Cryptomonnaies : la blockchain au service d'un euro digital

En décembre dernier, la Banque de France expliquait qu'elle n'était pas opposée à une monnaie digitale, à condition qu'elle soit émise par une institution. Le lancement de tests avait été évoqué. C'est désormais chose faite.

Il y a maintenant quatre mois, la France complétait son cadre réglementaire sur l’encadrement des cryptomonnaies. Il s’agissait de permettre officiellement aux PSAN d'obtenir un agrément ou un enregistrement auprès de l'Autorité des marchés financiers (AMF) pour leurs activités, renforçant notamment leur crédibilité et leur offrant la possibilité d’exercer leur droit aux comptes et ainsi être bancarisé en France.

"Transform or die"

Dans un environnement d’innovation fort, où un certain nombre d’initiatives privées ont déjà été lancées avec un impact hétérogène, et comme l’a démontré le projet Libra, les institutions bancaires se doivent de répondre aux demandes publiques et politiques qui s’amplifient, et ainsi d’être, elles aussi, innovantes et forces de proposition.

Dans son discours du 4 décembre, le gouverneur de la Banque de France expliquait que cette dernière n’était pas opposée au principe d’une monnaie digitale, à condition qu’elle soit émise par une institution. Il avait notamment évoqué le lancement de tests sur la création d’une monnaie digitale. C’est désormais chose faite : la Banque de France a lancé le 27 mars un appel à candidature pour expérimenter l’usage d’un euro digital émis par une banque centrale dans les règlements interbancaires.

Nous entendons de plus en plus parler des security tokens, utility tokens, des ICO, etc. De nature frileuses et préventives, les institutions se doivent d’évaluer les opportunités, les risques et les enjeux qui sont associés à ces nouveaux moyens de paiement. Et cela pas uniquement pour répondre aux enjeux et besoins de notre système bancaire et sociétale, mais aussi pour ne pas être dépassées, voir remplacées par une technologie.

L’objectif est de mobiliser les potentialités ouvertes par la technologie pour identifier des cas concrets d’intégration d’une monnaie digitale de banque centrale (MDBC) dans des procédures innovantes d’échange et de règlement d’actifs financiers tokénisés.

Blockchain : pourquoi notre banque centrale s’y met ? 

Avec la blockchain, présentée comme une révolution pour le secteur financier et aussi important qu’Internet l’a été pour nos moyens de communication, permet de transférer de la valeur (monnaie, votes, etc.) avec n’importe qui aussi rapidement, gratuitement et mondialement qu’Internet. Il est donc légitime que les institutions s’y intéressent, et c’est avec une grande fierté que la France soit et reste une nation précurseur sur ce sujet.

L’objectif de cet appel à candidature est d’identifier de quelle manière les technologies innovantes, comme la blockchain "pourraient améliorer l’efficacité et la fluidité des systèmes de paiement et des infrastructures financières." Pour rappel, la monnaie émise par une banque centrale constitue l’actif de règlement de référence (euro, dollar, etc.). Les candidats devront au moins répondre à l’un des cas d’usage suivant :

  • Le paiement en monnaie centrale contre livraison d’instruments financiers cotés ou non cotés ("Livraison contre paiement")
  • Le paiement en monnaie centrale contre monnaie digitale d’une autre banque centrale ("Paiement contre paiement")
  • Le paiement en monnaie centrale contre actifs numériques 

Une carte à jouer pour la sphère française

Dans un contexte de crise sanitaire et de ralentissement de la croissance, l’essoufflement de l’économie mondiale met un grand nombre d’acteurs sous pression. Si on ajoute à cela le poids de la réglementation pour le secteur financier, celui-ci doit trouver de nouveaux relais de croissance et d’économie. 

L’expérimentation proposée par la Banque de France permettrait d’identifier certaines initiatives technologiques et de les passer à l’échelle. La France a une carte à jouer, en tant que grande contributrice et nation pionnière aux réflexions européennes, et ainsi inscrire dans la durée, sa volonté d’évoluer.