Le paiement libéré !

Dans un monde de plus en plus digitalisé depuis la crise, les consommateurs sont en quête permanente d'immédiateté et de fluidité. Le paiement, étape clef de l'acte d'achat, disparaît progressivement derrière l'expérience client.

Dans un monde de plus en plus digitalisé depuis la crise, où Waze détecte en temps réel le moindre bouchon, où l’on peut recevoir une commande dans la journée et où nos repas sont livrés en moins de 20 minutes, les consommateurs sont en quête permanente d’immédiateté. 

Ainsi, selon une étude du cabinet Deloitte, 40% des Français déclarent avoir déjà abandonné un achat en ligne afin d’éviter de remplir leurs coordonnées bancaires et 85% d’entre eux reconnaissent avoir déjà renoncé à un achat en magasin en raison d’une file d’attente trop longue.

Pour éviter de perdre ces clients potentiels, de nouveaux modes de paiement ont émergé permettant d’offrir une expérience utilisateur "sans couture". Ce paiement invisible, démocratisé par des acteurs comme Uber, s’étend maintenant aux distributeurs notamment Monoprix dont l’application supprime le passage en caisse en permettant au client de scanner ses produits lui-même. Concrètement, l’instantanéité et le selfcare (autonomie des clients) a remplacé la file d’attente.

Les commerçants et e-commerçants ont bien compris les nouveaux enjeux liés au paiement. Ils sont de plus en plus nombreux à se doter de nouvelles solutions pour faciliter l’achat : paiement en 3, 4, ou 10 fois, paiement différé ou location longue durée : depuis quelques années, les nouvelles solutions de financement rencontrent un véritable succès que ces derniers mois ont confirmé. Selon un récent sondage Opinion Way, un quart des Français utilisent le paiement en plusieurs fois. Ces utilisateurs sont 77% à envisager de l’utiliser de nouveau dans les prochains mois et 78% d’entre eux seraient même prêts à changer d’enseigne pour en bénéficier.

Sous l’impulsion du digital et surtout de l’utilisation massive du smartphone, le moment du paiement tend à devenir transparent. Attendre pour régler au restaurant, devoir retirer du cash, ne pas trouver sa carte bancaire : autant de petites frustrations quotidiennes qui sont en passe de disparaître. Cette étude révèle aussi que 38% des Français ont déjà payé par application, par mobile ou par objet connecté. Une révolution que l’on doit notamment aux fintech qui utilisent les nouvelles technologies pour construire des solutions adaptées à l’évolution des usages : paiement partagé, paiement instantané, cagnottes, etc.

Lydia est l’illustration parfaite de ce phénomène. L’application propose un moyen de paiement universel permettant de payer à la fois son croissant à la boulangerie, de rembourser ses amis instantanément ou de payer une baby-sitter. Elle compte aujourd’hui plus de 3 millions d’utilisateurs à tel point que l’expression "je te fais un Lydia" est entrée dans le langage courant. 

L’essor du paiement sans contact, et le développement du paiement mobile, encouragés par le contexte sanitaire, traduisent aussi un réel intérêt pour les nouveaux modes de paiement. Avant la crise, 57% des Français considéraient que le paiement sans contact par smartphone serait le moyen de paiement le plus courant en magasin d’ici 5 ans et depuis la crise, les paiements sans contact explosent, dopés par le nouveau plafond à 50 euros.  Ce mode de paiement est véritablement entré dans les usages et à même créé une certaine forme de connivence entre commerçant et client au moment où le client répond fièrement "oui" à la question du marchand, "sans contact ?".

Ce paiement libéré n’est pas que synonyme de fluidité, il favorise aussi l’émergence de nouveaux services ultra personnalisés qui s’appuient sur la masse unique de données générée. Aujourd’hui, les données de paiement sont, avec celles de la géolocalisation et de la navigation sur Internet, celles qui ont le plus de valeur car elles permettent d’améliorer en profondeur la (re)connaissance client.

Pour les marques, c’est l’opportunité de s’inscrire dans la vie des consommateurs à travers des recommandations personnalisées. C’est déjà le cas du groupe Casino qui, avec son application Casino Max, donne au client un accès à des facilités de paiement in app et permet aux enseignes du groupe de proposer des promotions au moment le plus opportun, en fonction du profil de chaque client.

Dans le secteur bancaire, les entreprises capables d’analyser ces nouvelles données peuvent désormais proposer des services à haute-valeur ajoutée à leurs clients, par exemple les aider à prendre des décisions en matière d’investissement, d’emprunt ou de dépense. Elles peuvent évaluer la capacité de remboursement grâce à un calcul plus performant du risque. Cela veut dire un plus large accès au crédit, y compris pour les indépendants et autoentrepreneurs, une gestion optimisée du budget et une consommation facilitée au quotidien. En se digitalisant, le paiement est devenu synonyme de fluidité mais aussi d’opportunité.