Les cryptomonnaies sont-elles écologiques ?

Toutes les cryptomonnaies ne fonctionnent pas de la même manière et ne se valent pas. Voici les différentes alternatives proposées aujourd'hui afin d'améliorer l'empreinte carbone des cryptomonnaies.

Nous pouvons lire de nombreux articles aujourd’hui expliquant pourquoi les cryptomonnaies sont un véritable désastre écologique. Dans quelle mesure les cryptomonnaies pourraient-elles devenir plus écologiques ? Les cryptomonnaies sont issues d’un système de minage particulier, rendant leur production très énergivore. Par la nature de ce minage, il semble très difficile de déterminer si les cryptomonnaies sont plus écologiques que les monnaies traditionnelles fiduciaires. Cependant, au lieu de simplement répondre à cette problématique de manière négative, nous allons voir ensemble leur impact écologique général. 

Les cryptomonnaies polluent à plusieurs niveaux

Le système de minage demande énormément d’énergie : 

La plupart des cryptomonnaies sont produites grâce au système qu’on appelle minage. Pour faire simple, le minage consiste à valider un ensemble de transactions de données, en échange d’une forme de récompense. Cette validation se fait en cryptant les données. Pour utiliser les cryptomonnaies, vous n’avez pas besoin de miner les cryptomonnaies vous-même : c’est le rôle des mineurs.  

Le processus de minage consomme beaucoup d’énergie : 

  • Le minage nécessite l’utilisation de machines puissantes afin d'effectuer et valider les transactions de données. Ces machines sont appelées elles-mêmes mineurs et consomment énormément d'électricité afin d’effectuer ces opérations complexes. 
  • Le minage nécessite la mobilisation de nombreux mineurs différents, ce qui multiplie la consommation d'électricité
  • Le plus il y a de bitcoins, le plus le processus est lent et demande le travail des mineurs

Si l’on prend en compte l’ensemble du processus de création et d’échange du bitcoin, Il semblerait que la production d’un seul token bitcoin utiliserait la même quantité d’énergie que 778,988 transactions bancaires, et auraient la même empreinte carbone que 1,218,903 transactions bancaires. Ces chiffres sont assez monstrueux et démontrent à quel point les bitcoins posent un réel enjeu écologique. Le minage de bitcoin pollue aussi de manière indépendante à ce système de minage, mais proportionnellement au prix du bitcoin : plus le prix du bitcoin augmente, plus il pollue. 

Le bitcoin par exemple, a consommé 143 TWh en 2021, ce qui représente plus que la quantité d’énergie utilisée par les Pays-Bas (111 TWh), et presque la même que celle des Émirats Arabes-Unis (120 TWh) ou encore la Norvège (124 TWh).  

- Les crypto monnaies sont responsables d’une grande part des émission de gaz à effets de serre :  

L'électricité produite pour alimenter les bitcoins provient en majeure partie de la combustion du charbon. La plupart du minage du charbon et du bitcoin a lieu en Chine, pays très dépendant du charbon de manière générale. Le problème est que la combustion du charbon constituerait 40% des gazs à effet de serre au niveau mondial. Ce mode de production d'électricité à une empreinte carbone élevée. D’ailleurs, la Chine à justement récemment connu des pannes de courant importantes face à la pénurie de charbon à l'œuvre, et cela à eu un impact direct sur le cours du bitcoin.

Même si l’électricité utilisée pour le fonctionnement du bitcoin provenait d’énergie renouvelable, cela ne réglerait pas le problème de la trop grande consommation d’énergie du bitcoin. Certaines méthodes de production de crypto-monnaies sont moins gourmandes en énergie heureusement ; nous verrons un exemple plus tard. 

