Bruxelles : un battement d'aile de papillon à gros impact pour la fintech

Une nouvelle réglementation européenne, qui permet aux banques de ne plus déduire de leurs capitaux propres les investissements en logiciels, pourrait bénéficier aux fintech.

Ils l'ont qualifié de "quick fix". Les députés européens, le 19 juin dernier, ont adopté un nouveau paquet réglementaire pour aider les banques à dégager encore plus de cash au service de la reprise. Désormais, il leur est possible de ne plus déduire de leurs fonds propres les investissements en logiciels. 

Une décision qui pourrait avoir un impact majeur pour les banques… et pour la fintech

On rembobine le film. Aujourd’hui, les investissements en logiciels d’une banque, même s’ils ont un impact métier énorme, sont considérés comme du "goodwill". Comptablement, cela veut dire qu’ils s’ajoutent au passif de la banque mais qu’ils sont déduits de ses fonds propres, quand bien même auraient-ils été financés par du capital propre ou une ligne de crédit. Chaque euro investit par la banque dégrade donc mécaniquement son ratio de solvabilité. Pour le maintenir à niveau et garder le même pouvoir de prêt, la banque doit recapitaliser d’autant.

Une nouvelle réglementation qui donne de l’air aux banques

Demain, ce système prendra fin : les banques n’auront plus à déduire de leurs capitaux propres ces investissements. Elles pourront par ailleurs les amortir sur une durée fixée par l’Autorité Bancaire Européenne (EBA), vraisemblablement de deux ans. Ce qui signifie deux choses : la possibilité de dégager du cash immédiatement grâce à l’amortissement comptable des logiciels, et la fin du double prix à l’investissement tech. Ce sont deux opportunités majeures pour les banques.

D’une part, parce que les sommes libérées sont conséquentes : les analystes de Citigroup parlent de 44 millions d’euros de capital récupérés en 2021 pour un investissement de 100 millions en 2019. Soit, mis bout à bout, des milliards qui pourront tout de suite servir à la relance des entreprises face à la crise économique. D’autre part, parce qu’un frein majeur à la digitalisation des banques est désormais levé, alors qu’il est encore commun d’y trouver des systèmes d’information datés de plus de 20 ans en interne.

Un impact potentiel insoupçonné pour la fintech

Mais cela va plus loin. La modernisation des outils et des offres des banques passe désormais bien souvent par le rachat de start-up fintech fortement innovantes, qui s’appuient sur des technologies propriétaires.

Or, si la logique de cette mesure est menée à son bout, une entreprise innovante valorisant correctement sa technologie pourrait passer (au moins en grande partie) pour un investissement soumis à ce régime. De quoi donner un nouveau souffle aux coopérations entre tech et banques en réduisant drastiquement le coup de l’investissement dans des fintech !