer le rythme de collecte. Depuis son lancement, elle a permis à 1 300 entreprises de récolter 17 millions d'euros, dont 9 millions en 2018. Elle vise les 20 millions d'euros en 2019 et le milliard d'euros d'ici cinq ans (vous avez bien lu). La majorité des projets financés viennent de l'alimentaire (épiceries, petits commerces, usines de production…) mais il est aussi possible d'investir dans l'agriculture, le sport ou encore la santé. Contrairement aux plateformes type Ulule et KissKissBankBank, les investisseurs ne présélectionnent pas un secteur mais un territoire avant de découvrir les projets de financement d'entreprise. "Nous sommes une plateforme de crowdfunding de proximité qui permet de contribuer à préserver ou créer de l'emploi au niveau local", expose le dirigeant. Par exemple, après avoir été placée en liquidation judiciaire, la biscuiterie Jeannette a pu récolter en deux mois 110 000 euros en dons grâce à plus de 2 000 contributeurs normands.

Un réseau de prescripteurs

Le taux de réussite des projets sur Tudigo s'élève à 76%. En cas de succès, la plateforme prélève environ 8% de commission, comme la majorité des plateformes de crowdfunding. Tudigo ne garde pas forcément la commission pour elle et peut la partager (au cas par cas) avec des prescripteurs que sont les Chambre de commerce et d'industrie (CCI), des experts-comptables ou encore des associations d'entrepreneurs. La plateforme a cependant une autre source de revenus : la formation. Elle parcourt la France pour expliquer les mécanismes du financement participatif. Il peut s'agir encore une fois des CCI, experts-comptables mais aussi d'entreprises. Elle forme par exemple les équipes de Biocoop en charge des franchises afin de sensibiliser les producteurs. Enfin, Tudigo s'allie à des grandes entreprises comme les caisses régionales de Crédit Agricole pour qu'elles abondent certains projets. KissKissBankBank fait de même avec son actionnaire La Banque Postale. Aujourd'hui, un tiers  des projets viennent des prescripteurs. La levée de fonds va d'ailleurs permettre de booster les partenariats. "Nous sommes en cours de signature avec des gros réseaux et grands groupes à l'échelon local et national", précise Stéphane Vromman.

Autre objectif qui découle de la levée de fonds : doubler la taille de la communauté d'investisseurs d'ici la fin de l'année, pour passer de 120 000 à 240 000. Et atteindre le million d'ici cinq ans. Pour ce faire, elle va multiplier les actions de marketing et de communication et recruter une dizaine de personnes cette année. Tudigo a également pour objectif de passer la barre des 10 000 entreprises financées dans cinq ans. Un chiffre ambitieux mais faisable d'après le dirigeant. "Nous avons une énorme marge de manœuvre grâce au large tissu de TPE et PME sur le territoire français." La start-up compte aussi beaucoup sur sa filiale Tudigo Energie, lancée en octobre dernier et qui a déjà permis de financer cinq projets d'énergie renouvelable.