Initiatives de réduction de l’impact écologique des cryptomonnaies : les nouveaux accords climatiques  

En réponse à l’impact écologique des cryptomonnaies, une fondation visant à réguler l'empreinte carbone des cryptomonnaies a été créée à Zurich en avril 2021. Cette fondation a créé des accords (the Crypto Climate Accord) visant une empreinte carbone nulle des cryptomonnaies en 2040. L'initiative mérite d’être saluée, mais soulève d’autres questions.  

Un des problèmes qui se pose tout d’abord, est que les cryptomonnaies sont basées sur le principe de fongibilité. La fongibilité est le fait qu’un bien puisse être interchangeable par un autre bien de la même nature. Les cryptomonnaies sont également fongibles, bien qu'elles soient uniques (contrairement aux NFT par exemple).  

Afin de garder la fongibilité des bitcoins, les accords déclarent cependant qu’il ne faudrait pas créer une véritable catégorisation de bitcoin écologique et non écologique. De ce fait, on ne pourrait pas identifier si le bitcoin utilisé est écologique ou non. 

Ce n’est pas simplement la production des cryptomonnaies qui est polluante, mais son utilisation. Le travail des mineurs se fait de manière collective, et bien que la création originelle du bitcoin soit plus écologique, ses transactions futures ne seront pas contrôlées. Les cryptomonnaies dites “vertes” seront souillées immédiatement par leur utilisation, ce qui annulerait tous les efforts mobilisés.  

L’impact de ces CCA est donc plutôt négligeable pour l’instant, et l’on doute un peu des réelles intentions de ces accords. La volonté de maintenir la fongibilité met la puce à l’oreille sur l’intégrité de cette fondation. Ces accords semblent plus être plutôt du greenwashing qu’autre chose. La récence de ces accords nous demande cependant à être indulgent et à au moins reconnaître sa nature aspirationnelle pour de futures améliorations.   

Ya-t-il des cryptomonnaies plus écologiques que d’autres ? 

La technique du proof of work vs proof of stake 

Une raison pour laquelle les cryptomonnaies polluent beaucoup est à cause du concept de `proof of work`(preuve de travail). Ce système est utilisé par le bitcoin ; ces preuves permettent de valider les données issues de la blockchain. Le problème est que cette validation met environ 10 minutes par transaction.  

Heureusement, il existe d'autres manières de créer des cryptomonnaies. Le proof of stake est un concurrent sérieux du proof of work : c’est ce modèle qu’ Ethereum a déclaré qu’il adopterait bientôt. Ethereum étant la deuxième crypto monnaie la plus utilisée, cela aura un impact écologique bénéfique non négligeable.  

Le proof of stake fonctionne différemment que le proof of work. Il ne nécessite pas la résolution d’équations complexes pour lesquelles les mineurs sont récompensés en bloc. Par conséquent, il y a beaucoup moins d’énergie à mobiliser afin d’effectuer des transactions. 

Cette technique permet de réaliser des transactions en moins de 15 secondes. Cette différence fait que les cryptomonnaies utilisant le système proof of stake polluent beaucoup moins que le bitcoin. Il existe d’autres cryptomonnaies prenant encore moins de temps que l’Ethereum, tel que Dash par exemple, qui prendrait seulement quelques secondes.  

On ne peut néanmoins pas déclarer qu’une crypto monnaie est réellement plus écologique qu’une autre. La raison principale pour laquelle le bitcoin met autant de temps à faire valider ses transactions et due à la grande quantité de transactions ayant lieu dans le monde. Si d’autres crypto monnaies (utilisant aussi le proof of work) avaient le même niveau de réputation, elles pollueraient à la même échelle que le bitcoin.  

Pour conclure :  

Aujourd’hui les cryptomonnaies sont une source de pollution immense, bien que ce soit des objets entièrement numériques. Certaines méthodes permettent d’atténuer leur empreinte carbone, mais pour l’instant aucune n’y arrive de manière significative. Les CCA sont un premier pas vers une meilleure régulation écologique des cryptomonnaies, mais il en reste bien d’autres avant de pouvoir considérer les cryptomonnaies comme réellement écologiques.