Finance, paiement, consommation responsables : les Français de plus en plus sensibles au sens donné à leur argent

L'urgence climatique amène l'ensemble des secteurs à accompagner la transition écologique. Et le triptyque épargne-paiement-consommation n'échappe pas à cette révolution verte.

Il est bien connu qu’en France, on aime épargner – la Banque de France estimait ainsi dans un rapport publié en septembre 2021 que le surplus d’épargne accumulé par les Français depuis le début de la pandémie au premier trimestre 2020 s’élevait à 157 milliards d’euros. Près de la moitié des Françaises et Français sont de plus en plus sensibles à l’orientation donnée à cette épargne, d’après une étude menée par OpinionWay sur le sujet en juillet 2021, en donnant par exemple la priorité aux énergies renouvelables ou aux modes de production locaux. De fait, l’investissement responsable connaît un succès indéniable avec plus de 200 milliards d’euros d’actifs gérés en France et en Europe, selon une étude Ifop pour le Forum pour l’Investissement Responsable de 2020, alors qu’il ne représentait que 3,5 milliards en France il y a 15 ans, comme le relevait déjà une étude menée par Novethic en 2005. Au-delà de l’épargne, la consommation et le secteur du paiement évoluent également vers cette tendance plus durable et responsable.

Si plusieurs entreprises du secteur du paiement se positionnent désormais sur un mode de fabrication des cartes de paiement plus respectueux de la nature (matériaux recyclés ou biodégradables), d’autres initiatives en France visent à valoriser l’acte de paiement lui-même comme une action positive – et à impact – en faveur de la protection de l’environnement. Des utilisateurs proposent ainsi par exemple une remise en argent (« cashback ») en faveur de projets à impact. À chaque paiement, une partie de la somme dépensée est ainsi remboursée dans la cagnotte de dons du titulaire de la carte, qui peut ensuite la reverser à une association partenaire de son choix. De quoi permettre au consommateur d’utiliser sa carte dans une démarche active et sociétale, tout en conservant le bénéfice de la sécurité, la simplicité et l’innovation offertes par un réseau de paiement. Un réseau devant leur servir à consommer, là aussi de manière plus responsable.

Les consommateurs s’inquiètent en effet de concilier des achats effectués en toute sécurité tout en se souciant de leur impact sur l'environnement, et ce alors que les achats en ligne ont augmenté pendant la pandémie, avec des conséquences en matière de transport, de logistique et d'emballage. Selon le rapport Nielsen sur la consommation responsable de 2019, une majorité des consommateurs à travers le monde (73 %) déclarent déjà qu'ils changeraient certainement ou probablement leurs habitudes de consommation pour réduire leur impact sur l'environnement. C’est dans ce cadre que les acteurs du commerce, en particulier en ligne, doivent donc s'efforcer de réduire la charge que leurs activités font peser sur l'environnement : par exemple en ayant recours à des véhicules de livraison électriques ou en optimisant leur logistique, ou encore en utilisant des matériaux d'emballage recyclés.

Il existe aujourd’hui une multitude d’initiatives et de pratiques qui proposent de donner du sens à l’épargne, au paiement et la consommation des Françaises et Français, sensibilisés aux enjeux sociétaux environnementaux. Cependant, malgré l’intérêt croissant suscité, la finance, le paiement et la consommation responsables et ses déclinaisons doivent encore gagner en partie leur confiance. En l’absence de définition uniformisée de ce qui rentre ou ne rentre pas dans le champ de la finance responsable, les épargnants-consommateurs restent souvent sceptiques face à la multitude d’initiatives qui ne remplissent pas leur rôle. L’enjeu est pourtant considérable : rendre disponibles et lisibles les solutions financières et d’achat responsables et durables au plus grand nombre.

Les acteurs du secteur des paiements ou du secteur financier devraient ainsi s’attacher à rassurer les consommateurs. D’une part sur le fait que leurs paiements peuvent avoir un impact positif concret, mesurable et choisi à l’avance. D’autre part, pour les épargnants avertis ou non, sur le fait que leurs investissements dans des projets ayant un impact environnemental positif peuvent avoir une performance semblable à celle d’autres produits financiers actuellement disponibles.