Wirecard contrainte de suspendre ses activités au UK, des fintechs à l'arrêt

Wirecard contrainte de suspendre ses activités au UK, des fintechs à l'arrêt Le régulateur britannique a ordonné vendredi 26 juin à la filiale locale de la société allemande de cesser ses activités. Les fintech clientes doivent elles aussi interrompre leurs services. La France est peu concernée

Le pire scénario est arrivé. Wirecard Card Solutions (WCS), filiale britannique de la fintech allemande qui se trouve en plein scandale financier, doit cesser ses activités. Le gendarme financier britannique, la FCA (pour Financial Conduct Authority), a ordonné à l'entité UK "de ne pas disposer d'actifs ou de fonds, de ne pas exercer d'activités réglementées, de faire une déclaration sur son site web et de communiquer aux clients qu'elle n'est plus autorisée à exercer des activités réglementées", est-il indiqué sur son site Internet. "Notre objectif premier est de protéger les intérêts et l'argent des consommateurs qui utilisent les cartes bancaires électroniques (émises par WCS, ndlr). Après avoir appris la semaine dernière qu'il manquait 1,9 milliard d'euros sur les comptes de la société allemande Wirecard, nous avons immédiatement imposé des exigences aux activités de la société au Royaume-Uni."

WCS dispose actuellement d'une licence britannique lui permettant d'émettre de la monnaie électronique et de fournir des services de paiement, y compris l'émission de monnaie électronique sur des cartes prépayées. Jusqu'ici cette filiale n'était pas affectée par le scandale qui touche Wirecard AG, la maison-mère.

Cette décision affecte non seulement Wirecard Card Solutions mais également ses clientes fintech, qui doivent elles aussi cesser toute activité immédiatement. Le nombre de fintech impactées est inconnu mais plusieurs stars du secteur se retrouvent en mauvaise posture. En France, les clients d'Orange Bank ne sont plus en mesure de réaliser des paiements via Google Pay et Apple Pay. En revanche, les transactions par carte bancaire "classique" et toutes les autres opérations sont toujours possibles. La banque mobile a indiqué sur Twitter qu'elle comptait mettre prochainement fin à son partenariat avec Wirecard. 

Autre acteur français touché : Transcash. Créée en 2015, cette société conçoit et exploite des programmes de cartes bancaires prépayées, en partenariat avec Mastercard. Ses programmes sont distribués dans 40 000 tabacs en France, comme pour Nickel. 

Des acteurs étrangers présents en France utilisent à différents niveaux Wirecard.  C'est le cas du spécialiste du transfert d'argent Skrill, de Travelex ou encore de la start-up britannique Curve, qui propose une carte bancaire agrégatrice émise par Wirecard. Curve a envoyé un premier mail le vendredi 26 juin à ses 1,3 million d'utilisateurs pour leur indiquer qu'elle suspendait temporairement ses services. Puis un second mail, le dimanche 28 juin pour leur annoncer que sa carte sera de nouveau fonctionnelle le lundi 29. La start-up avait entamé il y a quelques mois une migration des services bancaires de Wirecard vers son propre système, développé en partenariat avec Mastercard. D'après le Financial Times, Curve avait prévu de terminer la migration ce week-end.  

Les autres fintech, qui n'avaient pas prévu de plan de migration, se retrouvent sans aucune solution. Pour continuer à opérer,  elles doivent soit développer leur propre système bancaire (ce qui prend du temps et coûte cher) comme Curve, soit changer de fournisseur mais encore une fois la note est salée et le changement long, comme nous l'indiquait des fintech françaises récemment. Les grosses fintech pourront certainement s'en sortir mais les petites risquent très gros.

Le japonais SoftBank, qui a investi 900 millions de dollars dans Wirecard en avril 2019, a de son côté l'intention de poursuivre le cabinet EY pour son rôle dans le scandale, d'après le magazine Der Spiegel.  L'affaire Wirecard compte enfin un volet politique. La Commission européenne a adressé un courrier au président de l'Autorité européenne de supervision des marchés financiers (ESMA) pour solliciter l'ouverture d'une enquête préliminaire. et requiert des résultats"au plus tard le 15 juillet", d'après une lettre que s'est procurée l'AFP