Paiement BtoB : Libeo lève 20 millions d'euros

Paiement BtoB : Libeo lève 20 millions d'euros Cette start-up créée en 2019 permet aux TPE et PME de payer une facture à la manière de Lydia dans le BtoC. En 2020, 100 millions d'euros de paiement ont été réalisés sur sa plateforme.

"Je vous fais un Libeo". C'est l'expression, en référence à "Je te fais un Lydia", que Pierre Dutaret souhaiterait entendre dans toutes les TPE et PME françaises lors du règlement d'une facture. Pour y parvenir, le jeune CEO et cofondateur compte sur sa nouvelle levée de fonds de 20 millions d'euros menée par les partners de DST Global aux côtés de Serena, de business angels et de ses investisseurs historiques Breega et LocalGlobe. Au total, la start-up a levé 26 millions d'euros depuis sa création en 2019 et n'a même pas touché à sa dernière levée de 4 millions d'euros en avril 2020. Difficile de résister à DST Global, l'un des plus gros VC tech de la planète. "On a eu un gros feeling. Ils sont très forts", se justifie Pierre Dutaret.

Lancée fin 2019, Libeo propose un outil de règlement de factures simple. Concrètement, la fintech permet de dématérialiser instantanément des factures fournisseurs, centraliser le tout dans une plateforme, régler en un clic en indiquant l'email du destinataire (pas besoin d'IBAN) et suivre en temps réel sa trésorerie. Si le fournisseur a Libeo, il paie directement dans la plateforme, sinon il reçoit un lien de paiement. Exactement comme pour Lydia. D'ailleurs, Libeo compte sur un effet viral similaire à celui que connait la solution de paiement entre particuliers pour accroître sa base de clients. A ce jour, la start-up ne communique pas sur le nombre de clients mais assure que 35 000 entreprises ont déjà utilisé Libeo. Principalement des "grosses TPE et petites PME. Et beaucoup de franchisés", nous indique le dirigeant.

"Nous voulons que le payeur règle comme il le souhaite. Par carte bancaire avec débit différé ou via Slack par exemple"

 

En plus de l'effet réseau de la plateforme, Libeo compte sur la publicité en ligne et des partenariats, comme celui récemment signé avec Quickbooks, géant de la comptabilité pour petites entreprises. Concrètement, les clients de Quickbooks verront prochainement apparaître un petit bouton Libeo Pay dans leur interface, qui leur permettra de régler directement leurs factures. Ce type de partenariat est crucial pour une entreprise comme Libeo puisque le marché est encore très jeune et le chemin encore long pour convaincre les entreprises de changer de solution de paiement BtoB, même simple d'utilisation et peu onéreuse. Ses abonnements sont facturés entre 25 et 175 euros par mois. Un montant auquel il faut ajouter 50 centimes par transaction si le pack de paiement mensuel est épuisé (par exemple, au-delà de 50 transactions pour la formule intermédiaire). Les versions les plus onéreuses contiennent des fonctionnalités de reporting ou encore de visualisation financière analytique. Il existe également une formule basique mais une commission de 90 centimes est prélevée au-delà de 5 paiements par mois. 

Accélération avec le Covid-19

La levée de fonds va permettre à la start-up de simplifier encore plus sa plateforme, développer des API pour s'intégrer au mieux à des partenaires, et aussi lancer de nouvelles fonctionnalités. "Nous voulons faire en sorte que le payeur puisse régler comme il le souhaite. Par sa carte bancaire avec débit différé ou via Slack par exemple", illustre Pierre Dutaret. Pour mener tous ces chantiers, la fintech compte tripler ses effectifs (ils sont 40 aujourd'hui). Si elle ne communique pas sur ses revenus, elle assure enregistrer une croissance mensuelle à deux chiffres, boostée par la crise liée au Covid-19.

"A l'annonce du confinement, nous avons connu un arrêt brutal de l'activité, qui a duré un mois. Puis petit à petit les volumes ont repris et le nombre d'inscriptions a explosé à la fin du confinement. Beaucoup d'entrepreneurs étaient confinés chez eux et n'avaient pas accès à toutes leurs données, même parfois à leurs comptes bancaires", raconte le CEO, qui indique avoir processé 100 millions d'euros de paiement sur sa plateforme en 2020. Une goutte d'eau dans l'océan du paiement entre entreprise, dont le volume s'élève à 100 milliards de dollars annuels dans le monde, d'après Bank of America-Merrill Lynch.